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50 ans de l’invasion de Chypre : comment la Grèce et la Turquie ont-elles commémoré ?

Il est 05:30 du matin, heure locale. Au Sud de l’île, contrôlée par la République de Chypre – la seule partie reconnue par la communauté internationale et membre de l’Union Européenne depuis 2004 – les sirènes ont retenti. Pile à l’heure où, 50 ans auparavant, avait début l’opération Attila menée par l’armée turque.

Commemoration chypreCommemoration chypre
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 23 juillet 2024, mis à jour le 24 juillet 2024

La Turquie a conquis près d’un tiers du territoire chypriote, provoquant le déplacement d’environ 40% de la population. Depuis, une zone « tampon » traverse l’île d’Est en Ouest. Les forces de maintien de l’ONU y patrouillent régulièrement, avec des points de passage et des contrôles à la frontière (la « ligne verte ») entre les deux parties de l’île. Au Sud, la population y est à majorité grecque ; au Nord, c’est l’influence turque qui domine.

 

 

Nikos Christodoulides au Sud de l’île

Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec, a assisté dans la soirée aux commémorations aux côtés de Nikos Christodoulides, le Président de Chypre. Il a notamment été invité à la présentation d’un projet artistique autour de la mémoire de l’invasion.

Dans la matinée, le Président chypriote avait déjà présidé une cérémonie pour la mémoire des soldats morts dans l’invasion. Il a poursuivi sa journée en effectuant un service religieux à Kokkinotrimithia, un village à l’Ouest de Nicosie, la capitale.

Pendant les discours officiels des deux dirigeants, le Président Christodoulides a réaffirmé sa position quant à une réunification : c’est, selon lui, la seule option possible pour parvenir à la paix sur le territoire chypriote. « Si la Turquie souhaite vraiment que les conditions de sécurité et de stabilité prévalent dans la région, si elle veut vraiment se rapprocher de l’UE […], elle connaît très bien le chemin à suivre pour y parvenir », a-t-il déclaré au micro de plusieurs médias.

De son côté, Nikos Christodoulides a promis de « faire tout ce qui est possible pour libérer et réunifier l’île ».

 

Une fête pour la Turquie

Dans la République Turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, l’ambiance est bien différente. Si l’heure est au recueillement solennel au Sud, au Nord, la date de l’invasion de Chypre est célébrée en grande pompe.

 

Musiques truques, couleurs rouge et blanc… Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi honoré de sa présence à Nicosie (au Nord de la capitale) lors de commémorations et d’un défilé militaire.

 

Mais il a tenu un discours diamétralement opposé à celui du Président chypriote : « Nous pensons qu’une solution fédérale n’est pas possible à Chypre. Nous poursuivons nos efforts pour la reconnaissance de la République turque de Chypre et la réalisation d’une finalité à deux États », a affirmé Recep Erdogan. Il ne voit même « aucun bénéfice à reprendre les négociations sous l’égide de l’ONU ». « La partie chypriote turque devrait s’asseoir avec la partie chypriote grecque sur un pied d’égalité », pour « une paix durable et une solution », a-t-il fermement affirmé.

 

Et il a profité de son déplacement pour faire quelques annonces concernant le futur des Chypriotes turques. Le pays serait prêt à construire une base militaire navale au Nord de Chypre « si nécessaire » : « Nous pouvons construire une base et des structures navales dans le Nord. Nous avons aussi la mer », a déclaré Recep Erdogan dans l’avion le ramenant en Turquie. Il accuse la Grèce de vouloir faire la même chose au Sud de l’île.

 

Les deux parties campent donc sur leurs positions et, 50 ans après l’invasion de Chypre, ne sont pas encore prêtes à se mettre d’accord quant à l’avenir de l’île et de sa population.

lepetitjournal.com Athènes
Publié le 23 juillet 2024, mis à jour le 24 juillet 2024

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