Édition internationale

ANGELA MERKEL – Une fille (de l'Allemagne) de l'Est

La chancelière allemande, qui a grandi en ex-RDA, a décroché un second mandat. Angela Merkel, sous ses airs timides, est une femme de poigne. La "mutti"de tous les Allemands aura besoin de son punch légendaire pour gouverner un pays au paysage politique bien différent

Angela grandit en RDA
Angela Dorothee Merkel (AFP), de son nom de jeune-fille Kassner, est née en 1954 à Hambourg. Sa position de fille de pasteur protestant dans une ville de l'Ouest allemand aurait pu lui assurer une jeunesse dorée. La famille déménage pourtant de l'autre côté du rideau de fer quand son père se donne la mission d'évangéliser l'Allemagne de l'Est. Son enfance en RDA n'a donc pas été des plus faciles, les religieux et leurs familles n'étant pas les bienvenus dans le bloc soviétique. Ces difficultés se sont pourtant révélées utiles par la suite et l'ont poussée vers l'excellence. Pour réussir aussi bien à l'université que dans le monde du travail, "Angie"savait qu'elle devait prouver sa valeur plus que ses camarades.

Elle gravit les échelons avec poigne
Après des études brillantes de physique, elle prend sa carte au Parti chrétien démocrate (CDU), un choix courageux puisqu'elle vit encore en RDA. La chute du mur de Berlin la libère du régime communiste et sa carrière s'envole. Angela Merkel, "Mädchen" (la gamine) comme la surnomme son mentor Helmut Kohl, se révèle une fine stratège. "Sous ses airs sages, elle poignarde sans ménagement ses adversaires"affirme une de ses amies, Beate Baumann. Elle commence donc, en 1999, par Helmut Kohl qu'elle prend à partie lors du scandale des caisses noires de la CDU. C'est ensuite le tour des anciens du parti : Wolfgang Schaüble, Friedrich Merz, Edmund Stoiber et enfin Gehrard Schröder. Elle prend finalement la tête de la CDU et conquiert la chancellerie en 2005.

La chancelière plaît aux Allemands
Avec cette victoire du 22 novembre 2005, elle devient la première femme à diriger l'Allemagne mais également le premier chancelier issu de la ex-RDA. La conservatrice prend les rênes d'une grande puissance européenne mais reste discrète, voire timide. Angela Merkel, consacrée à quatre reprises par le magazine Forbes "femme la plus puissante de la planète"est loin de la politique bling bling d'un Silvio Berlusconi ou d'un Nicolas Sarkozy. Elle n'affiche pas sa vie privée, passe ses vacances à Naples dans une chambre d'hôtel à 50 euros, et fait la queue comme tout le monde au supermarché. Celle que les Allemands appellent affectueusement "Mutti"(maman) n'est pas vraiment glamour, n'est pas bonne oratrice mais réussit pourtant à convaincre. Sur le plan international, elle peut parfois énerver mais force toujours le respect en prenant des positions à contre-pied de ses partenaires européens, notamment en refusant la création d'un plan de relance à l'échelle du continent.

Mutti devra faire face à une nouvelle carte politique
Grâce à ses records de popularité en Allemagne (60% d'opinions favorables), elle pourrait faire pâlir d'envie bon nombre de dirigeants étrangers. Et peu importe si sa vision politique n'est pas forcément toujours claire, son image seule lui permet de remporter les scrutins. Avec 33, 7% des voix, son parti gagne en effet les élections de dimanche dernier. Mutti est donc repartie pour un deuxième mandat de quatre ans. Après une coalition avec la gauche sociale-démocrate, la CDU/CSU va partager la tête d'affiche avec les libéraux du FDP. La gouvernance sera cependant plus compliquée à cause d'une opposition plus tranchée et de conflits idéologiques entre le FDP et le parti conservateur en particulier sur les questions économiques. A l'annonce des résultats, Angela Merkel ne pouvait pourtant s'empêcher de sourire : "Je crois que ce soir, nous pouvons nous laisser aller à faire la fête!", a-t-elle déclaré à la foule de ses partisans. Avant d'ajouter, "Ce soir, je suis satisfaite et heureuse!".
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) lundi 28 septembre 2009  

En savoir plus

L'article de l'édition de Berlin, ELECTIONS - Merkel confirmée, la droite en force, le SPD en chute libre
Diaporama du Figaro, Merkel la physicienne de l'ex-RDA qui a conquis la chancellerie

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