Apple a averti mercredi des Thaïlandais que leur téléphone et leur compte iCloud pouvaient avoir été la cible de "pirates informatiques liés à un Etat", ce qui pourrait correspondre au logiciel Pegasus.
La société Apple a envoyé mercredi des messages d'alerte à au moins six militants et chercheurs thaïlandais critiques du gouvernement, les avertissant que leur iPhone était la cible de "pirates informatiques liés à un Etat", d’après des militants et les alertes vues par Reuters.
Apple et le ministère thaïlandais du numérique n'ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de la part de l’agence de presse américaine.
Prajak Kongkirati, politologue à l'Université Thammasat de Bangkok, a déclaré avoir reçu deux courriels d'Apple le prévenant que ses comptes iPhone et iCloud avaient été visés, ainsi qu'une "notification de menace" sur son compte Apple.
La chercheuse Sarinee Achananuntakul et le militant Yingcheep Atchanont, du groupe de veille juridique iLaw, ont déclaré avoir reçu des courriels similaires, tandis que le rappeur antigouvernemental Hockhacker, du collectif Rap Against Dictatorship, ainsi qu’un militant et un homme politique opposés au gouvernement ont publié séparément des captures d'écran du même courriel sur leur profil de réseaux sociaux.
Tous sont perçus comme particulièrement critiques envers le gouvernement thaïlandais.
Les messages disaient : "si votre appareil est compromis par des pirates informatiques liés à un État, ils sont probablement en mesure d’accéder à distance à vos données sensibles, à vos communications ou même à la caméra et au micro".
Plainte contre NSO aux Etats-Unis
Ces alertes interviennent un jour après qu’Apple a porté une plainte aux Etats-Unis contre la société de cybertechnologie israélienne NSO Group et la société-mère OSY Technologies pour surveillance et ciblage présumés d'utilisateurs américains d'Apple à l’aide de leur logiciel d'espionnage controversé Pegasus.
Pegasus est l’un des rares programmes capables d’infecter à distance les iPhones de manière totalement indétectable pour leurs utilisateurs.
Dans un communiqué publié mardi, Apple a déclaré que le groupe NSO avait créé une "technologie de surveillance sous parrainage d’État" destinée à "un très petit nombre d'utilisateurs".
Les messages d'Apple mercredi n'indiquaient toutefois pas explicitement si la marque à la pomme pensait que les Thaïlandais prévenus étaient victimes du logiciel Pegasus.
Des dizaines de victimes présumées dans le monde
Néanmoins, Apple a alerté des dizaines d’autres victimes présumées un peu partout dans le monde, comme le souligne le journal Le Monde.
En 2018, Citizen Lab, organisation canadienne de surveillance de la sécurité sur Internet, avait identifié un opérateur du logiciel Pegasus actif depuis la Thaïlande.
Le gouvernement thaïlandais est toujours dirigé par les architectes du coup d'État de 2014, lesquels se sont maintenus au pouvoir après des élections de 2019 controversées, que l’opposition à dénoncées comme ayant été organisées de manière à favoriser le camp des militaires putschistes.
Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, le meneur du coup d'État, a nié ces allégations, mais il se trouve depuis aux prises avec un mouvement pro-démocratie tenace et déterminé mené par une partie de la jeunesse qui est allé jusqu’à demander des réformes au sein de la royauté, revendication tout à fait inédite dans un pays qui punit sévèrement toute critique faite à la monarchie.
Outre les appels à plus de démocratie, le gouvernement thaïlandais est également critiqué pour sa gestion chaotique de la pandémie qui a ravagé l'économie.