Le gouvernement catalan et les agents locaux tentent depuis plusieurs années de trouver une solution au défi écologique de l’agrandissement de l’aéroport. Une nouvelle proposition surprenante fait polémique.
L’aéroport Josep Tarradellas Barcelona-El Prat est le second aéroport le plus utilisé d’Espagne, derrière celui de Madrid. Au mois de janvier 2023, l’aéroport Barcelonais a récupéré 94% de son occupation de 2019 (considérée comme la dernière année de référence avant la pandémie): 3,07 millions de voyageurs y ont transité, ce qui représente 80,9% de voyageurs supplémentaires par rapport à janvier 2022. Cependant, l’aéroport d'El Prat semble atteindre sa capacité maximale, et des solutions sont recherchées pour développer la capacité de l’infrastructure. Le défi: multiplier le nombre vols, tout en limitant l’impact écologique sur la nature environnante.
Une piste d’atterrissage sur l’eau?
La dernière proposition imaginée afin d'amplifier la capacité de l’aéroport est inspirée de constructions similaires créées au Japon. Une équipe d’ingénieurs propose la création d’une nouvelle piste d’atterrissage et de décollage (la quatrième) en l'installant sur l’eau, à environ un kilomètre du bord de mer. Cette piste flottante, d’une longueur approximative de 3.400 mètres, permettrait alors de réaliser plus de 100 opérations par heure, et d’atteindre ainsi une capacité de 30.000 vols intercontinentaux par an (au lieu de 18.000 actuellement). La nouvelle piste indépendante serait reliée à l’aéroport par une plateforme.
Actuellement, la concentration des vols sur la piste principale, la plus large, provoque de nombreux retards.
Cette proposition a indigné les écologistes qui luttent depuis plusieurs années afin de préserver l’écosystème environnant El Prat. L’aéroport de Barcelone, en front de mer, est effectivement collé à la lagune de La Ricarda: un important espace naturel du Delta de Llobregat, représentant 135 hectares de marais, protégé pour sa grande valeur environnementale. Les ingénieurs à l’origine du projet ont expliqué que la création d’une piste flottante éviterait d’endommager la lagune, mais aurait tout de même un impact écologique sur le littoral. Le gouvernement catalan a assuré que la proposition allait être sérieusement étudiée, bien que "cela ne semble pas être la meilleure des solutions d’un point de vue écologique".
Agrandissement ou préservation?
Le projet de l’aéroport d'El Prat soulève un véritable dilemme local. Le problème de la préservation environnementale rend impossible tout élargissement de la structure. Pour les experts économiques, l’aéroport barcelonais doit inévitablement développer la capacité de ses pistes afin de pouvoir accueillir davantage de vols internationaux. Actuellement, la concentration des vols sur la piste principale, la plus large, provoque de nombreux retards. L'amplification permettrait de multiplier les correspondances internationales, d’augmenter le PIB catalan et d’avoir un effet positif sur l’emploi local en créant de nouveaux postes de travail au sein de l’aéroport et des compagnies aériennes.
Cette piste flottante permettrait d’atteindre une capacité de 30.000 vols intercontinentaux par an (au lieu de 18.000 actuellement)
Le gouvernement catalan s’est engagé à développer l’infrastructure aéroportuaire afin d’augmenter sa capacité; mais il se heurte cependant à l’impossibilité de développer les infrastructures sans abimer l’écosystème de La Ricarda. Plusieurs propositions ont été débattues, sans succès: l’organisation européenne de navigation aérienne, Eurocontrol, avait suggéré l’allongement de la piste principale de 500 mètres. L’idée est irréalisable pour son impact sur la lagune. Il avait alors été envisagé de répartir l’agrandissement des deux côtés de la piste (en direction de la lagune de La Ricarda, et de l’autre côté en direction du Remolar), une option qui a également été abandonnée pour ses conséquences acoustiques et environnementales.