Le chef du parti sorti vainqueur des élections en Thaïlande cède sa place

Dans son message posté vendredi sur Facebook, Pita Limjaroenrat a déclaré qu’il ne saurait accepter le poste de leader de l'opposition compte tenu de sa suspension par la Cour constitutionnelle en tant que parlementaire.

Move Forward (MFP), parti progressiste nouvelle génération, avait obtenu le plus grand nombre de voix lors des élections législatives de mai dernier. Mais son leader, Pita Limjaroenrat, qui était promis de fait au poste de Premier ministre, a rapidement fait l’objet de la part des conservateurs de manœuvres diverses pour l'empêcher d'accéder au pouvoir.

Parmi les multiples attaques contre lui, une plainte déposée auprès de la commission électorale accusant le jeune politicien d’avoir fait campagne tout en détenant des parts dans un groupe médiatique a fait son chemin devant la cour constitutionnelle.

En juillet, la cour a décidé de suivre les recommandations de la commission électorale et a suspendu temporairement Pita Limjaroenrat de son siège de député le temps de l’instruction du dossier.

Changer le fusible pour permettre à l'opposition de briller

"La Constitution actuelle stipule que le chef de l'opposition doit être un député qui dirige le principal parti d'opposition, mais je ne suis toujours pas en mesure de remplir mes fonctions à la Chambre des représentants et je ne serai pas en mesure d’accepter le rôle de chef de l’opposition dans un futur proche", a écrit vendredi Pita Limjaroenrat.

"J'ai décidé de démissionner de mon poste de chef du MFP, afin de laisser la possibilité au parti de sélectionner un député capable d'assumer le rôle de 'leader de l'opposition' pour me remplacer à la tête du parti."

L’homme fort du mouvement progressiste en Thaïlande a toutefois assuré qu’il continuerait d’être actif au sein de son parti.

Le Move Forward a fait savoir qu’il se réunirait le 24 septembre pour nommer un nouveau leader. Le candidat le plus pressenti pour ce rôle est l’actuel secrétaire général du parti, Chaitawat Tulathon, qui a joué un rôle clé dans l’élaboration de la stratégie et du programme politique du MFP lors de la campagne électorale.

Les honneurs de Time Magazine

Jeune homme d’affaires brillant diplômé de Harvard et du MIT, celui qui était destiné à devenir le 30e Premier ministre thaïlandais, a eu l’honneur de figurer sur la liste «TIME100 Next» du magazine américain Time pour 2023 dans la catégorie des dirigeants qui façonnent l'avenir et constituent la nouvelle génération de leaders.

«La chose plus étonnante encore que la victoire électorale de Pita Limjaroenrat était le programme radical qu’il a mis en œuvre pour y parvenir», a écrit Charlie Campbell, correspondant du Time à Singapour.

Move Forward a obtenu 38 % des voix lors des élections du 14 mai en Thaïlande, en promettant de brider l’influence des militaires et du palais.

«Mais la nature byzantine de la démocratie thaïlandaise a fait que le chemin vers le pouvoir de Pita a été bloqué par un Sénat non élu et une série de contestations judiciaires», a écrit Charlie Campbell.