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Jannis Varelas au Musée Benaki : la mutation vous contemple

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© Andreas Simopoulos
Écrit par Fanny VAURY
Publié le 30 septembre 2019

Jusqu'au 17 novembre, le Musée Benaki présente l'exposition solo de Jannis Varelas, Anima I. L'artiste grec propose une série de peintures et d'installations turbulentes. Une exposition joueuse, inspirée.

Ils sont nombreux à se presser, ce mercredi soir, à la soirée inaugurale de l'exposition Anima I de Jannis Varelas au Musée Benaki du 138 Pireos. Dans la fameuse cour intérieure du musée zébré de lattes de bois comme autant d'écailles, difficile de se frayer un chemin pour accéder à l'entrée des expositions. Aurait-on embarqué par mégarde dans un ferry de croisière ?

Non, finalement, les grands escaliers se dressent devant nous. À mesure que l'on monte, les curieux massés en contrebas rétrécissent à travers les baies vitrées. Au deuxième étage, l'exposition nous attend. Elle tient dans une large salle, au centre de laquelle trône une installation faite d'éléments disparates (tapis, chaise, figures de chiffon, éléments matelassés...). Sur la gauche, un diptyque, au fond un triptyque, plus loin des installations de céramiques ou de minéraux. Sur la droite, une installation de 9 écrans en mosaïque montre les coulisses de la création : les modèles, des proches de l'artiste, jouant dans son studio.

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Modèle en action © Musée Benaki

Ce qui frappe en premier lieu, c'est l'explosion de couleurs. Une quinzaine de peintures grand format laissent éclater leurs teintes, à la fois sales et lumineuses : des rose, des jaunes, des outremers intenses, côtoient des marrons vaseux et des verts sapin. La technique, fluide, combine savamment geste spontané, jaillissement de la ligne, gribouillis naïf, et maîtrise extrême d'une peinture ultra-réaliste, à l'image des inclusions de bouquets de fleurs, de salade verte et d'oranges qui se promènent d'une toile à l'autre, comme des natures mortes parallèles. Le médium est souple : il invite sans crainte collage, dessin, tache ou aplat maniaque.

L'ensemble forme une œuvre brute et incandescente, dans laquelle évoluent d'étranges personnages et des objets hétéroclites. Il y a du grotesque dans l'inventaire : de gros pieds, des slips sous des collants, des seins, du sang, des pistolets en plastique, des soldats de plomb, des guirlandes d'aluminium. C'est un nouveau Jannis Varelas qui se montre là. Si l’œuvre est toujours bigarrée et foisonnante, elle présente, dans Anima I, un visage plus onirique qu'à l'ordinaire, une forme d'énergie enfantine, oscillant entre la terreur et l'espièglerie. Ses peintures sont ici moins « ornementales » que ses œuvres précédentes : elle relèvent plutôt de la narration hallucinée. Les céramiques, elles, forment des êtres polymorphes, gluants et cabossés. L’œuvre, dans son ensemble, est soumise aux déformations, aux mutations ; en sommes-nous bien les spectateurs ? Ou ses figures nous regardent-elles, tendant un miroir saugrenu sur nos fragilités ?

Jannis varelas musée benaki
© Musée Benaki

Pour en arriver à ce résultat protéiforme, l'artiste s'est inspiré des travaux de Carl Jung définissant le concept duel animus/anima dont tout être serait constitué, imbriquant psychés masculine et féminine, raison et émotion, représentations individuelles et archétypes collectifs. En faisant dialoguer monologue intérieur, mythes et fantômes, Varelas explore la métamorphose, celle des figures anciennes autant que celle du genre, ré-envisagée sous un angle contemporain. L'être qu'il conçoit est, même dans sa posture pataude, fluide et mouvant, mâle et femelle, fort et vulnérable : en un mot, paradoxal, comme l'est la condition humaine.

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© Musée Benaki

Né en 1977, Jannis Varelas partage sa vie entre Athènes, Vienne et Los Angeles. D'expositions personnelles en foires d'art contemporain, ses œuvres parcourent le monde entier. Elles figurent dans les collections les plus prestigieuses, de la galerie londonienne Saatchi à la fondation Onassis de New York. L'exposition de Varelas est un événement d'envergure internationale à ne pas manquer. Sous le patronage du Stegi d'Athènes, des galeries The Breeder  (Grèce), Forsblom (Norvège) et Krinzinger (Autriche), il inaugure magistralement cette rentrée 2019.

Adresse : 138 Pireos & Andronikou St., 118 54 Athens

Horaires d'ouverture : 

Jeudi / Dimanche : 10:00 – 18:00

Vendredi / Samedi :  10:00 – 22:00
Fermé les lundi, mardi et mercredi

Tarifs : Tarif réduit 3,5 € / Tarif plein 7 €

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