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Une île, une maison : L’architecture vernaculaire en Indonésie

L'architecture traditionnelle indonésienne présente une grande variété de styles et de méthodes de construction, entre lesquelles il y a cependant de nombreux points communs hérités de leurs ancêtres austronésiens. Ces habitations s’adaptent aux conditions naturelles en Indonésie avec son climat chaud et humide.

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Écrit par Corinne Gaminde
Publié le 15 juillet 2020, mis à jour le 24 septembre 2024

Un habitat surélevé et des toits incurvés

Les origines de ce type de construction remontent à la période du néolithique et son développement dans les îles du Sud-Est Asiatique et dans le Pacifique suggère que ce type d'habitat a été utilisé dès les premières vagues de peuplement austronésien venus du nord de l’Asie vers 5000 ans avant notre ère. 

Le type le plus répandu est une vaste construction sur pilotis, avec un toit en forme de selle prolongé par des avant-toits.  La majorité des maisons en Indonésie sont construites sur pilotis, à l’exception de Java. 

Un habitat surélevé 

 

habitat indonesie

Ce type d’habitat permet la circulation de l’air à l’intérieur des maisons, met à distance le logement des inondations et boues, permet à la nourriture d ‘être conservée au sec, permet la construction de maisons dans des zones humides, réduit les risques de termites.

Des toits incurvés 

 

habitat indonesie
  

Cette prédominance de toits incurvés, qui parfois développent des courbes élégantes, ne peut pas être expliquée uniquement par des nécessités fonctionnelles. Leur raison d'être est d'abord esthétique, et la réalisation de ce type de toit justifie le recours à des techniques de construction et d’assemblage délicates et variées. Les poteaux et la charpente sont assemblés sans clou avec un système de chevillage sophistiqué, les chevrons du toit portés par les panneaux muraux, avec un support supplémentaire provenant de la pièce faîtière. Les murs et les sols ne constituent pas une partie des éléments porteurs mais permettent la consolidation de la structure.

Les matériaux employés autrefois sont tous naturels comme le bois, le bambou, les feuilles et fibres de palmes ijuk.

 

Un espace social organisé

La maison traditionnelle indonésienne est plus qu'un lieu de résidence, il s'agit plutôt d'une structure organisée symboliquement, pleine de métaphores qui ne sont que l'expression d'enjeux culturels et de valeurs sociales essentielles.

La maison définit un groupe social, identifié par les fondateurs de la maison : elle est le lieu d'origine des groupes familiaux ou claniques, le dépositoire de l'héritage familial sacré Pusaka. Sa taille et ses caractéristiques sont le reflet du rang et du statut social de son propriétaire. Les espaces de vie sont distribués en fonction du sexe et de l’âge. Ainsi, souvent la place des femmes est associée avec la partie arrière ou centrale de la maison, alors que les hommes sont associés avec le devant de la maison, et certains espaces sont réservés aux membres de la famille au sens large et d'autres encore pour les morts.

Les éléments cosmologiques créent un ordre, qui structure et rythme les activités qui ont lieu dans la maison. Par exemple, l'Est est souvent identifié avec le don de la vie, alors que l'Ouest est lié à la mort et le coucher du soleil.

Bien qu'il existe un répertoire commun d'éléments symboliques, la signification ou le sens de ces éléments toutefois diffèrent selon les sociétés et parfois au sein d'une même société selon les circonstances.

À Sumatra Ouest, la maison Minangkabau est souvent habitée par plusieurs familles et dirigée par la femme la plus âgée du clan. Le toit à pignons multiples reste une caractéristique remarquable de cette société matrilinéaire.

À Nias, petite île située sur la bordure de la grande fosse océanique de Java, les maisons reposent sur une structure complexe de pilotis verticaux et obliques assurant une bonne résistance aux séismes et une isolation à l’humidité. Pour gagner le statut de guerrier, les jeunes gens sautent un mur de plus de 2 m sans appui !

Chez les Korowai, tribu nomade de Papouasie centrale, les maisons sont haut perchées dans les arbres entre 8 m et 30 m du sol. Cette forme d’habitat permet de se mettre à l’abri non seulement des ennemis, mais aussi des nombreux insectes.

C’est uniquement à Kalimantan que l’on trouve les « maisons-longues », qui peuvent abriter toute la communauté d’un village Dayak et peuvent mesurer jusqu’à 250 m de long.

À Florès, le village Wea Rebo et ses maisons coniques sont les témoins d'un passé séculier.

À Java, la forme des toits reflète l'appartenance sociale des propriétaires.

 

Crédits photos : Corinne G, Sophie LC

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