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La politique du gouvernement thaïlandais assimilée à une "vague liste de souhaits"

Le discours de politique générale prononcé lundi par le Premier ministre thaïlandais Srettha Thavisin a été qualifié de "vague" et dépouillé des promesses électorales les plus audacieuses de son parti.

Srettha Thavisin gouvernement thailandeSrettha Thavisin gouvernement thailande
Le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, a prononcé lundi 11 septembre son discours de politique générale devant le Parlement. Photo Shutterstock
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 12 septembre 2023

Le Premier ministre thaïlandais, Srettha Thavisin, qui assure aussi la fonction de ministre des Finances, a prononcé lundi 11 septembre son discours de politique générale devant le Parlement.

Alors que les prévisions de croissance économique pour 2023 ont été revues à la baisse ce mois-ci à 2,8 % -contre 3,6 % précédemment- dans un contexte de ralentissement mondial, l'attention du nouveau gouvernement se porte clairement sur les conditions de la relance.

Pour stimuler la reprise économique, l'administration Thavisin prévoit notamment de distribuer des aides à la consommation, soulager les ménages et entreprises les plus surendettés, réduire les prix de l'énergie ou encore stimuler le tourisme en assouplissant les conditions d’obtention de visas.

Parmi les mesures phare figure une allocation de 10.000 bahts (environ 260 euros) distribuée via un porte-monnaie numérique à tous les Thaïlandais de plus de 16 ans pour être dépensée dans un rayon de 4 kilomètres autour du domicile déclaré.

"Nous allons injecter des capitaux dans toutes les strates de l'économie, pour générer des dépenses, améliorer la vie de chacun et créer des opportunités pour les entreprises et pour l'emploi", a déclaré Srettha Thavisin.

"Une vague liste de souhaits"

Mais le principal parti d'opposition, Move Forward, qui a remporté les élections avant de se heurter à une levée de boucliers de la part des parlementaires au moment de former un gouvernement, a vertement critiqué la politique de son ancien allié, soulignant un manque de substance et de direction.

La députée Sirikanya Tansakul, du Move Forward, était la première à prendre la parole à l’issue du discours de politique générale, entamant le débat qui doit se conclure mardi soir.

"Cela ne pointe nulle part. Il n'y a pas d'objectifs clairs, pas de calendrier ni de budget", a-t-elle déclaré. "La déclaration de politique générale doit contenir des détails... elle ne doit pas se réduire à une vague liste de souhaits."

La députée progressiste a souligné que "seules des promesses concrètes et tangibles permettraient de pouvoir jauger les responsabilités du gouvernement envers le peuple".

"Contrôler et assurer le suivi de ce qui a été promis est un principe démocratique important", a-t-elle dit.

"Où sont les grandes promesses électorales ?"

Pour sa part, le député Jurin Laksanawisit, ancien ministre du Commerce et actuel leader du Parti démocrate, a remarqué l’absence criante de plusieurs promesses retentissantes lancées durant la campagne électorale.

"Vous aviez promis un salaire minimum de 25.000 bahts aux nouveaux diplômés, mais cela n'est pas mentionné", a-t-il dit, évoquant également la promesse faite aux ménages les plus pauvres d’un plan d’aides pour leur permettre d’atteindre les 20.000 bahts de revenus mensuels, ainsi qu’une augmentation spectaculaire du smic à 600 bahts par jour.

Les deux députés ont également noté que la politique générale de Srettha Thavisin n’indiquait pas les sources de financement, notamment pour le fameux porte-monnaie digital de 10.000 bahts dont le coût est estimé à 560 milliards de bahts (14,70 milliards d’euros).

Sirikanya Tansakul a demandé à cet égard si le magnat de l’immobilier devenu Premier ministre avait l'intention de "commencer à gouverner en détruisant la discipline budgétaire".

Candidat pour le Pheu Thai, parti d’opposition arrivé deuxième aux élections législatives de mai, Srettha Thavisin a été élu Premier ministre lors d'un vote parlementaire après avoir formé une coalition comprenant des partis issus du gouvernement sortant, dont certains soutenus par l’establishment militaro-royaliste ayant évincé ses prédécesseurs par des coup d’Etats.

Plusieurs analystes doutent de la capacité du Premier ministre à mener une politique claire et cohérente avec une coalition gouvernementale rassemblant 11 partis aux tendances très diverses.

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