En deux décennies, la Chine s’est imposée comme l’un des leaders mondiaux du nucléaire civil. Avec un rythme de construction record et une maîtrise technologique en constante progression, le pays s’est hissé à la deuxième place mondiale en nombre de réacteurs en service avec 58 réacteurs en service et 33 en construction, juste derrière les États-Unis, et désormais devant la France. Un symbole fort de la montée en puissance technologique et industrielle du pays.


Une ambition née d’une vision claire
Tout a commencé dans les années 1980, avec une conviction : pour assurer son développement, la Chine devait maîtriser son énergie.
Dès les années 2000, elle multiplie les partenariats technologiques – d’abord avec la France via EDF, puis avec les États-Unis – avant de développer ses propres modèles, comme le Hualong One, un réacteur 100 % chinois aujourd’hui en service dans plusieurs provinces.
Cette stratégie patiente et méthodique a permis au pays de bâtir une filière complète : ingénierie, matériaux, formation, recherche… tout est produit sur le sol chinois, donnant naissance à une filière moderne et intégrée.
L’efficacité à la chinoise
La Chine impressionne par sa maîtrise opérationnelle et sa capacité d’exécution.
Il faut aujourd’hui cinq à sept ans pour construire un réacteur, un délai qui témoigne de la rigueur de sa planification et de la maturité de sa filière industrielle.
Cette efficacité repose sur une organisation parfaitement intégrée et un « effet série » qui permet de capitaliser sur l’expérience acquise d’un projet à l’autre.
Le pays forme plus d’un million d’ingénieurs par an et investit massivement dans la recherche sur les petits réacteurs modulaires (SMR), considérés comme la prochaine révolution énergétique.
Dans un pays où la culture scientifique est en plein essor, le nucléaire est désormais synonyme de savoir-faire, de stabilité et d’innovation.
Un pari colossal… et payant
D’ici 2035, la Chine prévoit 150 nouveaux réacteurs. Un chiffre vertigineux, mais cohérent avec son objectif : réduire sa dépendance au charbon et atteindre la neutralité carbone à long terme.
Les investissements sont à la hauteur : entre 370 et 440 milliards de dollars sur quinze ans, selon l’ITIF (Information Technology and Innovation Foundation). Ce plan d’envergure s’appuie sur une filière industrielle bien rodée et un financement local avantageux.
Chaque centrale produit une électricité à prix compétitif, autour de 70 dollars le mégawattheure, garantissant rentabilité et stabilité énergétique.
Le nucléaire est ainsi devenu un levier d’innovation, de croissance et d’emploi, consolidant la place de la Chine parmi les acteurs majeurs de la transition bas carbone.
Vers une souveraineté énergétique et climatique
Pour Pékin, le nucléaire est bien plus qu’une technologie : c’est une assurance d’indépendance.
En parallèle, le pays déploie à grande échelle fermes solaires et éoliennes, diversifiant ainsi ses sources d’énergie et réduisant sa dépendance aux importations de gaz et de pétrole tout en garantissant un approvisionnement stable à son industrie et à ses villes.
Cette transition devrait permettre d’éviter 1,5 milliard de tonnes de CO₂ par an — soit l’équivalent des émissions annuelles de la France, du Royaume-Uni, de l’Espagne et de l’Allemagne réunis.
Un pas décisif vers les objectifs de réduction d’émissions fixés pour 2030 et vers un avenir énergétique durable.
La Chine, pionnière énergétique
Devenue un véritable laboratoire du nucléaire moderne, la Chine innove, investit et exporte déjà son savoir-faire nucléaire.
Ses réacteurs Hualong One alimentent désormais le Pakistan, un projet est en cours en Argentine, et le modèle chinois a obtenu l’homologation du régulateur britannique pour un futur site au Royaume-Uni — preuve de son influence croissante sur le marché mondial de l’énergie. Cette capacité à allier innovation domestique et coopération internationale renforce la position de la Chine comme un acteur incontournable du futur énergétique global.
Une trajectoire qui pourrait bien redéfinir l’équilibre mondial du secteur nucléaire — et inspirer les nations en quête d’un modèle alliant développement, technologie et durabilité.
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