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NORD THAILANDE - Enquête après la mort troublante d'un jeune militant abattu par l'armée

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 20 mars 2017, mis à jour le 23 mars 2017

La Thaïlande va ouvrir une enquête après la mort d'un jeune militant défenseur des ethnies du nord du pays et critique des abus de l'armée abattu par des militaires, une affaire qui inquiètent les défenseurs des droits de l'Homme.

"J'ai ordonné une enquête sur la cause" de ce décès, a déclaré mardi le chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha, au pouvoir depuis un coup d'Etat en mai 2014. Ce dernier a par ailleurs invité les gens à s'abstenir de critiquer l'armée.

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Chaiyaphum Pasae, âgé de 17 ans d'après ses amis, de 21 selon la police, a participé à de nombreuses campagnes pour promouvoir les droits de l'ethnie Lahu et d'autres minorités ethniques du nord de la Thaïlande. Il s'est également souvent prononcé contre les abus commis par les forces de sécurité thaïlandaises contre sa communauté lors d'opérations antidrogue.

Dans un premier communiqué lundi, le porte-parole de la junte le colonel Winthai Suvaree déclarait que les soldats avaient trouvé 2.800 comprimés d'amphétamine dans la voiture et qu'après le contrôle, Chaiyaphum se serait enfermé dans sa voiture et aurait tenté de lancer une grenade sur les soldats, suscitant de la part de ces derniers "un acte de légitime défense" .

Cette affaire "suscite le doute", a déclaré Brad Adams, directeur d'Human Rights Watch en Asie.

"Au lieu d'accepter d'emblée le récit des soldats qui ont abattu Chaiyaphum, les autorités doivent mener une enquête approfondie et impartiale sur cette affaire et rendre publiques leurs conclusions", ajoute-t-il.

Au cours de la dernière décennie, des dizaines d'autres militants ont été tués sans que leurs meurtres ne soient jamais élucidés.

Le jeune homme était connu pour ses chansons qui mettaient en vedette les documentaires prônant les droits des citoyens apatrides de Thaïlande – des groupes ethniques qui sont arrivés pour la plupart comme des réfugiés pendant la Guerre Froide et ont été autorisés à rester mais se voient refuser la nationalité, ce qui est également le cas pour leurs enfants.

Le journal thaïlandais Khaosod a décrit Chaiyaphum comme un membre du groupe ethnique Lahu, une tribu des montagnes officiellement reconnus par la République populaire de Chine, où ils vivent dans la province de Yunnan et dont quelques groupes vivent aussi au Laos, en Birmanie, au Vietnam et en Thaïlande. Le journal a cité des amis du militant décédé disant qu'il n'avait pas d'antécédents avec la drogue et qu'il avait eu des frictions avec des hauts responsables militaires au cours de sa campagne.

L'armée thaïlandaise a pris le pouvoir en 2014, un régime qui tourne en dérive autocratique.

Les critiques décrivent le gouvernement de la junte comme une organisation quasiment intouchable, soldats et officiers étant rarement punis pour des affaires telles que des décès lors des gardes à vue ou dans des casernes militaires, des accusations de torture ou encore des tirs à balles réelles parfois mortels sur des manifestants.

Dans le même temps, les militaires sont souvent impliqués dans la lutte contre les trafiquants de drogue, généralement ceux qui sévissent dans le nord du pays.

Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 21 mars 2017
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Publié le 20 mars 2017, mis à jour le 23 mars 2017

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