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Les CCTV incriminent de nombreux policiers dans le meurtre d’un officier en Thaïlande

Des images de surveillance de la maison d’un notable thaïlandais montrent qu’une cinquantaine de personnes dont 30 policiers ont assisté au meurtre d’un officier sans qu’aucune n’intervienne.

CCTV police thailandeCCTV police thailande
Photo Shutterstock
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 18 septembre 2023

La police thaïlandaise a fait savoir vendredi qu’elle avait réussi à récupérer les images des caméras de surveillance (CCTV) de la maison du kamnan (chef de sous-district) Praween Chankhlai, près de Bangkok, où un officier de police a été froidement exécuté au début du mois lors d’une soirée réunissant une cinquantaine de personnes dont une trentaine de policiers.

Le chef adjoint de la police thaïlandaise, le général Surachate Hakparn, a indiqué que d’après ces images presque tous les policiers et civils présents étaient armés mais qu’aucun d’eux n'a tenté d'intervenir lorsque l’homme de main de Praween Chankhlai a tiré à plusieurs reprises sur le commandant Siwakorn Saibua, tuant ce dernier de sept balles dans le corps, et blessant au passage un lieutenant-colonel.

"La plupart des policiers présents à la soirée étaient armés mais n'ont pas tenté d'intervenir. Certains ont aidé les accusés et certains officiers supérieurs ont fui les lieux", a déclaré le général Hakparn, lors d’une conférence de presse dimanche.

Praween Chankhlai, surnommé "Kamnan Nok", a été arrêté le lendemain du crime. Il est suspecté d’avoir donné l’ordre à son employé de tuer le policier pour avoir refusé la promotion qu'il demandait pour son neveu. Le tueur en cavale a été abattu le 8 septembre par des policiers dans la province de Kanchanaburi.

Il ressort des images de télésurveillance qu’une partie de l’assistance a donné de faux témoignages des faits aux enquêteurs et que plusieurs personnes ont aidé le patron des lieux et son sbire à quitter la scène du crime et effacer les preuves. Les serveurs du système de télésurveillance de la propriété avaient d’ailleurs été jetés dans un canal par un employé des services pénitentiaires le soir du meurtre.

Peine de mort en perspective pour "Kamnan Nok"

Dimanche, le général Hakparn a déclaré que 14 des policiers présents le soir du crime avaient été accusés de manquement à leur devoir pour n’avoir pas cherché à aider leurs deux collègues. La moitié d’entre eux se trouvent être des officiers ou officiers supérieurs.

Les enquêteurs ont affirmé avoir suffisamment d’éléments pour faire condamner Praween Chankhlai et obtenir la peine de mort.

Les preuves rassemblées jusqu’ici permettent de démontrer que le suspect a ordonné l'assassinat du Major (Commandant) Siwakorn Saibua, même si toutes les données du système de surveillance n'ont pas encore été récupérées, a déclaré le chef du Bureau central des enquêtes (CIB), le lieutenant-général Jirabhop Bhuridej, cité par le Bangkok Post.

Cette affaire démontre une fois de plus le haut degré de corruption qui prévaut au sein des forces de police thaïlandaises. Les autorités ont bien entendu promis de faire le ménage pour apaiser l'émoi suscité au sein de la population. Le commissaire du CIB a ordonné à la police de recueillir des informations sur les relations de proximité entre policiers et personnalités influentes dans le cadre d'une campagne de répression visant à réduire la mainmise sur les forces de l’ordre par des groupes mafieux.

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