Lepetitjournal.com a échangé avec Elodie et Dimitri, deux étudiants partis à la rencontre du monde entrepreneurial australien avec leur Odyssée managériale. Mentalité, crises actuelles, équilibre entre vie privée et vie professionnelle, présentéisme, le management à l’australienne n’aura plus de secrets pour vous.
Elodie et Dimitri, deux étudiants en quête de réponses à leurs interrogations concernant les pratiques entrepreneuriales d'aujourd'hui et de demain sont partis pendant plus de 6 mois dans 8 pays différents. A la recherche des crises que traversent les structures aujourd’hui, ils questionnent et se questionnent au sujet des pratiques managériales du futur. Décryptage de leur séjour en Australie.
Quelles caractéristiques principales retenez-vous des pratiques managériales des entreprises australiennes ?
Nous relevons deux caractéristiques qui se distinguent particulièrement des pratiques managériales australiennes :
Une considération importante du bien-être personnel au travail : avant d’arriver en Australie, nous avions tous les deux en tête l’image d’un pays où il fait bon vivre et où l’atmosphère globale est détendue. C’est complètement vrai. Par exemple, en Australie, il est très courant de s’appeler par son prénom, les tenues vestimentaires sont elles aussi plutôt “relax”. De plus, les Australiens ont le rire et le sourire facile. Cela ne signifie pas que les Australiens ne sont pas sérieux, loin de là, mais le lieu de travail n’est pas du tout perçu comme un lieu austère ou l’expression des émotions doit être masquée. Aussi, les activités de teambuilding sont nombreuses et prennent des formats atypiques comme par exemple chez le développeur de logiciels Atlassian, basé à Sydney, qui organise régulièrement des sorties surf pour ses employés. Ils ont même un club de surf interne appelé « The Atlassian Wavebreakers » qui organise des sessions de surf régulières. Dans une autre mesure, on a vraiment ressenti l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée en Australie. Ici le présentéisme n’est pas monnaie courante et on s'inquiètera pour vous si vous partez après 17h car cela s’apparente à un manque d’efficacité.
L’importance du respect des règles et son impact en entreprise : en Australie, il y a un réel respect des règles, des consignes, et de la loi en général. D’ailleurs, le non-respect des règles est très mal perçu et la délation est même plutôt bien vue. Certains sites internet d’entreprises affichent même une politique de favorisation de la dénonciation. On comprend alors aisément que la surveillance de la part d’un supérieur hiérarchique soit moins présente que chez nous, en France. Il y a une plus grande responsabilisation de l’individu et du collectif, qui sont encouragés à se corriger d’eux-mêmes et entre eux.
Une mentalité “straight to the point” : cette mentalité “droit au but” se retrouve dans la communication qui est directe et frontale, et qui a d’ailleurs tendance à surprendre plus d’un étranger. Cette mentalité est également visible en réunion. Ces dernières sont toujours bien préparées par les participants et démarrent à l’heure. De plus, les durées prévues pour la réunion sont tout le temps respectées, et, à la fin de celle-ci, tout le monde sait parfaitement quelle mission il doit faire. Pas de place pour les bavardages et les sujets connexes, en Australie on va droit au but.
Quelles sont les principales crises managériales en Australie actuellement ?
La crise covid a été particulièrement marquante pour le management en Australie. À cause des fortes restrictions sanitaires, beaucoup d’immigrés sont partis et ne sont jamais revenus.
De ce fait, une crise importante qui traverse l’Australie ainsi que beaucoup de nations du pacifique est le manque de talents. Les profils les plus recherchés sont des profils généralistes, souvent venant de l’étranger, étant donné que les études en Australie sont très axées sur la spécialisation. Ce manque de talent pousse les entreprises à innover pour attirer et retenir les talents, ce qui en fait finalement une terre fertile pour les innovations managériales !
Aussi, le sujet des indigènes est encore très tabou en Australie, et c’est le cas aussi en entreprise. Des efforts sont faits pour mieux inclure les 2,5% d’indigènes restant en Australie dans les entreprises mais surtout redonner une place à leur culture. Des plans d’inclusion appelés “RAP” se multiplient en entreprise mais cette crise est encore loin d’être terminée.
Comment les pratiques managériales australiennes se différencient-elles des pratiques en France?
Les Australiens ont tendance à exprimer leur sympathie de manière plus prononcée que nous, Français. Par exemple, les personnes que nous avons rencontrées nous ont souvent appelé “my friends”, “guys” ou même “mates” qui sont des synonymes du mot “amis”. Le référentiel d’expression des émotions est différent du nôtre et dire “thank you sooo much” (= “merci énormément”) lorsque l’on vous apporte un café est plutôt la norme.
Une grande différence entre les deux nations réside également dans le rapport au présentéisme, qui est le fait de rester au travail pour rester au travail. Ici, si c’est le cas, on se dit que j’ai été efficace”, leur confie notamment Christophe Hoareau, associé EY qui travaille aujourd’hui en Australie. “La posture du manager doit évoluer vers celle d’un manager coach, qui donne les outils nécessaires au collaborateur, plutôt qu’un manager-surveillant.” expliquent-ils.
En France, il paraît difficile de concevoir qu’un associé d’EY puisse rentrer chez lui à 17h. En Australie, on accorde une grande importance à l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, là où en France nous avons encore un peu de retard sur le sujet.