Après la loi autorisant le vote par correspondance et le report des élections prévues initialement le 10 mai, c’est aujourd’hui confirmé, l'élection présidentielle aura lieu le 28 juin. Enquête.
Historique
Il avait fallu attendre le 6 mai pour que le chef du parti au pouvoir PiS Jarosław Kaczyński annonce que l’élection présidentielle ne pourra se tenir le 10 mai. Pourtant en avril, la volonté de maintenir cette élection à la date prévue était forte. La loi autorisant la modification du code électoral et permettant le vote par correspondance avait été ainsi votée dans la nuit du 6 au 7 avril. Dans des conditions rocambolesques et surréalistes. Pour avoir plus de détails, lisez notre article du 7 mai sur la question.
Finalement, la commission électorale a jugé qu’il était impossible de tenir ces élections pour des questions légales et d’organisation. La Cour Suprême disposait d’un délai de 30 jours pour statuer sur la situation et finalement fixer une nouvelle date. Ceci a été fait la semaine dernière avec la fixation de la date des élections au dimanche 28 juin.
Un vote de confiance
L’opposition était dans l’impossibilité d’organiser des meetings dans une période où les rassemblements étaient interdits mais en plus, crise du coronavirus oblige, le président Andrzej Duda, candidat actuel à sa réélection était surmédiatisé. Ainsi, la situation politique dans le pays était électrique.
Pour « temporiser », le Premier ministre Mateusz Morawiecki a demandé un vote de confiance à la Diète lors de la séance du jeudi 4 juin. M. Morawiecki a déclaré qu'il avait parlé au président ces derniers jours et qu'il avait proposé "de couper court à ce festival de rixes", que l'opposition tente, selon lui, d'organiser.
Lors du vote de jeudi, la Diète, où le PiS et ses alliés ont la majorité absolue, a accordé la confiance au gouvernement de Mateusz Morawiecki. 235 députés ont voté pour, 219 contre et 2 se sont abstenus.
Le président Andrzej Duda, qui s'est également exprimé jeudi, a déclaré à son tour qu'il y a quelques jours, il avait proposé au Premier ministre de demander un vote de confiance pour le gouvernement.
Une campagne incisive de la majorité
Le chef du gouvernement a parlé d'une croissance du PIB de 4,2% en moyenne au cours des dernières années. "Deux fois la moyenne de l'UE, trois fois celle des pays de la zone euro". - a-t-il souligné.
Il a attiré l'attention sur l'augmentation du salaire minimum de près de 50 %, une augmentation du salaire moyen dans l'économie nationale de plus de 1000 PLN (230 euros) au cours des 4 dernières années.
Il a également souligné le taux très bas de décès par million d'habitants en Pologne par rapport à des pays beaucoup plus riches.
"Regardez l'Espagne et l'Italie, où les gens étaient enterrés seuls, sans leurs proches. Regardez les États-Unis, où à New York, malheureusement, il a fallu préparer des fosses communes, et au Brésil aussi. Et en Ukraine, qui est proche de nous, c’était la même chose", a déclaré M. Morawiecki.
"Les prévisions de la Commission européenne indiquant que la Pologne sera le pays le moins touché par les conséquences économiques de la pandémie dans l'UE sont la meilleure preuve que nous avons eu la bonne stratégie, et cela vous pique les yeux - a déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki à la Diète, s'adressant à l'opposition.
Une opposition ragaillardie
Cependant, une politique conservatrice en matière sociétale, notamment vis-à-vis de l’avortement, de la contraception ou les fameuses réformes très controversées, jugées par beaucoup liberticides de la justice ou de la télévision publique ont braqué de nombreux Polonais contre le pouvoir en place.
La Pologne, comme de plus en plus de pays dans le monde, est un pays où le clivage politique est majeur, notamment entre les grandes villes et l’Ouest du pays souvent acquis à l’opposition et les campagnes et l’Est du pays acquis à la majorité.
Ainsi, tout peut basculer. L’ancienne candidate du principal parti d’opposition de centre-droit PO (Platforma Obywatelska – La plate-forme citoyenne) Małgorzata Kidawa-Błońska dont les scores dans les sondages ne décollaient pas, a jeté l’éponge et a laissé sa place au jeune et dynamique maire de Varsovie Rafał Trzaskowski, dont la photo illustre cet article.
Et si dans les sondages d’avril, le président actuel Andrzej Duda était donné élu dès le premier tour, le dernier sondage réalisé lui prédisait une défaite et prévoyait l’élection à la présidence du maire de Varsovie… ce qui créerait une cohabitation qui promettrait d’être assez sportive…
Résultats du 1er tour dans 3 semaines…