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ELECTIONS CONSULAIRES - Pascale Seux, tête de liste PS

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 20 mai 2014, mis à jour le 20 mai 2014

A l'occasion des élections des conseillers consulaires, LePetitJournal.com/Varsovie vous propose, aujourd'hui, jeudi et vendredi de s'intéresser aux 3 candidats têtes de listes : Pascale Seux, Michel Marbot et Jean Rossi. Qui sont-ils ? Quelle est leur vision de la fonction de conseiller consulaire ? Quel est leur programme?

Aujourd'hui, Pascale Seux, tête de liste PS, répond à ces questions. 

Parlez-nous de vous, de votre parcours personnel, et de ce qui vous a conduit en Pologne.

J'ai 43 ans, 2 enfants et j'habite en Pologne depuis 12 ans. Après avoir passé 12 autres années en Espagne, je suis venue habiter d'abord à Wroclaw, puis à Varsovie depuis maintenant 7 ans, où j'enseigne le Français en langue de scolarisation au Lycée français et tant que langue étrangère au sein d'autres structures. 

Quelle est votre expérience de la vie associative et/ou communautaire en Pologne?

J'ai fait beaucoup de bénévolat durant toutes ces années passées à l'étranger au sein de l'association des Français du monde (ADFE), j'ai aussi fait partie du Conseil d'Administration au Lycée français pendant 6 ans, dont un an et demi en tant que présidente du conseil, et je me suis aussi beaucoup consacrée, dans un autre registre, au militantisme au sein du PS. 

Qu'est-ce qui vous a conduit à vouloir assumer la fonction de conseiller consulaire ? Et que représente cette fonction à vos yeux ?

C'est la continuité du travail réalisé au niveau associatif et politique qui provient de la conviction que le devoir de solidarité et la démocratie de proximité peuvent et doivent s'appliquer aussi aux Français résidant à l'étranger. Ces mandats de proximité vont permettre une meilleure circulation de l'information entre l'administration consulaire et les Français en Pologne afin que leurs intérêts soient mieux défendus. Les futurs élus pourront faire remonter plus facilement les problématiques locales – qui peuvent en rejoindre d'autres globales – tant à l'Assemblée des Français à l'Etranger qu'auprès de nos parlementaires.   

Quelles sont les spécificités de votre programme ?

Notre orientation est spécifiquement sociale et nous avons une vision pragmatique de notre rôle qui doit se borner à un mandat de proximité, avec des relais parlementaires qui sont proches, comme c'est le cas avec Pierre-Yves Le Borgn' (député de notre circonscription, dont je suis la suppléante) et Jean-Yves Leconte (sénateur des Français établis hors de France, Français de Varsovie et ancien conseiller AFE sur notre circonscription). Par ailleurs, nous revendiquons notre sensibilité de gauche, dans sa diversité, même si au quotidien, les avis dans les commissions consulaires sont souvent rendus au consensus. Elle peut néanmoins prendre tout son sens car les conseillers consulaires sont grands électeurs au Sénat, et qu'ils peuvent, à ce titre, influencer sa composition.  

Un des éléments que je considère comme étant primordial dans notre programme est la question de l'école et de la transmission de la langue française. Il faut savoir que tous les enfants français ne vont pas à l'école française, car le coût de la scolarité est élevé et aussi parce que la présence d'écoles françaises homologuées fait défaut en dehors de Varsovie. Les enfants peuvent intégrer le système polonais, qui est performant ou les écoles anglo-saxonnes quand les familles en ont les moyens mais se pose alors le problème de la transmission de la langue française. Je pense notamment aux petits-enfants des rapatriés qui sont nés en Pologne mais qui demeurent Français sans en connaître la langue. Les programmes FLAM, les filières bilingues, le CNED avec parfois un répétiteur pour plusieurs élèves sont autant d'initiatives que nous devrons soutenir. 

Concernant le Lycée français,  je ne crois pas à la gratuité de la scolarité au sein des établissements français à l'étranger. Cela déséquilibrerait la double mission de ces écoles qui est de scolariser les enfants mais aussi de contribuer au rayonnement éducatif, en scolarisant aussi les enfants du pays dans lequel l'école est implantée. Je serai par contre très favorable à ce qu'on remette les moyens «dans le service » plutôt que « dans les usagers », c'est-à-dire qu'on fasse tout pour que les frais de scolarité soient  contenus voire réduits (donc il faut que l'état remette de l'argent dans le service public) plutôt que de seulement subventionner certains enfants français via les bourses (qui doivent perdurer afin d'aider les moins riches mais dont l'enveloppe est en train d'exploser au niveau mondial). La gratuité déséquilibrerait cette double mission… Et il est important de faire remonter à l'AFE et à nos parlementaires que l'explosion des frais de scolarité n'est pas une fatalité et que ce n'est pas bon pour le réseau. Au-delà, la connaissance profonde de l'établissement, de ses évolutions, de ses problématiques récurrentes sera nécessaire pour épauler le conseil d'administration et les équipes pédagogiques dans leur tâche ardue. 

Nous nous attachons aussi à l'aide sociale pour les plus défavorisés : parmi eux, il y a des personnes agées, handicapées ou ce qu'on appelle l'enfance en détresse, par exemple (une commission consulaire se consacre déjà à ces sujets avec un budget qui est maintenu, même s'il n'est pas très satisfaisant). Le système de protection sociale polonais, depuis l'entrée de la Pologne dans l'Union Européenne prend en charge les résidents européens mais lorsque  les pensions sont vraiment très faibles et laissent les personnes dans des situations de grande précarité, des allocations peuvent être versées au-delà, notamment aux personnes âgées et handicapées. Or, ces aides sont souvent méconnues et le rôle du conseiller consulaire est précisément d'informer les Français que ces aides existent et de les assister dans la préparation des dossiers qui peuvent être relativement complexes.   

N'oublions pas que tous les Français résidant en Pologne ne sont pas des « expatriés » ; 42% d'entre eux, enregistrés aux consulats, sont nés en Pologne (55% sur la circonscription de Cracovie) ce qui est un taux élevé au niveau de la circonscription d'Europe centrale ; le phénomène des expatriés tend même à s'amoindrir au profit des Français qui s'installent pour de longues durées. On voit par exemple aujourd'hui de jeunes actifs qui viennent travailler dans les plateformes d'outsourcing ou bien des petits-enfants d'immigrés polonais en France qui reviennent dans leur pays d'origine. L'état a donc un devoir envers eux. Même si pour beaucoup, et heureusement, les contacts avec l'administration française se limite au renouvellement des documents administratifs, ce sont des gens vers qui il faut aller pour comprendre quelles sont leurs difficultés quand elles surviennent. 

Autre point important : la question des démarches administratives auprès de l'ambassade et du consulat. L'époque n'étant pas à la débauche de moyens, il faut que nous ayons un rôle de vigilance et même au-delà : la mise à disposition du consulat d'une valise « Itinera » permettant de renouveler son passeport lors d'une tournée consulaire sans avoir à se déplacer à Varsovie ou Cracovie serait la bienvenue. Nous soutiendrons activement la demande du député Pierre-Yves Le Borgn' dans ce sens.  

Les élus auront aussi à se pencher sur le Plan de sécurité : nous avons la chance de vivre dans un pays tout à fait sûr et il ne s'agit pas d'alimenter des peurs inutiles. Cependant, l'Ambassade élabore un plan de sécurité en cas de crise sur lequel les futurs élus rendront un avis. La question que chacun devrait se poser est : « est-ce que je connais mon chef d'îlot » ? Il y a en effet 23 îlots pour la circonscription de Varsovie et 8 pour la circonscription de Cracovie avec des chefs d'îlots français qui possèdent la liste des Français de leur îlot et leurs coordonnées. Ce sont eux qui sont chargés en cas de crise de transmettre les éventuelles instructions de l'Ambassade. Bien que rarement sollicités en Pologne, c'est l'une des raisons pour lesquelles il est important que les Français soient enregistrés dans leur consulat et que leurs coordonnées soient à jour. Nous avons un réel devoir d'écoute, d'assistance, et de conseil sur tous ces sujets auprès des Français. Plus encore, nous nous devons d'être proactifs. 

Je tiens par ailleurs à signaler la difficulté de cette campagne qui dépend uniquement de nos apports personnels et de l'aide des partis sans remboursement des dépenses de campagne, tout en respectant bien sûr les règles de financement habituelles sur le non-financement par des personnes morales. Je regrette donc de ne pouvoir me déplacer davantage, faute de moyens financiers… Nous essayons de communiquer par emails mais seuls 60% de la liste électorale possèdent une adresse mails valide, ce qui signifie que 40% des électeurs ne recevront pas l'information électorale. Même l'information électorale officielle est dématérialisée. De plus, il faut savoir que le vote électronique ne marche pas toujours (il faut tester la configuration de son ordinateur par un lien : www.jetestemaconfiguration.votezaletranger.gouv.fr/) et le 25 mai, auront lieu aussi les élections européennes pour lesquelles le vote électronique n'est pas prévu.  La question de la dématérialisation est un point sur lequel je reviendrai si je suis élue : arriver à ce que toute l'information relative à notre rôle soit mieux diffusée pour susciter l'intérêt, pour avoir des taux de participation qui soient corrects. Car le gros risque à cette élection c'est que notre légitimité soit entachée par une participation très faible. Il y a un vrai appel à la participation qu'il faut lancer car la réalité de tous les français à l'étranger ne se borne pas à faire renouveler un passeport… Il faut donc faire vivre cette démocratie de proximité.  

Finissons par un portrait chinois. Pouvez-vous citer un livre, un film et une musique que vous aimez, ainsi que votre hobby ?  

Livre : L'Etranger (A.Camus)

Film : Blue Jasmin (W.Allen)

Musique : Stabat Mater (Pergolese)

Hobby : l'écriture 

Pour plus d'informations sur les élections des conseillers consulaires: http://www.lepetitjournal.com/expat-politique/2013-01-14-14-01-21/francais-de-l-etranger/180918-elections-consulaires-qu-est-ce-que-c-est 

Laura Giarratana (www.LePetitJournal.com/Varsovie) – Mercredi 21 mai 2014

 

 

 

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Publié le 20 mai 2014, mis à jour le 20 mai 2014