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Les leaders de l’ASEAN à la Maison Blanche pour essayer de sauver les meubles

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REUTERS /Léa Millis - Le président américain Joe Biden emmène les dirigeants des pays de l’ASEAN pour prendre une photo de groupe lors du sommet US-ASEAN à la Maison Blanche, le 12 mai 2022
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 13 mai 2022, mis à jour le 16 mai 2022

Plusieurs dirigeants de pays d'Asie du sud-Est ont été reçus jeudi à la Maison Blanche pour le tout premier sommet US-ASEAN organisé à Washington en vue de contrer l’influence chinoise sur la région

Le président des États-Unis, Joe Biden, et plusieurs dirigeants de pays de l’Asie du sud-Est ont entamé jeudi le tout premier sommet US-ASEAN organisé à Washington, un événement de deux jours avec entre autres un dîner à la Maison Blanche et des pourparlers au Département d'État vendredi. Ce sommet est aussi le premier organisé par un président américain depuis 2016.

Joe Biden a ouvert le sommet avec la promesse de dépenser 150 millions de dollars sur la zone couverte par l'Association des 10 nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) dans des domaines tels que les infrastructures, la sécurité, la préparation au risque pandémique et d’autres efforts visant à contrer l'influence de la Chine.

Huit dirigeants de l'ASEAN devraient participer aux pourparlers vendredi. La Birmanie a été exclue du sommet suite au coup d'État l'année dernière et les Philippines sont en phase de transition avec les élections. Le président américain s’est toutefois entretenu mercredi avec le nouveau président philippin, Ferdinand Marcos Jr. Les Philippines étaient représentées à la Maison Blanche par son secrétaire aux affaires étrangères.

Après une photo de groupe sur la pelouse de la Maison Blanche les représentants de Brunei, d'Indonésie, du Cambodge, de Singapour, de Thaïlande, du Laos, du Vietnam, de Malaisie et des Philippines, ont été conviés au dîner. Les dirigeants de l'ASEAN s’étaient également rendus au Capitole plus tôt dans la journée pour un déjeuner avec les dirigeants du Congrès.

Les millions américains face aux milliards chinois

Alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie est à l'ordre du jour, l'administration Biden espère que ces efforts envers l’ASEAN montreront aux pays de la région que Washington reste concentré sur l'Indo-Pacifique et sur le défi à long terme que représente la Chine, considérée par les Etats-Unis comme leur principal concurrent.

L’enveloppe américaine promise jeudi comprend notamment un investissement de 40 millions de dollars dans des infrastructures qui doivent aider à décarboniser les ressources électriques de la région, 60 millions dans la sécurité maritime, et aussi 15 millions dans la santé pour aider à la détection précoce du COVID-19 et autres pandémies respiratoires, a déclaré le responsable. Le financement visera aussi à contribuer à l’élaboration des lois sur l'économie numérique et l'intelligence artificielle.

Les representants de 9 pays de l'ASEAN posent pour la photo devant la Maison Blanche avec le president Joe Biden
Les dirigeants des pays de l'ASEAN posent pour la photo devant la Maison Blanche avec Joe Biden le 12 mai 2022. Photo REUTERS/Leah Millis. 

Les Garde-côtes américains déploieront également un navire dans la région pour aider les marines locales à contrer ce que Washington et les voisins de la Chine ont décrit comme la pêche illégale chinoise.

Toutefois, les promesses américaines font piètre figure devant l'influence grandissante de l'Empire du milieu qui bénéficie d’avantages majeurs, que ce soit du point de vue géostratégique, culturel, historique ou encore financier avec aujourd’hui des projets d’infrastructures pharaoniques juteux qui s’étendent un peu partout dans la région.

Rien qu’en novembre, la Chine a promis 1,5 milliard de dollars sur trois ans d'aide au développement aux pays de l'ASEAN pour lutter contre le COVID et soutenir la reprise économique.

"Intensifier les efforts" pour des "relations plus solides"

"Nous devons intensifier notre jeu en Asie du Sud-Est", a déclaré aux journalistes un haut responsable du gouvernement américain. "Nous ne demandons pas aux pays de faire un choix entre les États-Unis et la Chine. Nous voulons toutefois préciser que les États-Unis recherchent des relations plus solides."

L’administration Biden travaille sur d’autres initiatives, comme le plan intitulé "Build Back Better World" qui prévoit des investissements dans les infrastructures, ainsi que le Cadre Économique Indo-Pacifique (IPEF). Mais ni l'un ni l'autre ne sont finalisés.

L'IPEF devrait être lancé lors du voyage de Joe Biden au Japon et en Corée du Sud la semaine prochaine. Mais il n'offre toujours pas l'accès élargi au marché dont les pays asiatiques ont besoin, étant donné la préoccupation de Biden pour les emplois américains.

Inquiétudes communes vis-à-vis de la Chine

Les pays du sud-est asiatique partagent toutefois un certain nombre des préoccupations avec Washington concernant la Chine.

Les revendications de souveraineté chinoises sur de vastes étendues de la mer de Chine méridionale ont braqué le Vietnam et les Philippines contre Pékin, tandis que Brunei et la Malaisie sont aussi concernés par cet expansionnisme territorial.

Mais certains analystes estiment que même si les pays de l'ASEAN partagent effectivement des inquiétudes avec les États-Unis à propos de la Chine, ceux-ci restent prudents quant à l’idée se ranger plus franchement du côté de Washington, compte tenu de leurs liens économiques importants avec Pékin et des intérêts économiques limités qu’offrent les États-Unis.

Revenir de la période Trump

Les pays de la région ont également été déçus par le temps qu’il a fallu aux États-Unis pour détailler leurs plans d'engagement économique depuis que l'ancien président Donald Trump a fait sortir son pays du Partenariat transpacifique (TPP) en 2017.

"Les États-Unis devraient adopter une stratégie de commerce et d'investissement plus proactive avec l'ASEAN, ce qui leur profitera sur le plan économique et stratégique", a déclaré jeudi le Premier ministre malaisien, Ismail Sabri Yaakob.

Kao Kim Hourn, conseiller du Premier ministre cambodgien Hun Sen, a pour sa part déclaré à Reuters que le pays ne "choisirait pas son camp" entre Washington et Pékin, même si les investissements américains dans son pays augmentent.

Mercredi, Hun Sen, qui faisait sa première visite à la Maison Blanche depuis son accession au pouvoir en 1985, a été la cible d'un manifestant lanceur de chaussure alors qu’il s’apprêtait à entrer dans l’enceinte. Le dirigeant cambodgien s'est fait conspuer par des militants pour sa répression de la dissidence.

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