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INTERVIEW – Michaël Deloffre sculpte la beauté du bois marqué par le temps

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 7 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Ancien reporter de guerre, Michaël Deloffre réalise désormais des sculptures massives en bois, support artistique qu'il a choisi pour sa beauté naturelle et les traces qui y sont portées par le temps. Grand voyageur, il a posé ses valises en 2006 à Bangkok où il vient d'ouvrir son atelier au public et à ses clients, parmi lesquels se trouvent quelques grands noms

Le travail de Michaël Deloffre a été exposé à 154 reprises dans 38 pays différents (photo courtoisie Michaël Deloffre)

Pourquoi avoir ouvert le 15 septembre dernier un atelier/salle d'exposition à Bangkok ?
Cette galerie permettra à tous ceux qui le souhaitent de découvrir des pièces assez fortes tirées d'arbres qui peuvent dater de 150 ans. Il y en a notamment avec des racines de lychee, des racines noires très intrigantes, très fortes en énergie. Pour l'instant, ce sont surtout des clients qui se rendent à mon atelier sur rendez-vous pour voir des sculptures qu'ils veulent acheter. Leur prix varie entre 200.000 bahts et 3.000.000 bahts. Cela paraît de grosses sommes, mais il faut savoir que dans le contexte économique actuel, l'art contemporain fait figure d'un investissement assez sûr.

Quand vous est-il venu l'envie de sculpter du bois ?
A côté de mes activités d'entrepreneur, j'ai commencé par peindre à l'âge de 33 ans et ma première exposition a eu lieu en 1995 aux Etats-Unis. Plus tard, lorsque je suis tombé sur des arbres abattus au cours de voyages dans des jungles de Sumatra et de Thaïlande, j'ai eu un véritable choc. J'ai trouvé magnifiques certains morceaux de bois qui possédaient une beauté brute naturelle et en même temps qui avaient été marqués par les traces du temps. Le bois ne meurt jamais. Prenez une commode par exemple. Pendant la saison des pluies, son bois va se gonfler et on ne pourra plus ouvrir certains tiroirs. Selon le temps, il va également changer de couleur.

De quelle façon travaillez-vous ?
Je travaille toujours sur du bois déjà coupé. Pour le ramasser, je me rends dans les montagnes thaïlandaises du Nord, dans les provinces de Tak et Chiang Rai, avec l'autorisation des autorités thaïlandaises. Je pars en expédition de trois ou quatre jours avec une équipe d'une douzaine de locaux que je connais bien. Dès que je vois une pièce de bois, je me rends compte immédiatement si je vais pourvoir l'utiliser ou pas. Certains des morceaux ramassés font environ 500 kilos et ils nous faut les porter sans l'aide de machines. Dans mon atelier, chaque morceau de bois est gratté, sculpté, sablé, brûlé. Le but est de redonner un aspect naturel au support alors qu'un très gros travail a été effectué dessus. Je peux passer de quelques jours jusqu'à deux ans pour réaliser une sculpture.

Quel est le profil des personnes qui achètent vos ?uvres ?

J'ai principalement des clients privés occidentaux venant des Etats-Unis et de l'Europe, avec quelques grands noms comme Kevin Costner, Michael Schumacher, Sting ou encore le roi du Maroc. L'art contemporain, qui en est à ses balbutiements en Thaïlande, commence en revanche à prendre à d'autres endroits de l'Asie du Sud-Est, tels Hong Kong, la Chine ou encore Singapour. Certains décorateurs font également appel à mes services pour de grands hôtels. L'Etat français m'a acheté une pièce qui appartient maintenant au Fonds National d'Art Contemporain et j'ai participé aussi à une exposition pour les 150 ans de la Résidence de France en 2008.

Quel a été votre parcours avant votre établissement en Thaïlande ?
Je suis partie en Tunisie à l'âge de 3 ans pour suivre mes parents. Depuis très jeune, j'ai toujours beaucoup voyagé et à 18 ans, je suis devenu reporter de guerre. Pour payer mes reportages, j'ai intégré l'équipe d'Yves Furet qui conseillait des ténors de la politique et du monde des affaires en matières d'expression orale. Lors d'un conflit au Liban, j'ai reçu une balle qui a détruit mon matériel et l'hôtel où je me trouvais a été attaqué. Parfois, il est vrai que je ressens encore cette envie d'adrénaline que l'on a quand on est sur le terrain, mais, à la suite de ces événements, j'ai préféré me poser à la demande de la personne qui allait devenir ma femme. J'ai alors développé un groupe de télécommunications, et une société de conseil en stratégie de développement international pour les entreprises, puis j'ai monté une station de télévision aux Etats-Unis que j'ai revendue plus tard au magnat des médias Ted Turner. Installé en Thaïlande depuis 2006, je suis toujours aujourd'hui à la tête d'une entreprise de décoration et d'art dédiée aux professionnels, mais cela ne me prend plus que 20% de mon temps. Le reste, je le consacre à la sculpture.

Votre travail s'inspire-t-il d'autres artistes ?

On retrouve dans mon travail, la même appréhension de la couleur et des lumières que celle du peintre Pierre Soulages, notamment dans les textures et les rayures. J'aime beaucoup de sculpteurs comme notamment Giacometti, mais peu m'ont inspiré. A ma connaissance, nous ne sommes que trois dans le monde à sculpter du bois de cette façon. L'expression artistique vient avant tout de sa propre sensibilité.
Propos recueillis par Yann Fernandez (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) vendredi 7 octobre 2011

Atelier / Salle d'exposition Michaël Deloffre

15, On Nut 17, Yaek 20, Suan Luang, 10250 Suan Luang
Contact : 02.711.56.41 ou 08.60.16.34.18
http://www.michael-deloffre.com/
Michaël Deloffre exposera à l'hôtel Mandarin Oriental à Kuala Lumpur au mois de novembre

Diaporama de l'Atelier / Salle d'exposition de Michaël Deloffre (photo courtoisie Michaël Deloffre)

 

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Publié le 7 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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