Le musée de l'Insurrection rend hommage à tous ceux, hommes, femmes et enfants qui, pendant 63 jours, ont vécu l'enfer en se battant pour leur indépendance et en tenant courageusement tête à l'occupant allemand. Héroïsme ou inconscience, l’Insurrection de Varsovie a indéniablement marqué au fer rouge la capitale polonaise.
Un musée unique à l’atmosphère particulière…
Installé dans l'ancienne centrale électrique des tramways, construite au début du XXème siècle, le musée de l'Insurrection a ouvert ses portes en 2004. Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Cela s’explique par la volonté du gouvernement communiste, arrivé au pouvoir après la guerre, de passer sous silence cet événement, peu enclins à célébrer la mémoire des insurgés. Ainsi, des survivants au conflit furent incarcérés et il faudra patienter jusqu'à la fin de la Guerre froide pour qu'un réel travail de mémoire commence à se mette en place.
Bien que dénommé « Musée de l'Insurrection de Varsovie », ce dernier ne se contente pas de retracer les 63 jours durant lesquels les Varsoviens se sont héroïquement insurgés face à l'envahisseur nazi. Il couvre également toute la période allant du début de l'occupation allemande à l'installation du régime communiste d'après-guerre.
Intérieur brut, faiblement éclairé par endroits, plongé dans l'obscurité à d'autres, ce musée interactif qui regorge de photos et documents d’époque dégage une atmosphère très particulière. Le sentiment d'oppression que nous pouvons y ressentir est renforcé par le bruit d’explosions qui retentissent régulièrement. Tas de ruines, reconstitution d'un bunker, films sur grand écran, photographies, témoignages… : tous ces éléments nous permettent de mieux nous immerger dans la découverte de ce qu'était l'Insurrection de Varsovie.
… qui souffre de quelques défauts
Cependant, si la mise en scène est particulièrement réussie, ce musée présente une documentation beaucoup trop dense qui nuit à l’aspect pédagogique attendu par les visiteurs. Trop d’informations semblent parfois placées de façon aléatoire et peuvent rendre la visite confuse. Les audioguides ne sont pas toujours d’une aide précieuse à cet égard et les informations données sont assez sommaires et versent souvent dans l’anecdote. L’accompagnement d’un guide est donc fortement conseillé.
Voici donc un point historique qui vous aidera à mieux vous préparer à une visite qui, bien que perfectible, demeure incontournable à Varsovie !
L’occupation allemande
Le 1er septembre 1939, la Pologne est envahie par les troupes allemandes, qui assomment l'armée polonaises de leur Blitzkrieg (« guerre éclair » en allemand). 17 jours plus tard les Russes attaquent à l’Est. En effet, à ce moment-là les Russes et les Allemands sont alliés et ont signé, en août un pacte secret par lequel ils procèdent au 4ème partage de la Pologne. L’Allemagne incorpore au Reich les territoires de l’Ouest et crée une zone d’occupation autour de Varsovie appelée Generalgouvernement. Les Russes quant à eux annexent des territoires à l’Est.
L’objectif d’Hitler est de faire de la Pologne le Knechtvolk c’est-à-dire le peuple esclave du IIIème Reich. A cette fin, les Allemands exterminent l’intelligentsia polonaise ainsi que tout opposant potentiel, ferment les établissements scolaires (collège et lycée), empêchent toute possibilité d’activité culturelle ou politique et créent des zones de colonisation exclusivement allemande en expulsant la population polonaise locale.
L'État secret
La résistance s'organise alors à partir du gouvernement en exil, d'abord à Paris, puis à Angers et enfin à Londres. Celle-ci est divisée en plusieurs branches dont les rôles vont d'actes de sabotage économique et militaire aux assassinats de gradés nazis, en passant par le soutien moral de la population, via la presse clandestine. L'Armia Krajowa (AK) est le plus important mouvement de résistance en action durant la guerre, formant l'aile armée de l'État secret polonais.
En tant qu'armée clandestine opérant dans un pays occupé et séparé des territoires alliés, l'AK a d'énormes difficultés à acquérir des armes et des équipements. Armes et munitions proviennent principalement des stocks nazis (achetées ou volées) ou bien sont fabriquées dans des ateliers secrets par l'AK elle-même (ci-dessous, un Blyskawica). Toutefois, les Polonais ne disposent pas de l'artillerie lourde allemande (chars, aviation...).
Une autre source d'approvisionnement d’armes et équipements sont les parachutages que font les Alliés pendant l'Insurrection, faute de pouvoir atterrir sur le sol varsovien, par interdiction de Staline. Nombre de pilotes, alliés (britanniques, canadiens, américains) mais aussi polonais, ayant rejoint le gouvernement polonais en exil après la défaite, ont trouvé la mort lors de ces opérations. Un avion Libérator de la Royal Air Force dans la plus grande salle du musée leur rend hommage.
La Kotwica, qui mêle un P avec un W, signait tous les actes de sabotage. Véritable arme psychologique, cette ancre a eu plusieurs sens : « Polska Walczaca » (« Pologne combattante »), « Wojsko Polskie » (« Armée polonaise) ou encore « Powstanie Warszawskie (« Insurrection de Varsovie »).
Varsovie pendant la guerre
Hitler souhaite faire de Varsovie une nouvelle ville germanique. Les Polonais sont exclus d’un grand nombre de lieux publics et soumis aux nouveaux occupants, car considérés comme de « race inférieure ». Le changement de nom des rues fait partie intégrante de ce plan de "germanisation" de Varsovie. L'autorité allemande fait régner la terreur au sein de la population varsovienne, en procédant à des exécutions arbitraires et en placardant aux murs des listes de personnes à exécuter. Ainsi, en représailles de l'assassinat d'un officier nazi par un "bandit polonais", pas moins de cent civils sont fusillés.
Dans le but de montrer que tout n'est pas perdu, pour soutenir la population et surtout informer les habitants qui sont soumis à la propagande nazie, l'Etat secret diffuse des tracts et autres journaux clandestins. Ceux-ci sont réalisés grâce à des presses d'imprimerie manuelle, qui doivent évidemment être cachées. Deux d’entre elles, toujours en état de marche, sont encore présentes au musée. Travailler pour la presse clandestine était un des rôles les plus dangereux de la résistance.
L’Insurrection
Varsovie compte 1,3 million d'habitants avant la guerre et déjà plus que 900.000 à l'été 1944, le Ghetto ayant déjà été rayé de la carte depuis plusieurs mois à la suite du soulèvement d’avril-mai 1943. Le 1er août 1944 à 17 heures, l'Insurrection éclate! Quelques dizaines de milliers d'insurgés, soutenus massivement par la population, se retrouvent face à des soldats allemands suréquipés et le soulèvement prévu pour durer 3-4 jours va durer 63 jours.
Alors que s’est-il passé ? Pourquoi les Varsoviens se sont-ils lancés dans cette offensive qui semblait perdue d’avance? Les récentes défaites du IIIè Reich, provoquées par le débarquement en Normandie ainsi que l'arrivée des Soviétiques à l'Est qui ont encouragé l’insurrection et garanti leur aide, nourrissent les espoirs des Polonais. Mais alors que ceux-ci attendent impatiemment l'appui de l'Armée rouge, Staline ordonne à ses troupes de stationner à Praga, sur la rive est de la Vistule, et de ne pas prendre part aux combats. Le leader soviétique, qui fait preuve d’un cynisme monstrueux, souhaite que les résistants polonais, hostiles au communisme, soient d'abord éliminés, avant d'arriver en sauveur et de pouvoir imposer sa doctrine à un pays affaibli. Staline laisse ainsi la Wehrmacht massacrer entre 150 et 200.000 personnes.
L’utilisation des égouts dont vous pouvez observer une reconstitution au musée a un rôle crucial pendant l’insurrection. En effet, dans la mesure où les Allemands, mieux armés et plus nombreux, sont bien installés à la surface, l'utilisation de ce réseau souterrain permet de se déplacer dans la ville discrètement et en minimisant, de ce fait, les pertes humaines. Mais l'occupant comprend rapidement ce stratagème et beaucoup de combattants périssent dans les égouts, victimes de grenades ou de gaz.
Le 2 octobre 1944, Varsovie capitule. Tous les survivants sont déportés soit aux travaux forcés en Allemagne soit dans des camps de concentration ou encore dans les autres villes du Generalgouvernment. La ville est ensuite pillée et détruite et n’est plus qu’un champ de ruine. Les Russes sont toujours de l’autre côté de la Vistule et ne bougent pas.
Une fois les Allemands partis, les Soviétiques entrent dans la capitale polonaise le 17 janvier 1945, en «libérateurs». Varsovie n’est alors plus qu'une ville fantôme, détruite à 85%, ne comptant que quelques milliers d'âmes. La vidéo en 3D, Miasto Ruin proposée lors de la visite du musée est une reconstitution de cette vision apocalyptique à partir de photographies prises par des avions en 1945.
Après l’insurrection
Des habitants reviennent progressivement à Varsovie et entament la reconstruction de la Vieille Ville. Pendant plusieurs années, les sœurs de la Croix Rouge polonaise exhument des corps afin d'essayer de les identifier et de leur offrir une sépulture digne (ci-contre des protocoles d'exhumations).
L'URSS libère donc la Pologne du nazisme, pour la soumettre, le lendemain, au joug du communisme. De nombreux historiens ont depuis défendu la thèse selon laquelle « la Pologne a gagné la guerre mais a perdu la paix ».
Toutes les informations sur Muzeum Powstania Warszawskiego
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Na ten dzień czekają cały rok. 1 sierpnia chcą być razem. W mieście, w którym w 1944 r. poszli ramię w ramię walczyć o wolność. Bez wahania i z nadzieją w młodych sercach??
— MuzeumPowstania1944 (@1944pl) August 26, 2022
Powstańcy Warszawscy DZIĘKUJEMY!?❤️
Na zdj. obchody 78. rocznicy Powstania Warszawskiego. #1944Pamiętamy pic.twitter.com/DsNHiW0qKQ
25/08/22