La Thaïlande organise des élections législatives le 14 mai après presque neuf ans d’une gouvernance pro-militaire qui a fait suite au coup d'État de 2014. Voici les principaux éléments à connaître sur ce scrutin législatif en Thaïlande.
Environ 52 millions des quelque 65 millions de Thaïlandais ont la possibilité de voter pour élire -pour quatre ans- les membres de la chambre des représentants qui compte 500 sièges.
Les électeurs disposent de deux bulletins de vote, l'un pour élire un candidat de la circonscription dans laquelle ils sont enregistrés et l'autre pour le parti de leur choix au niveau national.
Il y a 400 sièges à pourvoir au suffrage direct uninominal (un élu par circonscription) et 100 sièges attribués selon le mode de scrutin proportionnel, en fonction des scores finaux réalisés par les partis politiques en lice.
Comment le Premier ministre est-il choisi ?
Chaque parti remportant plus de 25 sièges a la possibilité de présenter son candidat au poste de Premier ministre, mais il est probable que les partis s’entendent entre eux pour soutenir certains candidats.
Ces candidats seront ensuite soumis au vote de la législature bicamérale composée de la chambre basse avec ses 500 députés fraîchement élus et du Sénat dont les 250 membres ont été nommés par l’ex junte militaire. Ce vote parlementaire aura probablement lieu en août.
Pour devenir Premier ministre, les candidats doivent obtenir plus de la moitié des voix des deux chambres combinées, c’est-à-dire plus de 375 voix.
Qui sont les principaux candidats au poste de Premier ministre ?
Ces élections seront une fois de plus le théâtre d’une confrontation entre les partis d’un establishment militaro-royaliste défendant avant tout le maintien d’une certaine verticalité traditionnelle, et une opposition progressiste et libérale qui s’adresse à une base plus large d’électeurs dont les attentes se trouvent bien souvent éloignées de la vision élitiste du camp conservateur.
Le Pheu Thai, un parti contrôlé par la famille Shinawatra, bénéficie d’une bonne avance dans les sondages d'opinion, tout comme lors des élections précédentes. Il est suivi par un autre parti d'opposition, Move Forward, plus progressiste encore, qui mobilise davantage les jeunes électeurs.
Les principaux adversaires du Pheu Thai et du Move Forward sont deux partis dirigés par d'anciens chefs de l'armée impliqués dans le dernier coup d'État. Il s’agit du Ruam Thai Sang Chart du Premier ministre sortant, Prayuth Chan-ocha, et du Palang Pracharat de son mentor Prawit Wongsuwan, qui est le parti actuellement au pouvoir.
Les deux partis pro-militaires s'appuient sur les classes moyennes urbaines et sont perçus comme le fief politique de la vieille aristocratie et de l’élite militaire qui tirent depuis longtemps les ficelles de la politique thaïlandaise.
Un autre candidat important est le Bhumjaithai, parti de taille moyenne qui peut facilement jouer les faiseurs de roi avec un nombre de sièges potentiel non négligeable à offrir au camp le plus offrant. Le parti a renforcé sa popularité ces quatre dernières années en devenant le champion de la dépénalisation du cannabis en Thaïlande.
Quand les résultats seront-ils connus ?
Le scrutin se terminera dimanche à 17 heures heure locale et la commission électorale de Thaïlande a déclaré que les résultats non officiels devraient être publiés le soir même.
La commission vise à certifier 95% des voix soit 475 des 500 sièges, dans les 60 jours, soit d'ici le 13 juillet.
Des bilans réguliers sur le décompte des voix devraient être diffusés par la commission et les médias locaux dans les heures suivant la fermeture des bureaux de vote.
Que se passe-t-il ensuite ?
Il faudra peut-être plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avant que les Thaïlandais aient une idée de ce à quoi ressemblera leur prochain gouvernement.
Une victoire écrasante ou même une majorité absolue à la chambre basse peut ne pas suffire pour former un gouvernement compte tenu du rôle joué par les 250 sénateurs nommés. De fait, des alliances entre partis seront très probablement nécessaires.
La Constitution thaïlandaise a été remaniée en 2017 par la junte militaire au pouvoir dans ce que de nombreux experts considèrent comme une tentative de neutraliser le pouvoir des partis qui remportent les élections. La Constitution prévoit un Sénat nommé, dont la majorité des membres sont inféodés à l’establishment militaro-royaliste qui les a mis en place.