Plus d’un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Bangkok dimanche pour critiquer le Premier ministre, défiant les mesures sanitaires, jusqu’à ce que les forces de l’ordre les dispersent
La police a utilisé gaz lacrymogènes, canons à eau et balles en caoutchouc pour disperser des manifestants qui tentaient de marcher vers le bureau du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha dimanche exigeant sa démission pour sa gestion de l’épidémie de coronavirus et son impact sur l’économie et la vie des habitants.
La police a indiqué que certains manifestants ont attaqué les forces de l’ordre et huit policiers et au moins un journaliste auraient été blessés lors d’affrontements. Elle n'a pas précisé si des manifestants avaient été blessés, mais a déclaré que 13 manifestants avaient été arrêtés.
Les organisateurs de la manifestation, qui a réuni plus de 1.000 personnes, avaient appelé à la fin du rassemblement juste après 18 heures, mais quelques centaines de manifestants sont restés, tenant tête à la police durant plus de deux heures avant que celle-ci ne disperse la foule juste avant 21 heures qui marquait le début du couvre-feu, en vigueur dans la capitale thaïlandaise dans le cadre des mesures sanitaires contre l’épidémie de coronavirus.
Affrontements
La police est intervenue en utilisant la force après que certains manifestants ont tenté d’ouvrir une voie dans le barrage de barbelés et de barricades mis en place par les autorités pour bloquer l’accès entre le Monument de la démocratie et la Maison du gouvernement où se trouve le bureau du Premier ministre.
Le porte-parole adjoint de la police, Kissana Phathanacharoen, a affirmé que les manifestants ont attaqué la police avec des "bombes ping-pong, des frondes et des pétards". Il a ajouté que la réponse policière s’est inscrite dans le respect des lois et règlements et était pleinement en ligne avec les normes internationales en la matière.
Plusieurs manifestations ont été organisées ces dernières semaines contre le Premier ministre par divers groupuscules, parmi lesquels d’anciens alliés politiques de ce dernier.
Gestion de la crise du Covid critiquée
Cette nouvelle montée de la grogne populaire intervient alors que les mesures sanitaires mises en place ont des effets dévastateurs sur l’économie, mettant en danger l’existence de millions de personnes, alors que le nombre de décès du Covid-19 ne cesse d’augmenter ce qui suscite de nouvelles restrictions.
La Thaïlande, qui se débat avec une troisième épidémie particulièrement forte et persistante impliquant les variants Alpha et Delta du coronavirus, a signalé 11.397 infections et 101 décès dans la seule journée de dimanche. Sur cette seule épidémie survenue en avril, environ 375.000 personnes ont été infectées par le coronavirus et 3.247 sont décédées du Covid-19 en Thaïlande, soit 97% du bilan des morts de la maladie dans le royaume depuis le tout début de la pandémie.
Dimanche, de nombreux manifestants portaient des faux sacs mortuaires représentant les décès dus aux coronavirus.
"Le gouvernement a mal géré la situation et si nous ne faisons rien, il n'y aura aucun changement", a déclaré à Reuters Kanyaporn Veeratat, un manifestant de 34 ans.
La manifestation marquait également l’anniversaire de la première d’une série de grandes manifestations organisées par un mouvement de jeunes qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes à travers le pays durant plusieurs mois. L’élan de protestation a été freiné lorsque les forces de l’ordre ont commencé à intervenir de façon plus musclée sur les rassemblements, emprisonnant les leaders des manifestations, puis une nouvelle épidémie de coronavirus en décembre a mis fin aux rassemblements.