Symbole des voitures citadines en Europe des années 2000 et 2010, la marque Smart fabrique désormais ses modèles en Chine selon des concepts profondément renouvelés.


Triste fin en France pour la Smart
A Hong Kong, les clients occidentaux qui sont entrés dans le nouveau magasin-amiral de Smart, sur Leighton Road à Causeway Bay, n’ont pas forcément reconnu l’identité d’une marque qui dénotait par son originalité dans les années 2000 et 2010. Adieu les grandes tours publicitaires multicolores de Fortwo, ces petits modèles deux-places lancés en 1998 et disparus en 2024, que l’on pouvait garer n’importe où ! Adieu aussi les Forfour, ces cinq-portes plus conventionnels construits de 2004 à 2006 et de 2014 à 2024 !
Il a surtout fallu oublier les sites européens de production, dont le plus célèbre était celui de Hambach, en Moselle. Inauguré en 1997 par Jacques Chirac et Helmut Kohl, cette usine-symbole du renouveau de l’industrie automobile française a disparu en 2024, pour laisser ses murs à Ineos, constructeur d’un véhicule bien plus polluant, le Grenadier.
Smart renouveau en Chine
Pour autant, bien qu’elle se soit séparée de ses usines française, néerlandaise et slovène, la marque Smart n’a pas disparu. Elle a simplement déménagé. Alors qu’au début, la marque tenait son nom d’une association entre un constructeur allemand et un horloger suisse (Swatch, Mercedes, Art), elle est depuis 2019 détenue pour moitié par le groupe chinois Geely, dans le cadre d’une coentreprise avec le conglomérat Mercedes-Benz.
Depuis 2022, c’est à Hangzhou, capitale du Zhejiang, que sont fabriqués les nouveaux modèles qui ont plus conservé la marque Smart que l’esprit. Après le #1 et le #3, qui avaient correspondu à un passage au tout-électrique, le constructeur chinois a lancé en 2025 le #5, un SUV bien plus gros que les modèles précédents, décliné en électrique mais aussi en hybride. Cependant, pour revenir à l’identité qui lui a permis de vendre plus de 2,2 millions de véhicules entre 1997 et 2020, le nouveau groupe Smart sino-allemand vient aussi d’annoncer une future successeure de la Fortwo (la #2) et une autre dans la lignée de la Forfour (la #4).
La stratégie Geely
Cette volonté de renouveler la gamme a pu dérouter le consommateur. Ainsi, en France, les ventes de Smart se sont effondrées de 54% au premier semestre 2025, avec 494 ventes. En Europe, avec 3624 unités, la chute est encore plus sévère sur les cinq premiers mois (moins 67,8%). Certes, les droits de douane appliqués aux véhicules électriques chinois ont pesé sur les immatriculations, mais, surtout, les clients n’ont pas tout de suite intégré le fait que Smart proposait désormais des voitures électriques, plus grandes et donc plus chères.
Cependant, on peut compter sur l’inventivité de Geely, qui, contrairement à ses compatriotes, arrive sur le marché du Vieux Continent avec des marques européennes et connues. Ainsi, le groupe chinois a ressuscité le Suédois Volvo, en augmentant par exemple ses ventes de 8% en 2024 sur le vieux Continent. D’ailleurs, après l’imposition des droits de douane, il a décidé de rapatrier la production de l’EX30 dans son usine de Gand, en Belgique. Geely, qui a aussi acheté Lotus et Polestar, continuera-t-il dans ces conditions de fabriquer 100% de ses Smart en Chine en dépit des droits de douane ? Dans un pays qui compte plus d’une centaine de marques de voitures, on peut penser que tout sera fait pour conserver les plus prestigieuses.
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