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L’ostracisme : l’exclusion comme acte démocratique

L’ostracisme est né au début du Ve siècle av. JC, avec l’avènement de la démocratie. Par cet acte solennel, les citoyens votaient pour éloigner quiconque menaçait la démocratie. Visant normalement les tyrans, il est devenu un outil central du combat politique dans l’Athènes antique. Avoir son nom inscrit sur la céramique signifiait en effet dix ans hors de la cité. Voilà de quoi intéresser ennemis et comploteurs.

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L’idée du bannissement

Les réformes démocratiques furent introduites à la fin du VIe siècle av. JC, après le renversement de la tyrannie. Cependant, les partisans de cette dernière demeuraient. Il fallut donc que les citoyens disposassent entre leurs mains d’un instrument légitime pour se défendre.

Il fut donc décidé d’introduire une procédure permettant d’éloigner par un vote tous ceux qui pourraient menacer la cité et rétablir le pouvoir personnel. Ainsi naquit l’ostracisme.

 

Un vote sans candidat

Chaque année, les citoyens, hommes libres de la cité, se réunissaient à l’Agora. L’ecclésia votait d’abord à main levée sur la nécessité de l’ostracisme. Dans un second temps, chaque citoyen pouvait écrire sur un bout de poterie le nom de celui qui devait être éloigné. Une majorité de six mille voix signifiait une ostracisation pour dix ans.

Le nom d’ostracisme vient d’ostrakon. Ce terme désigne le bout de poterie utilisé pour écrire le nom de celui qui doit être exilé. Ostrakon signifie en grec ancien coquille car à l’origine ce sont les coquilles d’huîtres qui étaient utilisées comme support de vote.

 

Entre intérêt général…

L’ostracisme devait donc permettre d’éloigner tous les partisans de la tyrannie, comme ce fut le cas des Pisistratides. Il pouvait aussi servir à faire pression sur tout dirigeant qui voudrait s’éloigner de l’intérêt de la cité.

Mais, il servait aussi à assurer l’unité en tant de crise. Par exemple, lors des guerres médiques, Thémistocle défendait la nécessité d’une grande flotte pour pouvoir affronter les Perses. Xanthippos et Aristide qui s’y opposaient vigoureusement furent donc ostracisés au nom de l’intérêt de la cité car les dissensions auraient menacé et paralysé la cité en tant de guerre.

 

…et combat politique

Après la disparation des tyrans, l’ostracisme fut surtout utilisé par les hommes politiques qui s’opposaient les unes contre les autres. Citons par exemple Thémistocle ostracisé par Cimon qui lui-même le sera par Éphialtès.

Grâce à l’influence que chacun exerçait, il pouvait s’appuyer sur ses partisans pour être suivi lors des votes et obtenir des majorités en faveur de l’ostracisation de ses opposants. Les travaux archéologiques ont justement montré que de nombreux ostrakons étaient inscrits par la même main, signifiant qu’ils avaient peut-être été faits par des partis influents puis distribués aux citoyens.

 

La fin de l’ostracisme

De fait, l’ostracisme s’éloigna de l’intérêt général et frappa de nombreuses personnes de manière disproportionnée. L’absence de débats et de défense fit que l’ostracisme pouvait frapper sans justification.

Les travaux archéologiques ont par exemple permis de retrouver treize milles ostrakons. Sur certains, furent dessinés des serpents ou des chiens, symbolisant la laideur morale, mais pas nécessairement l’irrespect des lois ou la tyrannie.        

Enfin l’ostracisation pendant dix ans était devenue caduque car trop longue. C’est ainsi que de nombreuses personnes furent rappelées à la cité. Citons par exemple Aristide le Juste, rappelé seulement deux ans après, afin de mener le combat contre les Perses.  

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