Avec 6 cafés et une centaine d’employés à Hong Kong où se pressent jeunes et amateurs de selfies, Scottie Callaghan nous explique comment, parti de rien, il est devenu un entrepreneur et un sportif de référence. Voyage au bout de l’effort… et du plaisir
Champion mondial du café latte
Issu d’une famille nombreuse dans la banlieue de Sydney, pas particulièrement porté sur l'école, rien ne prédestinait Scottie Callaghan à devenir l’entrepreneur qu’il est aujourd’hui, cofondateur de la marque Fineprint qui sert espressos et collations dans une atmosphère très branchée, un peu partout dans Hong Kong. Le café ? Il est tombé dedans par hasard, servant des petits noirs pour gagner sa vie pendant plus de 10 ans en Australie, avant de tomber amoureux du produit. “ Le week-end et mes temps libres, je les utilisais à visiter les torréfacteurs de la région et fabricants de café, afin d’en apprendre le plus possible sur le métier. J'ai décidé de participer à des compétitions professionnelles, afin de m’améliorer en termes de techniques, faisant et refaisant mes dosages pour parvenir aux meilleurs résultats, présentation et tour de main. La consécration, je l’ai eue lorsque j’ai gagné le titre de champion du monde de latte, à Lausanne, en 2006. C’est là que ça a commencé à vraiment marcher pour moi. ”.
Recruté par des marques internationales attirées par sa nouvelle notoriété, il a continué à servir du café mais également pris en charge des chaînes et formé des serveurs à ce métier exigeant. “ Faire du bon café, c’est loin d’être évident. Cela prend du temps pour apprendre et surtout acquérir de l'expérience. Quand on ajoute la connaissance du produit, la visite des pays producteurs, la constitution d’un réseau pour tracer la qualité, on est finalement très proche du monde du vin. C’est un métier dans lequel on peut apprendre toute sa vie. ».
Café le jour, bar la nuit, à Hong Kong
Arrivé à Hong Kong en 2013, Scottie finit par saisir une opportunité quand un ami lui propose de rentabiliser son loyer de bar avec une activité dans la journée . C’est alors que naît une association entre Scottie et son ami James, tout deux servant du café le jour et de l’alcool dès la nuit tombée. Ce montage durera un an, le temps pour le bar de végéter tandis que la partie café s'envolait littéralement. Les deux amis montent alors Fineprint qui ne fait plus que du café, avec pour objectif de s'étendre. Du premier café de Peel Street, toujours en place, ce sont bientôt deux puis trois, et enfin six cafés qui seront ouverts. « Quand nous avons ajouté Tai Hang et Sai Ying Pun, je m’occupais encore de servir les cafés, tout en gérant l’affaire. Mais quand nous sommes passés à plus de trois, il a fallu changer du tout au tout et me focaliser sur la stratégie, le produit et le développement. J'ai accepté de faire confiance à mes équipes pour la clientèle, alors que je réalisais qu'il me fallait apprendre à mieux gérer. ».
L’envie d’apprendre comme moteur
Conscient de ses limites et du besoin de comprendre la comptabilité et les chiffres, Scottie n’a pas hésité à retourner à l’école. « Quand on ne sait pas, rien ne sert de s’entêter. Il faut accepter d’apprendre. Ce n’est que comme cela qu’on peut passer des étapes. Je crois que je n’ai jamais considéré qu’une chose était hors de ma portée. C’est la principale leçon de mon parcours. En me fixant en permanence des objectifs, je met tout en œuvre pour les atteindre. C'est aussi comme cela que je fonctionne avec les équipes, donnant à tous des objectifs très clairs mais en laissant toute latitude pour y arriver. C’est ce qui fait que les employés se sentent respectés et estimés. Aujourd’hui, en plus des équipes clientèle, nous avons mis en place des formateurs pour que chacun puisse continuer à se perfectionner. ».
Dépasser ses limites et transmettre
Si Scottie aime se lancer des défis, cela vaut aussi pour sa vie personnelle. Habitué des compétions d'ultra-trails à Hong Kong, il n’a pas hésité à participer à la célèbre 4UTC, terminant 5 fois la partie Lantau (70 km) parmi les 10 meilleurs ou encore la Translantau. « Ce qui me plaît , c’est autant la course que le fait de partager l’événement avec des amis . Quand on court ensemble, on partage aussi un verre à l'arrivée et les souvenirs du vécu collectif. En fait, lorsque je suis à la limite de l’abandon, les messages de soutien de mes amis me poussent à continuer. En fait, je crois que sans eux je n’y arriverais pas. L’envie de ne pas décevoir ou de ne pas perdre la face agit comme autant de stimulants. Il en va de même dans l’entreprise car ensemble on fait de plus grandes choses. Le déclic a eu lieu quand j’ai réalisé qu’un bon leader devait motiver en passant du mode personnel au mode collectif. Il est essentiel de dire « nous » lorsque nous discutons du futur ou évoquons les succès. On peut donc être un bon entrepreneur et un mauvais leader. ».
Créer une culture d'entreprise pour avancer
La prochaine étape ? Probablement étendre la marque dehors de Hong Kong. « Atteindre 20 magasins, et ouvrir en Chine continentale, explique-t-il. Pour nous, le plus important devient de créer une culture. Nous avons certes des guidelines et des modes d’emploi précis sur la manière d’accueillir la clientèle et de servir le café mais il est aussi important de construire la marque autour de valeurs partagées. C’est ce qui me conduit à étoffer l’équipe avec une directeur des opérations, un directeur marketing et nous commençons à engager des réunions de créativité. Comme pour le reste de mon parcours, j’ai soif d’apprendre pour aller plus loin, ensemble. »