Samedi dernier lors de la 10ème journée de championnat grec, l'Olympiakos et le Panathinaikos s'affrontaient pour ce qui constitue l'un des plus chauds derbys du football européen. Et depuis bien longtemps, une rivalité à la fois féroce et historique s'est installée entre ces deux clubs-phares d'Athènes
Real-Madrid-Barcelone, Manchester United-Manchester City, AC Milan-inter Milan? Autant de derbys légendaires qui ont marqué et qui marqueront encore l'histoire du football européen. Les Grecs ne sont pas en reste puisqu'ils peuvent également se targuer d'avoir l'une des confrontations les plus bouillonnantes du Vieux Continent : l'Olympiakos contre le Panathinaikos.
«Haute société face aux ouvriers»
Dans son antre du stade Karaïskaki chauffée à blanc, l'Olympiakos, champion en titre, recevait samedi dernier son éternel et grand rival, le Panathinaikos. Si les deux mastodontes du football grec n'ont pu se départager que sur un match nul (1-1), leur histoire commune, elle, peut se comparer à une authentique tragédie grecque. Depuis 1930 et leur première confrontation jusqu'à aujourd'hui, ce match cristallise à lui seul l'intensité régnant entre les deux clubs les plus populaires et les plus titrés du pays. Eleftherios, journaliste sportif pour Nova Sports, nous raconte l'origine de ce derby appelé aussi par les Hellènes «Derby des éternels ennemis». «C'est le match le plus attendu de l'année ici en Grèce ! s'emporte-t-il. À l'origine, vous avez d'un côté le Panathinaikos, club de la capitale et de sa haute société, et de l'autre, l'Olympiakos, issue d'un quartier portuaire du Pirée avec sa classe ouvrière. Alors forcément, ça a toujours chauffé entre les deux.»
Une Super League à deux têtes
En Super League, le championnat grec, les deux formations athéniennes caracolent en tête chaque année et se livrent une bataille sans merci pour se partager les trophées. Concernant ces derniers, l'avantage revient au final à l'Olympiakos qui totalise 38 titres de champion contre 20 pour le Panathinaikos. Si les Kokkinoi (les Rouges) peuvent se vanter d'être les plus titrés du pays, les Prassinoi (les Verts) sont les seuls à avoir atteint une finale de Coupe d'Europe des clubs champions en 1971, perdue face à l'Ajax d'Amsterdam de Johan Cruijff (2-0). Une frustration de taille pour le club du Pirée qui n'a jamais égalé cette performance.
Violence comme monnaie courante
Au sein de cette féroce animosité qui anime les deux frères ennemis, les confrontations donnent souvent lieu à des actes de violence entre hooligans des deux camps. En 2007, environ 300 fanatiques s'étaient réunis en marge du derby afin de se battre dans les rues autour du stade. Pire, en janvier 2008, un fan de l'Olympiakos avait été tué par 4 hooligans du Pana. Ambiance... Suite à ces événements, le gouvernement avait alors interdit tous les matches de sports collectifs pendant deux semaines. Soulignons aussi que les supporters adverses n'ont désormais plus le droit de faire le déplacement afin de soutenir leur équipe. Comme nous le concède Giorgos, jeune fan du Pana. «Heureusement que c'est interdit pour nous d'aller supporter au stade Karaïskaki, car on sait très bien comment cela se termine, et ce, quel que soit le score?»
Côté terrain, samedi pour la première confrontation de l'année, Pana et Olympiakos ont dû partager les points (1-1). Pour le plus grand bonheur des Prassinoi, qui restent leaders de Super League avec deux unités d'avance sur les Kokkinoi. Prévu le 18 mars prochain au Stade Olympique, le match retour s'annonce forcément décisif pour le titre. Et nul doute que le vainqueur de cette rencontre aura déjà une main sur le trophée?
Romain Canault (www.lepetitjournal.com/athenes.html) Mercredi 23 novembre 2011
Pour l'anecdote, les supporters de l'Olympiakos ont un petit nom pour les supporters de l'équipe adverse : les "Vazeloi" (du mot vaseline), en rapport avec la chance qu'ils ont... Ceux de l'Olympiakos sont traités de "Gavroi", ces petits poissons bon marché que l'on pêche en nombre dans le port du Pirée.