Les milieux d’affaires ont appelé jeudi le gouvernement thaïlandais à faire preuve de mesure dans sa réponse à l’épidémie de coronavirus, mettant en balance le risque sanitaire modéré et les enjeux économiques et sociaux graves après deux ans de restrictions
Alors que la Thaïlande a relevé jeudi son niveau d'alerte COVID-19 suite à l'augmentation des infections au variant du Sars-CoV-2, Omicron, ouvrant la voie à de possibles restrictions sanitaires, les milieux d’affaires ont appelé les autorités à être mesurées dans leur stratégie pour combattre l’épidémie.
Affichant clairement sa désapprobation vis-à-vis d’un retour aux restrictions sanitaires prôné par le ministre de la Santé Anutin Charnvirakul, le président de la Chambre de commerce thaïlandaise (TCC), Sanan Angubolkul, a souligné qu’un autre verrouillage ou des mesures trop restrictives auront un impact économique et social grave dont les conséquences se feront ressentir sur le long terme.
Il a par ailleurs rappelé que la population est vaccinée à plus de 60% et que la capacité hospitalière a été jugée suffisante pour faire face à un virus dont la dangerosité est bien inférieure aux précédents variants du Sars-CoV-2.
Plusieurs études ainsi que les observations de l’épidémie en Afrique du Sud, premier pays à avoir découvert Omicron, montrent en effet une virulence bien moins importante que les précédents variants. Mais, comme dans d’autres pays, les autorités thaïlandaises craignent que la contagiosité supérieure d’Omicron ne provoque malgré tout l’encombrement des services hospitaliers comme lors de l’épidémie dominé par le variant Delta en juillet et août dernier.
Dans des projections effectuées en décembre, les autorités ont estimé que le nombre d’infections au coronavirus pourraient atteindre entre 10.000 et 30.000 cas par jour d’ici le mois de mars, et celui des morts jusqu’à 180 décès quotidiens. Au plus haut de l'épidémie en août dernier, le Covid-19 avait provoqué jusqu’à 312 décès quotidiens.
"Le nombre de décès sera faible"
La Fédération des Industries Thaïlandaises (FTI) estime pour sa part que l'expérience de deux ans du gouvernement dans la lutte contre la pandémie doit lui permettre de traverser la nouvelle épidémie dont le nombre de cas graves s’annonce bien en dessous de ce que le pays a connu en août avec le variant Delta.
"La FTI n'est pas sérieusement préoccupée par les infections car elles sont toujours inférieures à 30.000 cas par jour, ce qui est considéré comme un taux gérable par le gouvernement", a déclaré le vice-président de la FTI, Kriengkrai Thiennukul, cité par le Bangkok Post.
La FTI considère que des mesures de verrouillage partielles localisées selon les zones les plus à risques seraient acceptables, mais pas un verrouillage global.
"Nous n'allons pas attendre sept à dix jours qu’il y ait un nombre substantiel d'infections après les vacances [pour agir]", a déclaré Anutin Charnirakul au quotidien en langue anglaise, admettant toutefois que "le nombre de décès sera faible en raison du grand nombre de personnes déjà vaccinées". Et d’ajouter : "nous évaluerons la situation avant de prendre une décision quant à la fermeture de certaines activités."
Le président de la TCC a ajouté que le gouvernement, au lieu d’imposer des contraintes et des privations supplémentaires à toute la population, devrait plutôt renforcer son dispositif dans les provinces à risque en augmentant les lits d'hôpitaux pour les cas graves et en réinstaurant l'isolement à domicile ou en communauté des cas asymptomatiques et des malades légers.