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La Grèce instaure la semaine de travail de six jours

Depuis le 1er juillet, une nouvelle loi en Grèce permet à un plus grand nombre d'employeurs d'appliquer des horaires de travail de six jours à leurs employés. Cette mesure, soutenue par le gouvernement conservateur du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, suscite de vives réactions parmi les travailleurs et les syndicats.

Semaine de six joursSemaine de six jours
Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 7 juillet 2024, mis à jour le 8 juillet 2024

Les raisons derrière la nouvelle législation

La décision d'introduire une semaine de travail de six jours repose sur plusieurs justifications économiques et démographiques. La Grèce, qui lutte contre une baisse de la démographie et une pénurie de travailleurs qualifiés, espère que cette nouvelle mesure stimulera la productivité et aidera à résoudre ces problèmes.

Selon le gouvernement, la loi permettrait de mieux rémunérer les heures supplémentaires et de lutter contre le travail non déclaré. Le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis a déclaré que cette législation est "favorable aux travailleurs" et "profondément axée sur la croissance".

Les employés travaillant le sixième jour recevront une majoration salariale de 40 %. En Grèce, où le salaire moyen est d'environ 900 euros par mois, cette augmentation pourrait représenter un avantage financier significatif pour certains travailleurs.

 

Une mesure controversée

Malgré les intentions déclarées du gouvernement, la mesure a été mal accueillie par de nombreux travailleurs et syndicats. Les critiques soulignent que les Grecs travaillent déjà en moyenne 39,8 heures par semaine (source: Eurostat, 2023), ce qui est l'une des durées de travail les plus élevées en Europe. Comparée à la moyenne européenne de 36,1 heures par semaine, cette nouvelle législation semble aller à contre-courant des tendances observées dans d'autres pays européens, où la semaine de quatre jours est de plus en plus discutée.

Akis Sotiropoulos, membre du comité exécutif du syndicat des fonctionnaires Adedy, a déclaré "Alors que presque tous les autres pays civilisés instaurent la semaine de quatre jours, la Grèce décide de faire l'inverse". Il ajoute que "cette mesure a été adoptée par un gouvernement qui s’est engagé idéologiquement à générer des profits toujours plus importants pour le capital".

 

Les impacts sur la productivité et la qualité de vie

Selon les syndicats, affaiblis par la crise de 2009, cette nouvelle mesure constitue un changement "barbare" qui détériore la qualité de vie des travailleurs. Les opposants à la réforme évoquent souvent des "salaires bulgares dans un pays aux prix britanniques". Dans un pays où les inspections sur les lieux de travail sont quasi inexistantes, la crainte est que cette mesure soit utilisée pour imposer des conditions de travail plus dures sans véritable contrepartie pour les employés. Selon les économistes, le principal problème de l'économie grecque n'est pas le nombre total d'heures travaillées, mais la productivité de ce travail. Selon les données de la Commission européenne, la productivité nominale du travail par heure travaillée en Grèce est inférieure d'environ 40% à la moyenne européenne. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation, notamment le manque d'investissement dans les nouvelles technologies, une main-d'œuvre dépourvue des compétences nécessaires et un niveau élevé de bureaucratie.

Alors que certains pays européens expérimentent la semaine de quatre jours pour améliorer la productivité et la qualité de vie des travailleurs, la Grèce a choisi une direction opposée. Un membre du comité exécutif d'un syndicat de fonctionnaires a expliqué: "Une meilleure productivité s’accompagne de meilleures conditions de travail, d’une meilleure qualité de vie et cela, nous le savons maintenant, se résume à moins d’heures de travail et non à plus. Avec une semaine de travail de 48 heures, le stéréotype du Grec paresseux vole en éclats, ils pourront donc désormais travailler davantage pour gagner un peu plus."

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