

L'océan arctique vu "du haut"(carte © IPEV)
Revendications territoriales des pays riverains, souveraineté, exploitation des fonds marins, et des eaux de pêche, navigabilité, protection environnementale : les questions sont multiples lorsque l'on ouvre le dossier arctique. Le réchauffement climatique et l'existence de ressources pétrolifères et gazières importantes dans un contexte mondial de raréfaction attisent les ambitions et les convoitises. A commencer par celles des cinq pays riverains. Afin de mieux connaître les tenants et aboutissants de cette question pour le moins complexe, Le Petit Journal vous propose une série d'articles sur cet univers d'eaux et de glaces. Le premier volet est consacré aux revendications territoriales.
Pour bien comprendre la situation, il suffit de tourner un peu le globe et de placer le pôle Nord au centre de la carte. L'Arctique apparaît alors dans sa réalité géographique de mer fermée, une sorte de Méditerranée froide. Cinq pays, désormais regroupés au sein du Conseil de l'Arctique, se partagent le littoral. Les côtes les plus importantes sont celles de la Russie suivies par celles du Canada fortement présent au travers d'un vaste ensemble d'îles et de territoires marins. Les Etats-Unis avec l'Alaska, le Danemark avec le Groenland et la Norvège avec l'archipel de Svalbard complètent le tableau.
Les pays riverains peuvent soumettre aux Nations Unies leurs revendications territoriales
Les conditions de souveraineté sont aujourd'hui régies par des textes juridiques internationaux issus pour l'essentiel de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Ce traité, auquel Norvège et Russie réaffirmaient encore récemment leur attachement, prévoit qu'un état bénéficie d'une zone économique exclusive de 200 miles au delà de ses limites côtières. Toutefois, il lui est possible de revendiquer l'extension de son plateau continental sur une zone plus large (jusqu'à 350 miles marins) s'il prouve par des relevés scientifiques que le territoire concerné en est le prolongement géologique naturel. La Convention lui accorde alors sur ce nouvel espace un droit souverain en matière d'exploitation des ressources minérales des fonds et sous-sols. Pour soumettre ses revendications, l'état dispose de 10 ans après ratification de la dite Convention.
La Russie a été la première à déposer un dossier en 2001. Mais les éléments fournis ont été jugés insuffisants par la Commission des Nations Unies sur les limites du plateau continental et le pays poursuit depuis la collecte de données. En septembre dernier, le président Medvedev déclarait : « Nous avons besoin d'une base juridique solide réglementant les activités de la Russie dans l'Arctique. (?) Notre principal objectif est de faire de l'Arctique une réserve de ressources pour la Russie du XXIème siècle. »
La Norvège a pour sa part déposé un dossier fin 2006. Le Danemark et le Canada se sont lancés dans d'importantes campagnes de mesures pour élaborer leur dossier. Quant aux Etats-Unis, ils n'ont que très récemment signé la Convention et ne l'ont pas encore ratifiée.
Les recouvrements territoriaux liés à ces revendications sont évidemment des sources potentielles de différends. Les enjeux sont, par exemple, la dorsale Lomonossov qui s'étend de la Sibérie au Groenland et que la Russie verrait bien comme un prolongement géologique de sa plaque continentale s'ouvrant ainsi la porte à l'exploitation d'importants gisements pétroliers.
Thierry GUENIN (www.lepetitjournal.com Oslo) ? mercredi 4 janvier 2009
Carte publiée avec l'aimable autorisation de l'Institut polaire français Paul Emile Victor : www.institut-polaire.fr


































