

Mardi 26 janvier, le chef de police Hellénique a annoncé l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes en extérieur, ce jusqu'au 1 er février. Cette restriction a suscité l’indignation car elle complique la tenue de deux manifestations prévues cette semaine. Pour beaucoup, la pandémie est utilisée comme excuse pour favoriser la répression.
5000 euros d’amende pour les organisateurs moraux d’un rassemblement de plus de 100 personnes et 3000 euros pour les organisateurs physiques. C’est ce qui attend ceux qui dérogeraient à la l’annonce de Michalis Karamalakis, le chef de la police Hellénique, d’interdire les rassemblements extérieurs de plus de 100 personnes, jusqu’au 1 février. Les éventuels participants, eux, devront verser 300 euros d’amendes aux autorités.
Si ces sommes non négligeables ont de quoi dissuader, il n’en reste pas moins que cette suggestion du Comité national pour la protection de la santé publique a immédiatement été controversée.
A qui profite la situation ?
De son côté, Michalis Karamalakis s’est défendu en arguant de la protection civile et de la lutte contre la pandémie, qui a récemment dépassé la barre des 2 millions de décès dans le monde, pour 100 millions de contaminations.
La Grèce ne semble pour l’heure pas être dans une situation catastrophique concernant le nombre de décès et de contaminations, avec, au 21 janvier, des taux de contamination plus faible que la plupart des pays européens, selon la carte du coronavirus du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Les commerces ont d'ores et déjà été ré ouverts, et les écoles devraient suivre lundi 1 er février.
Cette mesure, officiellement d’intérêt public, serait donc préventive. Officieusement, elle servirait de couverture pour empêcher une trop forte montée des revendications sociales.
Autorité, liberté, sécurité
Cette décision a suscité de vives réactions du côté de l’opposition, notamment de la part du parti de gauche SYRIZA pour qui "le respect des mesures sanitaires et la limitation de regroupements trop importants ne peut pas être un prétexte à des décisions arbitraires et antidémocratiques". Le parti accuse le gouvernement de "traiter la pandémie non pas comme une question de santé publique mais comme une opportunité de répression".
L’organisation politique “youth SYRIZA” a par ailleurs fait part de son positionnement sur les réseaux sociaux. “Ils ne nous font pas peur, nous ne reculerons pas”. A-t-elle déclaré. Une mobilisation étudiante était prévue jeudi 28, pour la réouverture des universités et contre le projet de loi du ministère de l’éducation qui vise notamment à instaurer une surveillance policière accrue au sein des établissements scolaires. Sujet d’autant plus délicat qu’il rappelle la répression sanglante opposant étudiants et forces de l’ordre, qui s’était déroulée à l’École Polytechnique d’Athènes en novembre 1973, contre la junte des colonels alors en place.
“Il est du devoir de tous d'unir nos voix contre des mesures inconstitutionnelles, qui conduisent à une société en crise, à la détérioration des relations sociales et à l’éloignement de la démocratie”
Syriza Youth
Dans le même esprit, le député du parti de gauche MEPA25, Georgios Logiadis, a condamné devant le parlement cette mesure, accusant le gouvernement de se cacher derrière les autorités policières.
Vendredi, une autre manifestation s’annonce compliquée, cette fois en soutient à Dimitris Koufontinas, membre de l’organisation révolutionnaire du 17 novembre, jugé pour plusieurs assassinats entre 1975 et 2000. Cette marche visait à soutenir sa démarche de grève de la faim entamée début janvier, pour obtenir son transfert dans une autre prison.
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