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Droits des femmes à Athènes, une marche aux multiples revendications.

Grèce mouvement femme 8 marsGrèce mouvement femme 8 mars
Helene Decaestecker
Écrit par Hélène Decaestecker
Publié le 11 mars 2021, mis à jour le 11 mars 2021

La journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars, a bien été célébrée à Athènes. De nombreux grecs se sont réunis sur la place Klafthmonos pour entamer la marche annuelle. Athéniennes et athéniens unis pour une cause particulièrement importante en ces temps difficiles.

 

Journée femme Grèce mouvement

Après le développement, il y a quelques semaines du mouvement #Metoo et les révélations sur Dimitris Lignadis, ancien directeur du théâtre national grec, accusé et jugé de plusieurs viols sur mineurs ; les slogans sont forts.

L’ambiance était néanmoins enthousiaste et vive. Beaucoup de jeunes étaient présents. Beaucoup d’hommes également. Avant d’entamer la marche, diverses personnes crient ou chantent leurs revendications sur une petite scène spécialement installée pour l’occasion. Les différentes locutrices revendiquent une plus forte égalité des sexes, une meilleure reconnaissance de la femme par la population mais surtout par le gouvernement. Elles n’oublient pas également d’évoquer le féminicide de rendre hommage aux dernières femmes décédées.

"Nous les femmes de Grèce"

Diverses organisations avec des revendications multiples prenaient à leur tour la parole avant de reprendre leur place dans le cortège derrière leur banderole. Une femme camerounaise immigrée en Grèce évoque son combat et implore au gouvernement de l’entendre.  “​Nous, les femmes de la Grèce, nous demandons à l'Etat grec de nous accorder des papiers. De pencher un regard envers nous. Nous n'avons pas accès aux soins, nous n'avons pas accès à l’éducation. Nous n’arrivons pas à travailler. Nous demandons que dieu nous donne la force dans ce combat parce que nous sommes une même famille, et si on ne nous donne pas assez, la famille n’existera plus. Vive la Grèce, vive le Cameroun ! ​” 

Grèce mouvement femme 8 mars

La marche commence, s’avançant en direction du Parlement. Nous sommes serrés mais la plupart, si ce n’est pas l’intégralité, les manifestants sont masqués. Les tags, slogans, affiches sont présents en masse. On retrouve de nombreuses revendications et offuscations qui dépassent les droits des femmes. Le gouvernement, et particulièrement le Premier ministre ne sont pas associés à de jolis noms. En discutant pendant la marche, on découvre que les manifestants sont unanimes : "​Nous sommes présents pour le droit de femmes et le droit à l’égalité mais nous sommes là aussi pour montrer que nous n’apprécions plus le gouvernement. ​” affirme Katarina, jeune professeure en lui demandant la raison de sa présence ici.

Des conditions qui aggravent la situation des femmes 

Avec ses amies, elle me présente et me traduit les pancartes. Je découvre alors que la plupart sont de fortes critiques politiques. Nous rencontrons aussi Angelo, engagé en politique depuis ses années étudiantes, il y a de cela une trentaine d’années. Tract à la main, il est venu avec d‘autres membres de son parti, le SEK, parti socialiste des travailleurs, qui a participé à l’organisation de cette journée. Il milite en faveur de l’évolution d'une société, qui respecterai les droits de tous. “​Il y a une crise en Grèce pour tous les travailleurs et encore plus pour les femmes. ​” Commence-t-il. “​Nous pensons que la crise sanitaire en plus de la crise financière aggrave les conditions des femmes. Elles ont des emplois moins stables, avec des plus petits salaires, des horaires fous, plus de contraintes, les enfants à garder car les écoles sont fermées... Leur situation est grave. Elles ne sont pas toujours non plus en capacité de résister face à leurs supérieurs qui ont plus de pouvoir car elles ne peuvent pas se permettre de perdre leur travail.”​ poursuit -il. 

Grèce mouvement femme 8 mars

Pour lui, la crise sanitaire a aggravé des difficultés déjà présentes dans une société où la tradition est encore très ancrée et où les mentalités évoluent lentement. “​Notre gouvernement de droite promeut ce mode de pensée traditionnel, il faut lui montrer qu’il ne peut pas fonctionner comme ça !”​

Ce lundi, ce sont des centaines de personnes qui défilaient dans les rues d’Athènes. Un cri d’espoir pour Angelo qui perçoit une évolution des mentalités et un intérêt croissant depuis le temps qu’il milite au sein de son parti et sensibilise régulièrement les passants dans les rues d’Athènes.

​Les jeunes ne croient plus en ce système-là !”​ Avance-t-il, “​On croit que les choses bougent et que notre gouvernement va faire face à de plus en plus de difficultés. La société patriarcale et notre système politique font qu’une position de pouvoir et le fait de gagner beaucoup d’argent donnent l’impression de pouvoir faire ce qu’on veut. Les femmes souffrent en premier de cette situation, mais personne n’a le droit de toucher à l’égalité entre les hommes et les femmes​.” conclut-il.

La marche s’est terminée avec un sentiment d’espoir pour les années futures.

 

Texte : Elisa Savaete en collaboration avec Hélène Decaestecker

 

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