Le saviez-vous ? C’est dans la capitale catalane qu’a été récemment fondé le premier club d’aviron gay d’Europe. Entre intégration de la communauté et compétitions sportives, Yvan Honorat l’entraineur franco-canadien du club et à l’origine du projet raconte son histoire et revient sur la perception de l'homosexualité à Barcelone.
A Barcelone, il existe le seul club d’aviron gay d’Europe. Créé il y a 2 ans il compte aujourd’hui 85 membres, dont une vingtaine de compétiteurs : plus que les deux autres clubs de la capitale catalane. Pas d’obligation d’orientation sexuelle pour y faire partie, tout le monde est bienvenu dans ce club. A l’origine du projet ? Yvan Honorat, directeur de projets pour une ONG internationale, également rameur aguerri depuis l’âge de 10 ans et médaillé. Après plusieurs années et plusieurs pays comme entraineur national en Tunisie, au Sénégal, au Canada ou encore en Israël, il est muté à Barcelone en 2012. Constatant que l’aviron n’était pas présent dans la communauté, il contacte l’association Panteres Grogues (Panthères jaunes en catalan) qui regroupe les clubs sportifs LGBT de la ville et propose un espace sans préjugés pourla pratique sportive (1164 membres et plus de 27 disciplines) et leur propose l'ouverture d'un club dédié. L’idée a plu, un an plus tard, les premiers rameurs sont sur l’eau et Yvan Honorat est leur entraineur.
Mais qui sont ces Panthères jaunes ? Panteres Grogues est une association à but non lucratif créée en 1994 et qui vise à offrir un espace où gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels peuvent développer une activité sportive de manière libre et détendue, sachant que l'association est ouverte à tous ceux qui souhaitent partager des activités sportives avec les membres du collectif. De nombreuses sections composent l'association : athlétisme, danse de salon, basket-ball, cyclisme, squash, ski, football, natation, tennis, tennis de table, pétanque, randonnée pédestre, voile, volley-ball, sports et activités parascolaires et désormais, un club d'aviron, donc.
L'association est ouverte à tous ceux qui souhaitent partager des activités sportives avec les membres du collectif
"Dans les milieux sportifs et encore plus dans l’aviron on ne parle pas beaucoup d’homosexualité", relève un des membres du club, qui cherche aussi à combattre les préjugés qui existent. Reconnu par les fédérations espagnole et catalane, le club et ses responsables attendent désormais la reconnaissance officielle de la Fédération Internationale (FISA). Le prochain défi : la régate qui se déroulera à Toulon le 25 mars et à laquelle 10 membres participeront. Ce sera l’occasion de voir comment l’équipe et le club sont perçus par les autres équipes étrangères et leurs entraineurs.
Yvan Honorat souligne l'existence à Barceloned'une tolérance inédite envers le collectif. Le club est composé pour moitié d’homosexuels. Les hétérosexuels hommes et femmes qui sont membres y trouvent une ouverture d'esprit beaucoup plus grande qu'ailleurs. "Il y a une super ambiance j’en ai rarement vécu une aussi bonne ! Nos athlètes n’en ont rien à faire d’être gays ou hétéros, ce qu’ils veulent c’est de la compétition, être à l’aise et s’amuser", précise l'entraineur. Selon lui, l’Espagne est en la matière un pays plus ouvert que la France, relèguée loin derrière sur la question. A Barcelone, la communauté LGBT est très bien acceptée et l’entraineur en a fait l’expérience, que ce soit dans ses recherches de sponsors, ou bien avec l’association Panteres Grogues qui liste tous les clubs sportifs gays, une première ! "C'est une situation exceptionnelle. Je ne sais pas si c’est pareil partout en Espagne ou si c'est propre à Barcelone mais même au Canada qui est un pays très ouvert, il n’existe pas de club de sport gay", déclare-t-il, enthousiaste.
L’homophobie est un gros problème, même dans le milieu de l'aviron
Le club d’aviron Panteres Grogues, c’est d'abord une grande famille, un club dynamique qui grandit de jour en jour, qui réunit des hommes et des femmes de tous les horizons, de tous les genres et de tous les âges. Le but est de fournir une équipe où tout le monde se sentent les bienvenues là où il ne pourrait pas le faire ailleurs. "Nous sommes ici pour tout le monde", commente Jorg, un coordinateur de l'équipe. "Mais si vous n’acceptez pas les personnes LGBT+, vous ne serez probablement pas en accord avec le club et son éthique, ni avec ce que nous essayons d’atteindre". "L’homophobie est un gros problème, même dans le milieu de l'aviron, c’est pour cela que nous voulons fournir une structure professionnelle et des possibilités pour les rameurs LGBT+ et les autres, mais aussi regarder ce que nous pouvons faire dans un cadre plus large pour la lutte contre l’homophobie dans ce sport", expliquent les rameurs du club de Panteres Grogues.
Le club participera à la régate internationale de Toulon le 25 mars, puis aux jeux méditerranéens à Tarragone, aux jeux gays de Paris, puis à plusieurs régates en Europe. Avec la recherche de sponsors, l’objectif du club reste la reconnaissance officielle par la FISA pour permettre une intégration totale de la communauté.
Pour plus d’informations, vous pouvez aller sur la page Facebook du club qui est très active.