Le plus polonais des héros français en Pologne a conduit l'équipe nationale masculine polonaise de volley-ball à la 1ère place des Championnats du monde de septembre 2014 et compte 68 victoires sur 100 matchs joués ! Un beau palmarès mais dont la dure loi du sport et de la compétition n'a su se satisfaire? Le contrat de l'entraîneur touche à sa fin et n'a pas été renouvelé par la Fédération Polonaise de volley-ball. Alors quels sont les nouveaux défis de Stéphane Antiga ? Est-ce pour autant la fin d'une aventure polonaise ? Ce serait sans compter sur sa popularité et son attachement à la Pologne?
Comment vivez-vous le fait que votre contrat n'ait pas été reconduit par la Fédération polonaise de volley-ball?
La Fédération et moi nous quittons en de bons termes, même si bien évidemment, j'aurais aimé continuer. Mais je suis allé au bout de mon contrat et cela est déjà une belle satisfaction! Car en règle générale, il est difficile pour un entraîneur de volley-ball de se maintenir jusqu'à terme. La loi du sport est ainsi et celle du volley peut être particulièrement violente : quand on a un succès il faut le confirmer. Or, l'équipe a dû se reconstituer en 2015 et a essuyé quelques déconvenues avec des blessures, notamment. L'année 2016 a produit des résultats moins bons qu'espérés, et bien que l'équipe se soit qualifiée aux JO de Rio, cela n'a pas suffi à convaincre la Fédération. Ce sont les règles du jeu, je les connais et je les accepte !
Quel bilan tirez-vous de ces trois années ?
Ce furent 3 saisons fantastiques pendant lesquelles j'ai plus appris qu'en 20 années de carrière en tant que joueur ! J'ai pu tisser des liens très forts avec l'équipe, vivre de très belles compétitions couronnées d'un titre mondial magnifique partagé de façon exceptionnelle avec le public ! Ce qui m'a le plus touché, c'est la ferveur que m'a témoignée le public polonais et surtout les nombreux remerciements qui m'ont été adressés à la suite de la victoire de 2014. J'ai été surpris car ce sont en général des messages de félicitations que l'on reçoit dans un tel contexte? Alors que là, c'était une vraie reconnaissance !
Pouvez-vous nous dire quels sont vos projets à présent ?
Même si je ne travaille plus pour l'équipe nationale ma famille et moi restons vivre en Pologne, pour le moment, où je vais m'engager dans un autre projet en devenant directeur général de la French Touch 2017. J'adore cette idée qui promeut les valeurs françaises en Pologne et ses savoir-faire dans différents domaines. C'est un événement qui représente aussi une belle célébration de l'amitié franco polonaise, c'est la raison pour laquelle ce projet me tient à c?ur et me sens honoré de la confiance qui m'est accordée.
Mais je ne vais pas m'arrêter d'entraîner pour autant? Je suis sur le point de reprendre l'équipe nationale masculine du Canada. Je pars au mois de mai prochain à Ottawa pour une durée de quatre ans.
Qu'est-ce qui vous semble le plus difficile à quitter ?
Précisément cette reconnaissance des Polonais et leur passion pour le volley. Le résultat est que j'aime la Pologne grâce aux Polonais.
Qu'est-ce qui vous semble, au contraire, le plus facile ?
Cette même reconnaissance qui m'a aussi beaucoup exposé. Elle s'est révélée certaines fois accaparante? J'aurais aimé parfois consacrer plus de temps à ma famille et c'est ce que je vais pouvoir faire maintenant le week-end. Je vais avoir plus de temps également pour apprécier les lieux que j'aime comme Paris (j'ai toujours adoré cette ville où j'ai passé l'essentiel de ma vie) et Majorque (j'ai joué pendant 3 ans dans l'équipe d'Espagne).
Comment expliquez-vous la popularité du volley-ball en Pologne ?
Elle s'explique essentiellement par un événement ; l'équipe nationale polonaise a remporté deux matchs de Championnat du monde et de Jeux Olympiques contre l'URSS, respectivement en 1974 et 1976. Inutile de préciser que cet événement représentait plus qu'une victoire sportive ! Depuis, le volley-ball a acquis une notoriété exceptionnelle en Pologne et les récentes victoires (1 médaille d'argent aux championnats du monde en 2006 et un titre de champions du monde en 2014) n'ont fait que confirmer cette tendance.
Qu'avez-vous ressenti lors de l'événement qui fut la consécration de votre carrière, à savoir la victoire de votre équipe aux Championnats du monde de 2014 et en Pologne ?
J'ai le souvenir de 62 000 personnes formant un paysage de rouge et de blanc en folie ! Ce fut une émotion extraordinairement intense ! Il ne faut pas oublier que nous ne figurions pas parmi les favoris.
Savez-vous qui sera votre remplaçant ?
Il y en a 4 en lice? deux Italiens, un Bulgare et un Argentin. Je ne sais pas, mais quel qu'il soit, je sais que ce sera un bon entraîneur.
Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) - Lundi 12 décembre 2016
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