C’est comme si Madame Vassiliki Mylona avait vécu plusieurs vies. D’abord cheffe de projet dans le milieu des télécommunications puis membre du comité directeur du projet « Global 95, » la grecque s’épanouissait pleinement dans sa vie professionnelle. Seulement, la perte de son fils de 22 ans dans un accident de voiture en 2004 a tout bousculé. L’année suivant son décès, Mylona décide de créer une institution de prévention routière nommée « Panos Mylonas » en l’honneur de son enfant. Du haut de ses 66 ans, Vassiliki Mylona raconte aujourd’hui en quoi son association a changé sa vie ainsi que celle de nombreux chauffeurs grecs.
LPJ : Madame Mylona, vous décidez de débuter votre combat associatif le 12 mai 2005 avec la création de l’institut de prévention routière « Panos Mylonas. » Comment cette association vous a-t-elle aidé à surmonter une telle épreuve ?
V.M : Comment dire...Cela ne m'a jamais vraiment aidé à surmonter complètement cette épreuve... (Quelques secondes s’écoulent avant qu’elle ne poursuive). Cela a plutôt été pour moi comme une possibilité de pouvoir rendre moins éprouvant mon deuil en choisissant d’agir. En 15 ans, je pense que l’institut a sauvé beaucoup de vies. Quand je vois les jeunes aujourd’hui devant leurs universités, je ne suis pas triste. (NB : Son fils se rendait à l’université lors de l’accident). Je me dis qu’ils sont en meilleure sécurité grâce à nous. C’est ce sentiment d’évolution qui m’aide au quotidien.
Aujourd'hui, l'association est le plus grand institut de sécurité routière présent en Grèce. Comment expliquez-vous un tel succès?
Je pense que c’est d’abord grâce à notre engagement. (Elle réfléchit…) Nous avons travaillé sans cesse pendant 15 ans. Si bien que nous nous sommes fait repérer par le programme de l’Union Européenne appelé « Nous sommes tous citoyens. » Grâce à lui, nous touchons chaque année des subventions provenant de plusieurs pays de l’Espace Economique Européen (EEE) nous permettant ainsi de financer et renforcer nos actions. Réussir à bénéficier de ce programme a été difficile. Nous avons dû d’abord nous faire connaître auprès de la population grecque et cela n'a rien de facile. Nous avons aussi dû être toujours transparents sur nos projets et volontés. Cela a été un long travail. Notre Organisation Non Gouvernementale (ONG) est montée petit à petit et ce n’était pas toujours facile. J’expliquerai donc cette réussite par avant tout un long acharnement. (Elle souffle de soulagement)
Justement, quelles sont les actions que vous avez mises en place pour sensibiliser les jeunes et les chauffeurs ?
Il y en a énormément. Leur point commun est qu’elles sont toutes centrées sur l’être humain. Chacune d’elle cherche à sensibiliser le citoyen et nous travaillons pour cela avec plusieurs organisations dans tout le pays afin de toucher le plus de monde. Il y a par exemple notre traditionnelle semaine de prévention routière en mars. Elle consiste à distribuer une fois dans l’année des flyers de « gentillesse sur la route » dans les stations-service grecques au bord des autoroutes. Il y a aussi notre programme « nuit sans accident » qui a lieu deux fois tous les ans. Nous allons à la rencontre des jeunes devant les boites de nuit pour les sensibiliser à la consommation d’alcool au volant. La dernière campagne a eu lieu le 20 octobre dernier où 700 jeunes de l’institut se sont réunis à l’entrée de 41 clubs. Leur but était de partager le message : « Tout le monde s’amuse mais attention pour le conducteur, l’alcool et le volant ne vont pas de pair. »
Et êtes-vous satisfaite de l'impact de vos actions ?
Non. Je ne peux pas être satisfaite tant qu’il y a encore des morts sur la route. Nos actions sont tout de même devenues de plus en plus populaires depuis que nous avons intégré le programme « AVENUE » avec une dizaine d’autres organisations européennes comme la nôtre de 2010 à 2014. (Elle cherche ses mots). Le but est de diminuer les accidents en menant une campagne globale et cela a marché au point que l’UE adopte et promotionne ce programme. Depuis, nous sommes plus suivis et nos actions ont beaucoup de retombées. Mais il y a encore beaucoup de travail à effectuer. Nous sommes loin de la ligne d’arrivée.
Alors quel est le prochain objectif à accomplir ?
J’aimerais que nous réussissions à sensibiliser davantage nos politiques. Nous sommes indépendants et nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec notre ministère afin qu’il favorise l’application sur notre pays de programmes de prévention européens. (Elle réfléchit…) Je souhaiterai que cela se poursuive et s’intensifie à l’avenir, peu importe le pouvoir en place.
Madame Vassiliki Mylona a été à plusieurs reprise honoré par : le gouvernement suédois pour sa contribution au développement de l’ISO 39000 , par le Parlement européen avec le Prix européen du citoyen pour le travail réalisé pour la sécurité routière au niveau paneuropéen, l’Association des droits des femmes pour la contribution et l’offre à la société sur le travail inspirant et habilitant sur la sécurité routière en tant que droit et en tant que responsabilité à vie et l’Association des compagnies d’assurance en Grèce (prix honorifiques)
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