Il a fallu attendre le 6 mai pour que le chef du parti au pouvoir PiS Jarosław Kaczyński (en photo) annonce que l’élection présidentielle ne pourra se tenir le 10 mai. Mais quand aura-t-elle lieu ?
Une élection très controversée
En pleine pandémie de coronavirus, organiser une élection présidentielle ne semblait pas être l’idée du siècle. Bien évidemment, la tenue des élections dans les bureaux de vote aurait fait courir un risque important aux assesseurs. L’exemple français des élections municipales du 15 mars est encore dans toutes les têtes. Dans certains bureaux de vote français, jusqu’à 50% des assesseurs ont été contaminés. Ainsi a germé l’idée de recourir au vote par correspondance.
Un vote par correspondance très critiqué
Tel était le projet de loi présenté au vote le 6 avril 2020 mais même avec une majorité absolue à l’assemblée, ce ne semblait pas être gagné d’avance pour le parti au pouvoir… Et ce ne le fut pas. Avec 228 voix pour et 228 voix contre, absence de majorité, loi rejetée. Oui mais… un député a dit s’être trompé de bouton à cause du stress et un autre que bien qu’il ait voté, sa voix n’a pas été prise en compte. Donc on a revoté… Et c’est passé ! La loi autorisant la modification du code électoral a été votée dans la nuit du 6 au 7 avril.
Le problème de l’élection par correspondance était qu’il fallait mettre dans l’enveloppe en plus du vote son nom, prénom et son numéro de PESEL (l’équivalent du numéro de sécurité sociale en France). Ainsi, pour certains, l’anonymat du vote ne semblait pas tout à fait garanti. Qui plus est, des parents auraient pu théoriquement voter « frauduleusement » pour des membres de leur famille à l’étranger… confinés… et dans l’impossibilité de voter dans l’ambassade polonaise de leur pays d’accueil.
Une opposition furieuse
Non seulement l’opposition était dans l’impossibilité d’organiser des meetings dans une période où les rassemblements sont interdits mais en plus, crise du coronavirus oblige, le président Andrzej Duda, candidat actuel à sa réélection est surmédiatisé.
Un des candidats à l’élection présidentielle, Szymon Hołownia a comparé cette élection à un match de foot où seul un joueur est sur le terrain et peut marquer des buts quand le reste des joueurs sont au vestiaire, contrôlés par les autorités sanitaires.
Quant à Donald Tusk, ancien premier ministre polonais et ancien président du conseil européen, aujourd’hui président du Parti Populaire Européen, il refusait d’utiliser le mot « élections » pour nommer ce qui s’apprêtait à se passer le 10 mai.
Et finalement…
Et finalement la commission électorale a jugé qu’il était impossible de tenir ces élections pour des questions légales et d’organisation. La Cour Suprême dispose d’un délai de 30 jours pour statuer sur la situation et finalement fixer une nouvelle date. Il est probable qu’elle utilise au maximum le temps qui lui est alloué et qu’elle prenne sa décision début juin. Le rôle central de la commission nationale électorale devrait être renforcé alors que le texte actuel donnait une part des responsabilités à la Poste dont le président avait été récemment limogé pour être remplacé par le vice-ministre de la défense Tomasz Zdzikot. L’une des dates envisagées pour la tenue de nouvelles élections serait le 12 juillet, date à laquelle les réunions de plus de 50 personnes seront vraisemblablement toujours interdites et où le coronavirus sera toujours bel et bien présent dans nos vies.
Les détails
Il sera vraisemblablement possible pour les formations politiques de changer de candidats.
Vraisemblablement, si les élections pourront se faire par correspondance, elles pourront aussi se faire dans les bureaux de vote. Une bonne nouvelle pour notre ami le corona.
Bien sûr, tous ces détails aujourd’hui seulement envisagés devront être confirmés par la Cour Suprême début juin. Bref, la politique polonaise des prochains mois risque d’être animée et les échanges… sportifs !