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Pour la Banque de Thaïlande, la croissance est plus préoccupante que l'inflation

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Reuters
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 12 avril 2022, mis à jour le 12 avril 2022

La Banque de Thaïlande va concentrer sa politique monétaire sur la croissance économique plus que sur l’inflation, a déclaré lundi son patron, alors que la pression inflationniste mondiale oblige les autres banques centrales à relever leurs taux d'intérêt.

La Banque de Thaïlande (BoT) fait partie d'un groupe de moins en moins nombreux de banques centrales dans le monde qui estiment toujours que les pressions inflationnistes actuelles sont temporaires, et se préoccupe davantage de l’effondrement de la fréquentation touristique étrangère causé par les mesures sanitaires et son impact à long terme sur la croissance du royaume.

Le gouverneur Sethaput Suthiwartnarueput a déclaré à Reuters dans une interview qu'il prévoyait une croissance du PIB de 1,8% en glissement annuel au premier trimestre et estime que la guerre russo-ukrainienne n’enraillera pas la reprise économique.

"La reprise économique est toujours intacte, lente et inégale", a-t-il déclaré. "Notre priorité est maintenant de faire en sorte que la reprise demeure intacte".

"La pression inflationniste est temporaire"

Le mois dernier, le comité de politique monétaire de la Banque de Thaïlande a voté à l'unanimité pour maintenir le taux directeur à 0,50 %, son niveau le plus bas jamais atteint, inchangé depuis mai 2020. Sa prochaine réunion se tiendra en juin.

Même si l'inflation dépassera cette année la fourchette cible de 1 à 3 % de la banque centrale, elle reviendra probablement à l'objectif l'année prochaine, a déclaré le gouverneur de la BoT.

"Les anticipations d'inflation à long terme et à moyen terme semblent toujours relativement ancrées dans la fourchette des 2 à 3%", a-t-il souligné, ajoutant que "nous n'avons pas vu les rendements grimper aussi fortement en raison de la hausse de l'inflation".

L'inflation a atteint en mars son plus haut niveau en 13 ans avec 5,73 %, principalement en raison des coûts de l'énergie. Le mois dernier, la BoT a relevé ses prévisions d'inflation à 4,9 % contre 1,7 % précédemment, mais prévoit que cette dernière ralentira ensuite pour s'établir à 1,7 % en 2023.

Prévisions de croissance en baisse

La banque centrale a par ailleurs abaissé ses prévisions de croissance économique pour 2022 à 3,2 % contre 3,4 % précédemment et ses perspectives pour l'année prochaine à 4,4 % contre 4,7 %.

La semaine dernière, la Banque mondiale a abaissé ses prévisions de croissance en Thaïlande pour cette année à 2,9 % contre 3,9 % estimés jusque-là.

L'économie thaïlandaise devrait revenir aux niveaux pré-pandémiques au premier trimestre de l'année prochaine, derrière les autres pays de la région, a déclaré Sethaput Suthiwartnarueput. "C'est parce que nous dépendons très fortement du tourisme", a-t-il dit.

Avant la pandémie, le secteur du tourisme représentait au sens large environ 20% du produit intérieur brut et un cinquième de l'emploi, mais nombres d’analystes estiment qu’il ne reviendra pas à un tel taux avant plusieurs années.

La BoT table toujours sur 5,6 millions de touristes étrangers cette année et 19 millions l'an prochain, ce qui, bien qu'étant optimiste, reste bien en deçà des 40 millions de visiteurs internationaux en 2019. Le ministre des Finances, Arkhom Termpittayapaisith, a indiqué pour sa part fin mars que son ministère avait d'ores et dejà revu à la baisse son objectif de 5,5 millions de touristes pour le faire passer à 3 millions.

Volatilité relativement acceptable

Interrogé sur un possible resserrement de la politique monétaire, Sethaput Suthiwartnarueput a déclaré que la banque centrale surveillait les signes d’une éventuelle "déviation par rapport à la reprise attendue".

La Thaïlande dispose de solides réserves, avec une faible dette extérieure et des réserves de change élevées, pour résister à la volatilité mondiale, a-t-il précisé.

Les fluctuations du baht ont été causées principalement par les fondamentaux mondiaux, a souligné le gouverneur de la banque centrale. La devise thaïlandaise s'est échangée lundi à 33,6 pour un dollar son plus bas en deux semaines.

"Nous n'aimons pas la volatilité excessive (...) mais si la volatilité ou les mouvements de la devise, qu’il s’agisse du dollar ou du baht, sont déterminés par les fondamentaux, alors nous sommes plus enclins à tolérer ces mouvements", a-t-il déclaré.

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