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Scandale OPEKEPE : Kyriakos Mitsotakis secoue son gouvernement et reconnaît un échec

La Grèce traverse l’une de ses plus graves crises politiques de ces dernières années, à la suite d’un vaste scandale lié à la fraude aux subventions agricoles européennes. Au cœur de l’affaire : l’OPEKEPE, l’organisme public chargé de la distribution des aides agricoles de l’UE, accusé de pratiques clientélistes et de détournement massif de fonds. Face à la tempête, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a tenté de reprendre la main avec un remaniement ministériel d’ampleur, mais qui soulève à son tour de nouvelles controverses.

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Écrit par Mounir Moujoud
Publié le 30 juin 2025, mis à jour le 1 juillet 2025

Une enquête européenne et des démissions en cascade

Ce samedi, quatre hauts responsables du parti au pouvoir, la Nouvelle Démocratie, ont été contraints à la démission, tous impliqués dans l’enquête ouverte par le Parquet européen. Cette enquête, déclenchée par la découverte d’abus systématiques dans l’attribution des subventions, a abouti à une amende colossale infligée par Bruxelles : 392,2 millions d’euros à restituer.

Dans la foulée, Athènes a décidé de dissoudre purement et simplement l’OPEKEPE, reconnaissant la faillite totale de son fonctionnement. « Soyons honnêtes : nous avons échoué », a déclaré Mitsotakis, dénonçant une culture politique « russifiée » au sein même de son parti.

 

Un remaniement sous tension

Mais au lieu d’apaiser les tensions, le remaniement décidé samedi suscite déjà de vives réactions. L’annonce qui retient le plus l’attention : la nomination de Thanos Plevris au poste de ministre des Migrations et de l’Asile. Ancien membre du parti d’extrême droite LAOS, Plevris est connu pour ses positions dures sur l’immigration.

Il succède à Makis Voridis, lui aussi issu de cette mouvance et directement impliqué dans le scandale OPEKEPE. Ce choix est interprété comme un signal de continuité idéologique plutôt que de rupture.

 

Une politique migratoire de plus en plus radicale

Dans un contexte où la Grèce fait déjà l’objet de nombreuses critiques d’organisations humanitaires pour sa gestion des demandeurs d’asile, cette nomination a suscité une vive réprobation auprès de l’opposition et des ONG. Ces derniers y voient une radicalisation de la politique migratoire. Alors que le pays cherche à redorer son image sur la scène européenne, cette décision pourrait renforcer les tensions internes et internationales autour des droits humains.

 

Tentative de stabilisation gouvernementale

D’autres postes ont également été redistribués : Harry Theocharis, centriste et technocrate, devient vice-ministre des Affaires étrangères, tandis que Giannis Andrianos, proche des milieux agricoles, prend en main le développement rural. Enfin, le portefeuille de la gouvernance numérique est confié à Christos Dermetzopoulos, 41 ans, symbole d’un renouvellement générationnel affiché.

Mitsotakis tente ainsi d’équilibrer continuité et renouvellement, en combinant figures d’expérience et visages neufs pour répondre à la colère de l’opinion publique.

 

Un appel à une refondation morale et institutionnelle

Dans son discours, le Premier ministre a promis une « perception juste, égale et transparente » du rôle de l’État, affirmant que la politique ne doit plus servir des intérêts partisans. Il appelle à en finir avec les « vieilles pratiques » et promet une modernisation profonde des institutions.

« Le temps est venu pour que l’abcès éclate », a-t-il déclaré, assurant que la lutte contre les pratiques clientélistes sera désormais une priorité absolue.

 

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