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L’eau : le prix d'une ressource en danger

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GNTO
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 3 mai 2021, mis à jour le 1 août 2023

 

Plus de 2 milliards de personnes à travers le monde n'ont toujours pas accès à l'eau potable, et plus de 4 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires. La Journée mondiale de l’eau qui a été célébrée en mars dernier « a invité les pays du monde entier à réfléchir sur la valeur de ce liquide indispensable à notre survie »

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Crédit photo :Garret Sears

Cette précieuse ressource naturelle fait encore défaut dans de trop nombreuses régions du monde: plus de 2,2 milliards de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 4,2 milliards ne disposent pas d'installations sanitaires sûres, selon les chiffres des Nations Unies. Par ailleurs, alors que la consommation d'eau a été multipliée par six au cours du siècle dernier et qu'elle augmente à un rythme d'environ 1 % par an, on estime que le changement climatique et la fréquence croissante des événements extrêmes, tels que les tempêtes, les inondations et les sécheresses, aggraveront la situation dans les pays qui souffrent déjà de stress hydrique.

 

Une situation critique pour la Grèce

La demande d’eau dépasse largement l’offre en Grèce et le changement climatique aggrave la situation. La Grèce doit agir maintenant pour assurer son avenir en matière d’eau.

Dans l’ensemble, la Grèce dispose de l’un des meilleurs approvisionnements en eau par habitant en Méditerranée, mais ses précipitations varient énormément d’une région à l’autre. Alors que l’ouest est relativement humide et les montagnes peuvent obtenir 2150mm de précipitations par an, d’autres régions ont à peine 400mm de pluie, beaucoup moins qu’ils ont besoin pour satisfaire la demande. Ce déséquilibre voit des régions comme l’Attique, Thessalonique et le sud de la mer Égée faire face à des pénuries d’eau à long terme. D’ici 2050, la Grèce pourrait être 2 °C plus chaud avec 18 pour cent moins de précipitations. Les sécheresses pourraient devenir plus fréquentes et plus intenses, tandis que la recharge des eaux souterraines, dont dépend une grande partie de la Grèce, pourrait continuer à baisser. La Grèce puise plus de 40 pour cent de son eau utilisable dans les aquifères souterrains, souvent plus sur les îles. Mais dans de nombreux endroits, comme l’île de Crète et la ville de Corinthe, les eaux souterraines sont extraites plus rapidement qu’elles ne peuvent être naturellement rechargées ; ce qui malheureusement permet également à l’eau salée de s’infiltrer et de contaminer l’ensemble de l’approvisionnement.

En Grèce, les ménages représentent 14 pour cent de la consommation d’eau et c’est l’un des plus grands utilisateurs d’eau dans l’Union européenne- près de 177 litres par personne et par jour. 

 

Des rencontres internationales promues par le Vatican

C’est le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral du Vatican qui a organisé dernièrement une série de rencontre en ligne auxquels ont participés des intervenants issus de diverses structures de l'Église, d'organisations internationales ou régionales et responsables politiques. Ils ont partagés leurs réflexions et leurs témoignages en s’appuyant sur Aqua fons vitae, un document publié l'an dernier par ce même dicastère pour sensibiliser à la valeur de l’eau. Ce texte décrit notamment trois aspects de l'eau : l'eau en tant que ressource à usage personnel, un droit qui inclut l’assainissement, l’eau en tant que ressource utilisée dans de nombreuses activités humaines, en particulier l'agriculture et l'industrie, enfin, l'eau en tant que surface, c'est-à-dire tout ce qui concerne les rivières, les eaux souterraines, les lacs, les mers et les océans.

Tebaldo Vinciguerra, en charge des questions environnementales au sein du Dicastère, rappelle combien le dialogue est essentiel face aux défis relatifs à l’eau :

« L’eau, un bien primaire, n'appartient pas à tout le monde, c'est vrai ! Il est donc important de profiter de cette journée que les Nations unies ont décidé de célébrer cette année avec le slogan “La valeur de l'eau”. Et je vous assure que ceux qui n'ont pas d'eau pour cuisiner, pour leur hygiène personnelle, mais aussi pour être soignés correctement à l'hôpital, comprennent très bien la valeur de l'eau. Aujourd'hui, plus de 2 milliards de personnes ont un problème d'accès régulier à l'eau potable en quantité et qualité suffisantes, et plus ou moins 4 milliards de personnes ont un problème d'assainissement, selon les chiffres des Nations unies ; plus de 600 millions de personnes défèquent toujours en plein air.

Cette journée internationale de l’eau a permis de mettre en lumière un élément trop longtemps ignoré, du moins par une partie de l'humanité, car l'accès à l'eau, ce bien commun si précieux, ne doit pas être considéré comme un acquis et il n’est pas systématiquement garanti. L'eau, comme nous le lisons dans le document Aqua fons vitae, a différentes valeurs, dont une valeur institutionnelle et de paix, car là où manque l’eau, manque souvent la paix.

D'autre part, il y aussi de tristes exemples de la façon dont les ressources en eau communes sont gaspillées, exploitées, ruinées, et disparaissent, parce que chacun fait comme ça l’arrange, sans se soucier du bien commun. Il est donc très important de considérer l'eau comme un instrument, un motif de paix et d'entamer des négociations. Le système législatif et juridique s'est toujours intéressé à l'eau, donc avoir de bonnes administrations, une gouvernance saine, qui gère l'eau selon un principe de subsidiarité et en pensant à tous, aux générations futures et à la durabilité environnementale, c'est vraiment un élément important pour la paix, pour la vie institutionnelle et pour la démocratie..."

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Les objectifs de développement durable fixés pour 2030...sont encore bien loin

Les Nations unies ont lancé des avertissements sévères : "nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre l'objectif d'accès à l'eau pour tous et à l'assainissement d'ici 2030, et c'est très inquiétant. Il est embarrassant pour l'humanité du XXIe siècle d'avoir ces inégalités dramatiques entre ceux qui, d’une part, ont accès à toute l'eau qu'ils veulent, même en l'important et en la purifiant à l'aide de mécanismes sophistiqués et coûteux et ceux qui, d'autre part, luttent pour avoir le minimum nécessaire pour survivre."

La responsabilité des États dans ce domaine est fondamentale.  Ce qu'il faut, c'est de la détermination, une volonté de faire réellement de cet objectif une priorité, afin de faire en sorte que l'accès à l'eau et à l'assainissement permette ensuite l'accès à d'autres droits. À quoi bon parler d'éducation, de droit à l'alimentation ou de droit aux soins de santé si le problème de l'accès à l'eau et de l'assainissement se pose ? Quel sens cela a-t-il de dire "lavez-vous les mains" pendant cette pandémie pour combattre le virus, si les pays d'Afrique et d'Amérique centrale n’ont pas les moyens de perdre de l’eau. La population est incapable d'adopter les mesures d'hygiène de base, précisément à cause du manque d'eau.

Dans le classement international, la Grèce est actuellement classée 26ème pour le stress hydrique dans le monde et ses prévisions de changement climatique sont sombres : environ 30 pour cent de la Grèce pourrait devenir désert au cours des prochaines décennies si le gouvernement n’éduque pas son peuple.

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Crédit photo : Amber Goetz

 

 

 

 

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