La Thaïlande présente un plan aux États-Unis pour éviter une envolée des droits de douane. Cinq chapitres pour développer son économie et protéger ceux qui la font vivre.


Même si les choses se tassent peu à peu, le monde entier tremble devant le grand dérapage trumpiste en matière d’échanges commerciaux internationaux et de droits de douane. Les Européens s’agitent, les Chinois s’excitent et les petits pays cogitent. Comment ne pas être les grands perdants d’une situation qui échappe un peu à tout le monde. La Thaïlande n’est pas en reste, qui craint pour son économie fragile. Le ministre des Finances et ses équipes ont donc concocté un plan en cinq chapitres qui vise à améliorer la balance commerciale et poursuit un espoir dont personne ne sait s’il est vain : pousser les Américains à réduire leurs droits de douane.

La Thaïlande a fait savoir aux États-Unis qu’elle souhaitait augmenter ses importations en provenance de chez eux. Il s’agit principalement de produits énergétiques et pétrochimiques, d’avions, mais aussi d’aliments pour animaux et de fruits. Un préalable fondamental à un assouplissement de la doctrine américaine, dans la mesure où, l’année dernière, la Thaïlande a enregistré un excédent commercial de 45 milliards de dollars dans les échanges entre les deux pays. Peut-être ce rééquilibrage évitera-t-il de voir les droits de douane américains imposés aux produits en provenance de Thaïlande grimper à 36%. Ce chiffre est une réponse aux supposés 72% appliqués par la Thaïlande. Mais la première ministre thaïlandaise explique qu’elle les États-Unis s’appuient ici sur des plafonds théoriques jamais atteints, et de loin, puisqu’en réalité les taux appliqués seraient en moyenne de 9% !
Cinq pistes économiques proposées par la Thaïlande aux USA
Après l’engagement général, les précisions. C’est donc une proposition de programme en cinq parties que le gouvernement thaïlandais a fait passer au représentant américain au Commerce. Au menu :
- un partenariat économique entre les deux pays, qui concernera notamment les industries de transformation et les technologies numériques, centres de données et industrie de l’intelligence artificielle,
- augmenter les importations dans les secteurs précédemment cités,
- ouvrir des marchés, en réduisant les barrières commerciales et non commerciales et en réduisant les restrictions sur certains produits agricoles,
- limiter le contournement des échanges, en arrêtant par exemple de déclarer « fabriqué en Thaïlande » des produits fabriqués en Chine,
- promouvoir les investissements thaïlandais aux États-Unis. Plusieurs représentants du commerce et de l’industrie de Thaïlande se rendront au Sélect USA Investment Summit 2025 pour y explorer les opportunités.

Une coopération énergétique est également à l’étude. Une délégation thaïlandaise de professionnels du secteur a accompagné le ministre de l’énergie en Alaska pour rencontrer le gouverneur de l’état et des entreprises énergétiques américaines. Tous ensemble, ils vont étudier les diverses possibilités d’accroître la coopération énergétique entre les deux pays.
Les Américains satisfaits, de prime abord, du plan proposé par la Thaïlande
Les premières réactions américaines apparaissent de bon augure. Pichai Chunhavajira, le ministre thaïlandais des Finances, a déclaré que le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, avait fait des commentaires encourageants sur ces propositions. Les deux parties vont maintenant devoir se mettre autour de la table pour les étudier une par une et dans les détails.
Si l’on regarde les choses exclusivement du côté thaïlandais, les importations peuvent venir des États-Unis ou d’ailleurs, cela n’a pas grande importance, dès lors qu’elles ne lèsent pas les producteurs locaux, bénéficient à l’économie du pays et maintiennent une qualité et des prix satisfaisants. C’est peut-être sur ces derniers points qu’il va falloir être particulièrement attentif dans l’examen de ce monde futur à dessiner.
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