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COVID-19 : Durcissement du confinement à Athènes et en Attique

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Dimitris Chapsoulas
Écrit par Noé Kolanek
Publié le 11 février 2021, mis à jour le 11 février 2021

Après avoir recensé au moins 1.526 cas du nouveau variant britannique de COVID-19, dont la moitié en Attique, ainsi qu’un nombre total de décès venant de dépasser les 6.000 morts, le conseil des épidémiologistes réuni exceptionnellement le 9 février s’est prononcé en la faveur d’un verrouillage plus strict en Attique.

A la suite de cela, le gouvernement grec a pris la décision de tenir un discours télévisé le soir-même afin d’annoncer de possibles mesures de durcissement en Attique. Le Premier Ministre Kyriakos Mitsotakis a alors par ce biais annoncé un resserrement de l’étau avec des fermetures sanitaires concernant à la fois les écoles et les commerces non-essentiels. Ces fermetures concernent uniquement la capitale grecque et l'unité régionale de l'Attique.

Le chef de la protection civile grecque, Nikos Hardalias, a de plus défini des mesures supplémentaires en lien avec le resserrement du verrouillage grec le lendemain, c’est-à-dire le 10 février. Celles-ci concernent les transports en commun qui ont dorénavant le devoir depuis le 11 février de ne pas dépasser un taux de remplissage n’excédant pas 65% de ses capacités. D’autres mesures exceptionnelles ont été également décrétées par Nikos Hardalias concernant les fleuristes, qui auront le droit d’ouvrir le 13 et 14 février en perspective de la Saint-Valentin, et les écoles d'éducation spécialisée qui sont toujours autorisées à perpétuer leur enseignement en présentiel.

De plus, ce nouveau verrouillage est entré en vigueur à 6h le jeudi 11 février et durera au moins jusqu'au 28 février 2021. Le couvre-feu en Attique ainsi qu’à Athènes reste pour autant identique, à savoir de 21h à 5h en semaine et de 18h à 5h les weekends.

Pour justifier son choix, Kyriakos Mitsotakis a expliqué que le pays était, pour l’heure, « l’une des nations de l’UE les plus résistantes face au coronavirus » puisque selon les données officielles : « La Grèce occupe actuellement la 23ème place parmi les 27 de l'UE en matière de décès » mais que « le danger réapparaissait. »

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Ce danger se matérialise selon lui par « une augmentation des hospitalisations en Attique où les structures de santé se remplissent progressivement. Et que, d'autre part, les mutations du virus recensées en Grèce semblent accélérer sa transmissibilité. » C’est pourquoi le Premier Ministre a décidé de mettre en place des « mesures ciblées » afin « d’avoir une longueur d’avance sur le COVID-19. »

Une annonce fortement contestée

Seulement, les décisions étatiques paraissent pour certains prématurés comme démesurées. D’une part parce que le gouvernement grec avait à peine annoncé des nouvelles mesures de verrouillage vendredi 5 février. Celles-ci visaient à limiter l'activité économique des commerces de détail et des services dans les unités régionales d'Attique, de Thessalonique et de Halkidik en les fermant ainsi les weekends.

L’impact de ces mesures, à peine entrées en vigueur samedi 6 février, n’a pas pu encore être réellement évalué par les épidémiologistes sur une durée suffisante que ces derniers ont été de nouveau appelés à se prononcer. Parmi les 24 épidémiologistes présents au conseil exceptionnel du 09 février, 8 d’entre eux ont décidé de voter « blanc » puisque l'évaluation des conséquences du verrouillage plus strict en Attique n’a pas encore pu être nettement examiné d’après eux.

D’ailleurs, l'interdiction de la vente à emporter le week-end des commerces de détail pour les unités régionales de l'Attique, de Thessalonique et de Halkidiki, au-delà de leur fermeture officielle, n'a pas duré longtemps. En fait, il a été annoncé et annulé avant sa mise en œuvre par le gouvernement suite aux pressions exercées par les commerçants. Ce qui, bien sûr, décrédibilise la capacité étatique à pouvoir gérer le rebond actuel de la crise sanitaire.

D’autre part, la décision concernant le durcissement des mesures sanitaires en vigueur opérée par le Premier Ministre est vivement contestée du fait de son déjeuner partagé avec une trentaine de personnes le weekend dernier. Ce repas a été tenu samedi 6 février sur l’île d’Ikaria alors même que le gouvernement grec invite sa population à ne pas se rassembler en grand nombre afin de limiter la propagation du virus. Kyriakos Mitsotakis est donc actuellement critiqué pour resserrer l’étau d’un confinement national que lui-même ne respecte pas. Ce dernier s’est justifié en expliquant qu’il s’agissait d’un « déjeuner rapide » où « toutes les mesures de prévention sanitaire ont été dûment appliquées. »

Mais pourquoi la Grèce prend-t-elle des décisions si contradictoires ?

Toutes ces contestations mettent en évidence des questions auxquelles le gouvernement grec s’applique à détourner. Alors que le pays se vante d’être « le 23ème parmi les 27 de l'UE en matière de décès dû au COVID-19, » celui-ci continue de décréter des mesures à la fois changeantes et éloignées des nations bénéficiant d’une bonne gestion de crise. D’un côté il y a le Viêt Nam qui, après un confinement obligatoire pour tout entrant d’une durée de deux semaines, permet aux voyageurs de se déplacer à leur guise au sein du territoire tandis que de l’autre il y a la Grèce qui, à la fois, bloquent les déplacements inter-régions de ses citoyens et de ses voyageurs. Pourtant, le Viêt Nam fait partie des nations au monde comptant les meilleurs indicateurs de santé à propos du COVID-19.

Alors est-ce véritablement dû à la mentalité et discipline collective grecques comme européennes se différant tant des comportements asiatiques comme le stipule bon nombre de médias ? Pas forcément ou tout du moins pas que. Il y a derrière ce verrouillage complet du pays la volonté du gouvernement d’endiguer la propagation du virus jusqu’en avril prochain. La volonté ou plutôt la stratégie.

En effet par ce choix tactique, la Grèce espère pouvoir ouvrir ses frontières aux touristes afin de relancer son économie fortement impactée par la crise sanitaire. D’autant plus que l’arrivée d’avril entre en corrélation avec le début de la saison chaude en Grèce. Le gouvernement visualise en cette hausse des températures un moyen d’enrayer le fort taux de propagation actuel.

Regardons la réalité en face 

Cependant, plusieurs problèmes viennent contredire ses ambitions. D’une part, le variant britannique se répandant de plus en plus au sein des frontières grecques et particulièrement en Attique se montre plus résistant aux vaccins actuellement en circulation en Grèce. D’autre part, l’UE se range formellement contre toute ouverture des frontières à but touristique tant que le rebond de la pandémie mondiale ne sera pas entièrement maitrisé.

Pour faire face à cela, Athènes a choisi dernièrement de coopérer avec Jérusalem et Londres dans le but de contourner les directives européennes. Il y a d’abord Israël qui fait le push auprès de la Grèce pour tester au sein de la nation européenne des possibles médicaments israéliens efficaces contre le COVID-19. De plus, il y a également les compagnies aériennes du Royaume-Uni qui, par autorisation du gouvernement anglais, multiplie les créations de liaisons aériennes entre sa nation et la Grèce à partir d’avril prochain.

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La Grèce espère donc bénéficier ainsi des efforts médicaux israéliens et des touristes britanniques pour pouvoir relancer son économie d’ici un mois. En attendant, Athènes fait le dos rond du mieux possible en décrétant encore et encore des mesures et changements afin de contenir l’intensification de la pandémie. Mais est-ce que la Grèce fait véritablement le bon choix en endossant cette stratégie ? Réponse prévue en avril prochain.

 

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