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60 milliards par an: l'Asie du Sud-Est, épicentre mondial de la "méth"

Drogue Thailande methamphetamineDrogue Thailande methamphetamine
Romeo GACAD / AFP - Les policiers thaïlandais font l'inventaire d'une saisie en mai 2018
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 19 juillet 2019, mis à jour le 19 juillet 2019

Les gangs de la drogue en Asie du Sud-Est gagnent plus de 60 milliards de dollars par an en distribuant des quantités record de méthamphétamine, puis en blanchissant les profits grâce aux innombrables casinos qui prolifèrent dans la région, a révélé jeudi une étude des Nations Unies.

Les organisations criminelles tirent également parti de l'amélioration des infrastructures permettant de d'essaimer la méthamphétamine fabriquée en Birmanie vers les marchés voisins, et jusqu'en Australie et au Japon, indique le rapport.

L’étude réalisée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) met en garde sur la baisse conséquente des prix à la revente au détail qui risque de développer le phénomène d’addiction.

"Selon une estimation prudente, de plus de 60 milliards de dollars par an" sont actuellement aspirés par les seuls barons de la méthamphétamine d’Asie du sud-est, a déclaré Jeremy Douglas, représentant régional de l'UNODC, à la presse à Bangkok, lors de la publication du rapport.

L'épicentre mondial des drogues synthétiques

Selon le rapport, les saisies de méthamphétamine - les comprimés «yaba» coupés à la caféine et la version beaucoup plus addictive et plus puissante, la «ice» ou méthamphétamine en cristaux - ont triplé au cours des cinq dernières années.

L'année dernière, 120 tonnes de méthamphétamine ont été saisies en Asie de l'Est et du Sud-Est, contre 40 tonnes environ en 2013, selon le rapport. Les chiffres étaient basés sur les chiffres des saisies de drogue et les renseignements de la police régionale.

Une grande partie de la méthamphétamine provient des laboratoires situés dans l’Etat Shan du Nord, en Birmanie, isolé et sans Etat de droit, qui a relancé le commerce de la drogue du «Triangle d’or».

"Cette région est l'épicentre du commerce mondial des drogues synthétiques", a déclaré Jeremy Douglas.

L'héroïne du Triangle d'or continuerait de générer environ 10 milliards de dollars par an, la Chine constituant le plus grand marché du monde, selon le rapport. 

Mais la méthamphétamine est la nouvelle poule aux œufs d’or.

Des motards convoyeurs de mort à la rescousse

L’étude évoque des bandes de trafiquants de plus en plus sophistiquées et diversifiées qui transportent la drogue à travers l’Asie, préparée par des chimistes taïwanais, le tout orchestré par des financiers obscurs de Thaïlande, de Macao et de Chine, et dirigé par des producteurs birmans qui mettent leur "ice" en paquets de thé.

Des bandes de motards hors-la-loi venus d'Australie et de Nouvelle-Zélande apportent leur contribution pour transférer des livraisons massives d'Asie du Sud-Est vers les marchés d’où ils sont issus. Des marchés où les prix explosent, selon l'étude intitulée "Transnational Organized Crime in Southeast Asia: Evolution, Growth and Impact" selon laquelle les revenus illicites colossaux sont ensuite blanchis dans les dizaines de casinos qui poussent comme des champignons dans la région du Mékong – de la Birmanie jusqu'au Cambodge en passant par le Laos.

"Les producteurs et les trafiquants dominants blanchissent l’argent sale en utilisant des activités basées sur d'importants flux d’argent liquide telles que les casinos, les hôtels et l'immobilier", a ajouté Douglas.

Le rapport indique également que des dizaines de milliards de dollars proviendraient de médicaments, de vêtements et de cigarettes de contrefaçon, ainsi que du commerce illégal d'espèces sauvages et de bois et de la traite des êtres humains.

La Thaïlande se trouve au cœur de la région du Mékong, avec des frontières difficiles à contrôler par la terre et la mer, ce qui en fait un passage idéal pour la drogue, les espèces protégées et les contrefaçons.
 

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