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Son nom était Bond...James Bond, et il a espionné la Pologne

A l'automne 2020, une histoire vieille de 60 ans a refait surface. James Bond a non seulement vraiment existé, mais il a en plus été envoyé par le MI6 espionner la Pologne communiste. Dans la fiction, James Bond avait le don de partir en mission dans des endroits plutôt exotiques. Mais lorsque le vrai James Bond partit pour une mission d'espionnage en 1964, il dut se contenter de l’exotique Varsovie en hiver...

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Au centre, le vrai James Bond au côté de Sean Connery qui a incarné au cinéma le héros de Ian Fleming. Varsovie, nid d'espions !
Écrit par Emma Monbrun
Publié le 14 juin 2023, mis à jour le 18 juin 2023

 

Une mission en Pologne communiste

De son nom James Albert Bond, cet agent secret britannique né en 1928, a été envoyé derrière le rideau de fer avec sa femme et son fils de six ans. Cela faisait deux ans que le premier film avec l'agent 007 était sorti, selon les archives récemment publiées par Institut de la mémoire nationale. Coïncidence? Venu en Pologne précisément le 18 février 1964, il a été employé comme archiviste pour l'attaché militaire de l'ambassade britannique. Pendant son séjour, James Bond aurait tenté de se rendre à Białystok et Olsztyn, à cette époque à la frontière soviétique, en octobre et novembre 1964. La mission était de de «pénétrer dans les installations militaires» pour recueillir des informations.

 

Un agent au nom très connu envoyé en Pologne

Au milieu des années 60, les pays communistes ne représentaient pas une menace imminente. Les missions des espions, étaient alors plus des loisirs que de l'espionnage sérieux. C’est peut-être la raison pour laquelle le MI6 autorisa l'envoi d'un agent de bas niveau avec un nom pour le coup, très médiatisé. Les superproductions de Ian Fleming existaient depuis plus d'une décennie et il n’était pas impossible que même les communistes les aient lues. Et sinon, au moins, ils avaient vu les films de Sean Connery. James Albert Bond est de ce fait venu en Pologne éclairé comme un arbre de Noël, destiné à attirer l'attention.

 

Un retour en Grande Bretagne prématuré

Sans succès retentissant, l'agent, envoyé pour espionner à long terme, a été rappelé au bout d'un an. Pourquoi cet échec?

  • Avec son nom très médiatisé, les agents communistes devaient avoir eu vent du film sorti quelques années auparavant. Il passait donc difficilement inaperçu.
  • “Très prudent", il n'avait noué aucun contact avec des citoyens polonais, ce qui aurait eu de graves conséquences pour tout Polonais soupçonné de travailler avec des agents de l'autre côté du rideau de fer.

Dans les dix mois, l'homme a renvoyé sa famille à la maison, et quelques semaines plus tard, il est parti lui-même, pour ne jamais revenir. James Bond a quitté la Pologne le 21 janvier 1965.

 

James Albert Bond fidèle au James Bond de Flemming?

James Albert Bond illustre le gouffre qui sépare la réalité et la fiction. En effet, d’après le service de contre-espionnage communiste, James Bond ne ressemblait guère à son personnage fictif éponyme: « Il aimait les femmes, comme son homonyme littéraire, mais il n'y a pas un mot sur le Martini ». Cependant, les archives affirment qu’il aurait eu un penchant pour la bière polonaise.

Bien loin des gadgets insolites et des bases secrètes, les véritables espions, comme notre James Albert Bond, étaient souvent envoyés dans les ambassades des pays sur lesquels il devaient obtenir des renseignements. Donc on ne peut pas dire qu’il ait pris autant de risques que son équivalent romanesque et cinématographique, même s’il s’est infiltré dans les bases militaires soviétiques.

 

L’écrivain britannique et créateur de 007 Ian Fleming, mort en août 1964, n’a pas pu connaître James Albert Bond.

 

Article initialement publié le 28/10/2020