A l’occasion des cent ans de la Compagnie des eaux et assainissement d’Athènes (EYDAP) le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et le ministre de l’Environnement et de l’Energie, Stavros Papastavrou, ont annoncé que « L’Attique [la région d’Athènes] sera confrontée à un grave problème d’approvisionnement en eau si aucune mesure radicale n’est prise ».


2,5 milliards d’euros ont été prévus pour parer à la menace de pénuries d’eau majeures qui planent sur la Grèce, et en particulier sur les deux principaux centres urbains d’Athènes et Thessalonique. Parmi ces mesures, il est également prévu un détournement partiel du débit de deux rivières vers Evinos, l’un des quatre réservoirs qui alimente la capitale grecque, d’ici à 2029.

Source : Copernicus EU Sentinel-2 images, photos prises en jan. 2022 and oct. 2025
Cela devrait garantir l’approvisionnement en eau de la ville pour les trente prochaines années. L’exploitation de nouveaux puits, la construction de nouvelles usines de dessalement terrestre et l’amélioration de la gestion du réseau d’eau –miné par de nombreuses fuites - sont également prévus.
Ces annonces interviennent dans un contexte de sécheresse accrue. Les tristes vestiges du village de Kallio, normalement immergés dans le lac artificiel de Mornos ont récemment refait surface.
Le niveau d’eau de ce réservoir, principale source d’alimentation pour la métropole d’Athènes, a en effet drastiquement diminué cette année. Fin octobre 2024, il contenait 279,3 millions de mètres cubes. Aujourd’hui, il n’en contient plus que 152,9 millions – une diminution de 45% par rapport à l’année dernière, et son niveau le plus bas depuis quinze ans. Deux des trois autres réservoirs de la région sont également affectés par ces baisses. De quoi inquiéter dans une métropole qui abrite 30% de la population grecque et subit une pression croissante sur sa demande d’eau.
La Grèce parmi les plus vulnérables au stress hydrique
Selon le Dr. Kostas Lagouvardos, directeur de recherche à l’Observatoire national d’Athènes, le manque de précipitations et de neiges ces dernières années expliquent l’état d’assèchement du réservoir. « La neige est le moyen le plus efficace pour remplir les réservoirs », explique-t-il, « mais nous avons eu très peu de neige ces deux derniers hivers ». Cette tendance vient confirmer le déclin durable de la couverture neigeuse du pays depuis les années 1990. Quant à la pluie, les précipitations enregistrées dans le pays ces dernières années sont bien en deçà des moyennes habituelles de la saison. « Il faut espérer que les conditions météorologiques des prochains mois permettront de combler ces déficits, mais il est aussi nécessaire de mettre en place des mesures techniques appropriées », conclut le Dr. Lagouvardos.
Un épisode de sécheresse aiguë en 1993 dans l’Attique a durablement marqué les esprits. Face à des réservoirs presque vides, l’État grec avait instauré de fortes restrictions de consommation d’eau pour les habitants. La situation n’est pas aussi dramatique aujourd’hui, assurent les scientifiques. Reste que la sécheresse actuelle est directement liée au changement climatique auquel la Grèce est particulièrement vulnérable, et devrait donc s’inscrire dans le temps – quand celle de 1993 était un évènement isolé.
A cause du changement climatique, la Grèce se classe 19ème au rang mondial en termes de stress hydrique d’après le World Resources Institute (WRI), un organisme de recherche indépendant. Si la densité de population en Attique concentre les inquiétudes d’une pénurie, de nombreuses autres régions du pays sont touchées par ce phénomène. La région de Macédoine occidentale a été placée en état d’urgence plus tôt ce mois-ci du fait d’une sécheresse durable. Aussi, pour Mr. Mitsotakis, il n’est plus question d’espérer de meilleures conditions météorologiques. Il faut agir : « Nous devons être préparés pour le pire scénario possible ».
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