Depuis plusieurs années, la mode “made in china” devient avant-gardiste et prestigieuse. L’apparition de Rihanna dans sa robe dite “pizza” signée Guo Pei au Met Gala 2015, a attiré l'attention mondiale sur les designers chinois. Mais qu'est-ce qui explique cet engouement pour les créations chinoises aujourd'hui ? À l'occasion de l'exposition "GUO PEI : Reimagining fashion" au Musée M+ de Hong Kong, nous faisons un état des lieux des tendances.
Des designs innovants en Chine
Les créateurs chinois se distinguent par leur volonté d’innover en termes de formes ou matières. Tout en suivant les courbes du corps, ils jouent avec les proportions d’une manière extravagante, comme dans le cas des robes XXL de Guo Pei. Celles-ci s'émancipent des standards dictés par les traditionnelles maisons de couture européennes, en ajoutant des couches de tissus ou des structures rigides, en s’éloignant du vêtement pratique pour laisser place à de véritables œuvres d’art. Ainsi la “twin dress” de Guo Pei est constituée de deux robes fusionnées en une et doit être portée par deux personnes à la fois. Lors de son défilé à Paris, Cheney Chan a transformé les femmes en fleurs, avec des robes en formes de roses ou de lys, en magnifiant celles-ci à l’aide de strass et de perles. Les designers accompagnent leurs créations oniriques de multiples accessoires plus élaborés et ornementés que les robes elles-mêmes. Guo Pei a par exemple fait sensation avec des chaussures futuristes ultra compensées, inspirées par les pantoufles mandchoues, décorées de thèmes marins ou floraux.
Tradition et modernité de la mode chinoise
Tout en innovant et explorant de nouvelles voies créatives, les créateurs rendent hommage à la tradition et à la culture chinoises à travers leurs vêtements. Guo Pei fait référence, par exemple, aux porcelaines dans sa collection "Beauty in a Broken World", inspiration comparable chez Cheney Chan pour son emblématique silhouette "Feng Yaq". Le bleu et le blanc, typiques des céramiques chinoises, s'allient à des coupes évasées et exubérantes. Les références aux dynasties impériales chinoises se retrouvent aussi dans le choix des couleurs jaune et or, ainsi que les accessoires. On retrouve par exemple des coiffes similaires à celles portées par les concubines, bien que dans une certaine démesure. Grace Chen, créatrice basée à Shanghai, s'inspire fréquemment de la traditionnelle robe chinoise des années 30 ou "qipao" pour ses différents modèles. Le symbole du dragon est également utilisé par Vivienne Tam, artiste née à Guangzhou et ayant grandi à Hong Kong. Dans sa collection "Dragon", elle présente des imprimés portant cette créature mythique mais revisitée dans des postures et couleurs modernes. Un sac de cette collection est par exemple orné d'une tête de dragon rose et violette, représentée de face. Vivienne Tam aime aussi mélanger des matières traditionnelles et modernes. Dans sa collection été 2025 baptisée "La Li - Hainan Breeze", on retrouve du jean et du polyester, avec des tissus utilisés par les indigènes de Hainan.
Nouveaux matériaux et techniques en Chine
Les nouveaux créateurs chinois ont en commun des techniques locales avec des matériaux tels que les plumes, le fil d'or ou encore la soie, des broderies et des perles. Ces techniques font parfois appel aux savoir-faire de brodeurs indiens soucieux du détail. Certaines créations représentent une énorme quantité de travail comme la robe Da Jin ou "Dorée Magnificence" de Guo Pei qui a nécessité 50 000 heures sur une période de deux ans. Ce modèle est d'ailleurs présenté en ce moment au M+ de Hong Kong.
Pierre Cardin disait : « La Chine deviendra l’un des acteurs majeurs de la haute couture. Elle dominera ce marché au cours du XXIème siècle. » Il semble en effet que l'ascension de la mode à la chinoise ne fasse que commencer.