Le programme "Phuket Sandbox" permet aux voyageurs vaccinés de profiter des plages de Thaïlande sans effectuer de quarantaine. Mais un simple test positif au coronavirus peut vite ruiner vos vacances.
La province de Surat Thani s’apprête à rouvrir ce 15 juillet trois îles phares de son tourisme aux voyageurs vaccinés sans quarantaine dans le cadre de son programme “Samui Plus”. Similaire à la “Phuket Sandbox”, ce projet s’inscrit dans un processus de réouverture de la Thaïlande sans quarantaine. Il s’agit d’accepter les voyageurs venant de l’étranger qui ont été préalablement vaccinés sans leur imposer la quatorzaine sanitaire en vigueur pour le reste du pays depuis l’an dernier. Le port du masque facial dans la plupart des lieux publics reste toutefois obligatoire, ainsi qu’un certain nombre d’autres règles sanitaires.
Depuis le démarrage au 1er juillet de la Phuket Sandbox, au moins 4.778 personnes sont arrivées à Phuket et 176.993 nuits d’hôtel ont été réservées pour les mois de juillet, août et septembre. Une bonne nouvelle pour une industrie du tourisme exsangue depuis des mois, même si ce chiffre n’est qu’une infime part de la fréquentation habituelle de l'île qui recevait avant le Covid-19 environ 10 millions de visiteurs chaque année.
Mais plusieurs des premiers vacanciers de ce programme se sont retrouvés dans des situations loin d’être idylliques après avoir été testés positifs au coronavirus ou simplement pour avoir été considérés comme “personne contact” avec un cas positif. Leurs expériences ces derniers jours ont mis en évidence les risques qui pèsent sur un séjour en Thaïlande.
Famille séparée
Dans le cadre de la Phuket Sandbox et Samui Plus, les voyageurs doivent présenter un test PCR négatif avant le départ, ils sont ensuite soumis à de nouveaux tests à l’arrivée, le 6e ou 7e jour et le 12e ou 13e jour.
Le site spécialisé dans le tourisme TTRWeekly rapporte l’histoire d’une famille de deux enfants de 8 et 9 ans arrivée à Phuket le 1er juillet. Le premier test à l’arrivée est négatif pour l’ensemble de la famille, dont seuls les parents sont vaccinés puisque la vaccination n’est pas obligatoire pour les moins de 18 ans. Par contre, lors du deuxième test après 6 jours de vacances, les deux enfants sont testés positifs et doivent être transférés à l’hôpital tandis que les parents doivent être placés en quarantaine dans un hôtel désigné. La famille aurait donc dû être séparée avec les enfants laissés seuls à l’hôpital tandis que les parents restaient en quarantaine dans un hôtel.
Face à cette situation, les autorités ont finalement accepté que le père puisse rester avec ses enfants à l’hôpital. Il devra néanmoins effectuer une période supplémentaire de quarantaine à la sortie d’hôpital de ses enfants.
Assise au mauvais endroit
En partant de Francfort en Allemagne, Stefanie Korényi s’était préparée à passer deux semaines dans un hôtel chic de Phuket et partir à la découverte de l’île à scooter. Mais seulement deux jours après son arrivée, elle se retrouve à devoir quitter son hôtel et à se mettre en quarantaine dans un hôtel AQL (Alternative Local Quarantine) dédié à cet effet.
La jeune femme témoigne de sa mésaventure sur les réseaux sociaux expliquant que, dans l’avion faisant la liaison entre Dubaï et Phuket, elle s’est trouvée assise à seulement deux rangées de sièges d’un homme qui a été testé positif au coronavirus à son arrivée en Thaïlande. Même si les tests PCR de la jeune allemande avant le départ et à l’arrivée étaient négatifs, elle a été considérée comme cas contacts à risque, ce qui signifie, selon les conditions de la Phuket Sandbox, une mise en quarantaine immédiate dans un hôtel désigné à ses frais.
Alors qu’elle avait réservé un hôtel à 15.000 bahts pour deux semaines, le changement vers un hôtel ALQ (Alternarive Local Quarantine) coûte désormais à Stefanie Korényi 52.000 bahts pour 14 nuits pour un lieu bien moins confortable, souligne-t-elle.
Sur sa page Facebook, la touriste avertit les autres voyageurs : “Pour les voyageurs qui prévoient de rester plus de 3 semaines, le modèle de la sandbox reste une bonne alternative à la quarantaine dans un hôtel. Mais pour ceux qui ne souhaitent rester seulement 1, 2 ou 3 semaines, ils doivent être conscients qu’ils risquent de passer leurs vacances enfermés dans une chambre d’hôtel au lieu de profiter de la plage. Les chances sont minces, mais elles existent”.
La Phuket Sandbox tient bon
Un porte-parole du gouvernement cité mardi par le Bangkok Post a affirmé mardi que le programme Phuket Sandbox se déroulait bien mais qu’il était entaché de "fausses informations" sur les réseaux sociaux, citant notamment des posts annonçant l’arrêt imminent du programme car le coronavirus se serait propagé sur l’ile de manière incontrôlable.
Le Dr Kusak Kukiatikoon, directeur de la Santé pour la province de Phuket, a indiqué que l’ile enregistrait moins de 10 infections quotidiennes depuis le 15 mai et qu'au 12 juillet, seulement 72 personnes étaient encore traitées pour le Covid-19 à Phuket. Il a également precisé que six personnes arrivées dans le cadre de la Phuket Sanbox ont été testes positif au coronavirus : un Suisse, un homme des Émirats arabes unis, trois Birmanes, et un Sud-Africain.
"Les infections détectées parmi les arrivées de Phuket Sandbox ne provoqueront pas l'effondrement du programme. Dans la situation présente, les chances de voir zéro infection sont très minces", a assuré le Dr Kusak.
L'Office du tourisme de Thaïlande (TAT) vise avec la Phuket Sandbox un objectif de 100.000 voyageurs sur le troisième trimestre et 8,9 milliards de bahts de revenus.