Le gouvernement thaïlandais a salué samedi des "progrès significatifs" dans les derniers pourparlers avec la principale organisation séparatiste de l'extrême sud musulman, les deux parties ayant convenu de cesser toute violence pendant la période du mois saint du Ramadan.
Une délégation du gouvernement thaïlandais et des représentants du groupe rebelle, le Barisan Revolusi Nasional (BRN), se sont rencontrés face à face, fin mars en Malaisie, dans le cadre d’un nouveau cycle de pourparlers relancé en janvier après deux ans d’interruption en raison de la pandémie de Covid-19.
Les provinces de Narathiwat, Yala, Pattani et certaines parties de Songkhla appartenaient par le passé au sultanat de Patani, annexé en 1909 par la Thaïlande dans le cadre d’un traité avec la Grande Bretagne, puissance coloniale présente alors en Malaisie. Cette région majoritairement musulmane dans une Thaïlande bouddhiste a depuis lors connu plusieurs périodes de violences, la dernière ayant commencé il y a un peu plus de 18 ans, en janvier 2004.
Plus de 7.300 personnes ont été tuées depuis cette date dans des attentats indépendantistes ou des actes de répression militaire liées à l'insurrection.
Le BRN a déclaré fin mars dans un communiqué que les deux parties ont convenu de mettre fin à la violence pendant le Ramadan, qui se déroule du 3 avril au 14 mai, afin de "créer une atmosphère sûre et prospère" pour la communauté dans le cadre d'un processus de "renforcement de la confiance" pour "établir une paix significative."
Le gouvernement thaïlandais a pour sa part déclaré dans un communiqué que la création d'un "environnement propice à la paix" pendant le ramadan permettra à la population de "pratiquer leurs rites religieux en toute sécurité" et renforcera la confiance du public dans le dialogue de paix.
Les deux parties ont également convenu de créer des groupes de travail conjoints dans trois domaines : réduire la violence, sonder l’opinion et trouver une solution politique, a déclaré le gouvernement thaïlandais.
Les séparatistes dénoncent depuis longtemps le fait que les Malais musulmans font l’objet d’une assimilation forcée de la part de la Thaïlande et accusent les forces de sécurité thaïlandaises d'avoir commis des atrocités par le passé, ce dont se défend le gouvernement thaïlandais.
Les pourparlers entre le gouvernement thaïlandais et les groupes rebelles ont commencé en 2013 mais ont été plusieurs fois interrompus. Le dernier cycle de pourparlers a redémarré en 2019, conduisant à des pourparlers de paix officiels facilités par la Malaisie au début de 2020, mais ceux-ci ont été interrompus par la pandémie.