“Une victoire historique pour les femmes” a déclaré Eirini Gaitanou qui a porté la campagne d’Amnesty International en faveur du changement de la définition du viol dans la législation grecque. En effet, ce vote du Parlement signe une réelle avancée dans la lutte pour les droits des femmes en Grèce.
Évolution du cadre législatif grec
Dans le cadre de la réforme du code pénal, un projet de loi a été adopté pour modifier la définition du viol dans la législation grecque. Jusqu’à maintenant, le viol se résumait juridiquement à une situation comprenant de la violence physique ou psychologique. Grâce à cette nouvelle définition, est considéré comme viol tout acte sexuel non consenti. Ainsi, les victimes ne sont plus obligées de prouver qu’il y a eu usage de la force, menaces ou tentatives de se débattre de leur part, comme c’était le cas jusqu’à lors. De plus, tous les cas de viol où l'agresseur profite d’un état de passivité ou de faiblesse de sa victime pourront ainsi être condamnés.
« Il est désormais entendu que lorsque deux personnes souhaitent avoir un rapport sexuel, il y a consentement. Mais lorsque l'une d'elles ne le veut pas ou n'est pas en capacité de dire qu'elle le veut, il s'agit d'un viol, et cela est à présent reconnu par la loi grecque. » explique Eirini Gaitanou.
Un problème sans frontières
La Grèce n’est que le neuvième pays d’Europe à conditionner le viol à l’absence de consentement (aux côtés de l’Angleterre, de la Suède, de l'Irlande, du Luxembourg, de la Belgique, de Chypre, de l’Islande et de l’Allemagne). Cette problématique dépasse tragiquement les frontières nationales et touche tout autant tous les voisins européens. En Europe, d'après les chiffres de l'Agence des droits fondamentaux, depuis ses 15 ans, une femme sur 20 en moyenne a été victime de viol.
Un cruel manque de moyens en Grèce
Si la Grèce a récemment fait évoluer sa législation, le pays souffre d’un cruel manque de moyens pour accompagner les victimes de viol. Sur les 51 préfectures du pays, 30 d’entre elles ne possèdent pas de personnel capable de réaliser un examen médical. Les victimes qui souhaitent porter plainte sont alors contraintes de se déplacer auprès d’une autre préfecture qualifiée pour pouvoir être examinées.
Ainsi, la très large majorité des viols ne sont pas déclarés auprès de la justice. Selon le Secrétariat Général pour l'Égalité entre les Hommes et les Femmes, environ 5 000 viols se produisent en Grèce tous les ans. Mais seulement 150 par an sont certifiés par un examen médical des victimes. D’après le Rape Law Report publié par Equality Now en 2017, la Grèce échoue à protéger comme il se doit les victimes de viol.
Une représentation du viol ancrée dans la société grecque
Si le viol est un problème répandu, il est intéressant de montrer en quoi la société grecque peut être un relai d’une sous-estimation de la réalité du viol en Grèce. Nestos, un jeune grec, explique que les représentations du viol à la télévision sont fréquentes dans les séries policières. Mais, bien souvent, l’image véhiculée du viol est celle d’un acte extrêmement violent physiquement comprenant cris et agressivité. Cette modification de la législation devra alors être accompagnée d’un véritable changement des représentations culturelles pour signifier une véritable avancée pour la société grecque.
« La violence sexuelle ne prendra fin que si elle est traitée à tous les niveaux de la société dans le cadre d'un effort concerté visant à modifier non seulement les lois et les politiques, mais également les attitudes et les comportements - en public et en privé » explique Antonia Kirkland, responsable du programme d’égalité juridique de Equality Now.
Sources : Amnesty International et Rape Law Report de Equality Now.