C'est une foule émue, calme, presque silencieuse qui s'est réunie jeudi soir aux abords de l'hôpital Siriraj où le roi Bhumibol est décédé dans l'après-midi après plusieurs mois d'hospitalisation.
Tout au long de la journée, les Thaïlandais ont afflué aux alentours de l'hôpital Siriraj avant de commencer à se disperser vers 20 heures sous les recommandations de l'armée. ?Rentrez chez vous, il n'y a plus de réelles raisons de rester ici et demain, ce n'est pas non plus ici qu'il faut venir? répète calmement un militaire dans son microphone.
L'accès à l'hôpital est interdit au public par des militaires et les gens qui se trouvent encore dans l'enceinte de celui-ci sortent peu à peu. Dans la rue, la foule est un peu moins dense qu'à 19 heures lorsque l'annonce du décès du souverain de Thaïlande a été faite, pourtant de nombreux Thaïlandais restent là et d'autres continuent d'arriver.
?Quand j'ai appris le décès du roi, ma première idée a été de venir ici. Je n'ai jamais eu l'occasion de voir Sa Majesté en vrai mais j'ai toujours rêvé que viendrait un jour où je pourrais voir son visage. Aujourd'hui c'est trop tard? raconte Nooch, une jeune femme de 23 ans qui s'interrompt régulièrement pour retenir les larmes qui lui montent aux yeux. ?Notre roi, c'était le coeur du pays, il a été partout même dans le petit village où j'ai grandi à Chayaphum. Il est venu jusque-là, a pris le temps d'observer ce qui allait ou n'allait pas et y a apporté des solutions. Je suis vraiment sous le choc. Ce qui se passera demain ? Je ne veux pas y penser, peut-être que ce sera pire.?
Une journaliste freelance thaïlandaise confie également son inquiétude pour l'avenir : ?j'ai peur de ce qui se passera après, la succession, le nouveau roi. Le roi Bhumibol, c'était un père, j'ai perdu un père, j'ai le coeur brisé.?
Vers 20h30, les vendeurs de rue arrivent à se frayer un chemin et à installer leurs étals de soupes de nouilles ou de fruits frais. La foule se concentrent devant l'entrée de l'hôpital, à genoux, pour prier et chanter des hymnes pour rendre hommage au défunt souverain.
Un peu à l'écart, Diego et Ton, deux jeunes employés de banque expliquent qu'ils sont directement venus après leur journée de travail. ?Nous aimons le roi, c'est la seule raison pour laquelle nous sommes venus ici, nos coeurs saignent. Nous sommes sous le choc, c'est arrivé trop tôt, nous ne nous attendions pas à ce qu'il meure maintenant, ce n'est que depuis mercredi que nous avons senti une inquiétude grandissante sur la santé du roi et que nous avons réalisé, que oui, le roi pouvait mourir un jour?.
Un groupe d'infirmières de l'hôpital voisin de Thonburi sont venues aussi pour se recueillir après leur service. ?C'était important pour nous de venir, même si on ne travaille pas ici, il y a un lien très fort ce soir, nous reviendrons encore demain après notre journée à l'hôpital?.Vers 22 heures, les militaires commencent à restreindre l'accès à l'avenue Wat Sutthawat en face de l'hôpital, la plupart des magasins de la rue Wang Lang ont fermé leurs portes, même le seul 7 Eleven de la rue a baissé son volet. Les gens continuent de prier devant l'entrée de l'hôpital pendant qu'une file, un peu plus loin, se créé, des cadres avec des photos du roi passent de main en main le temps d'une photo.
Catherine VANESSE (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 14 octobre 2016
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