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Des chocs culturels en arrivant à Valence ?

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L'emblématique Cité des Arts et des Sciences de Valencia
Écrit par Eva Moysan
Publié le 27 février 2019, mis à jour le 28 juin 2019

Comme tous les étudiants de Sciences Po, ma troisième année d’étude doit se dérouler entièrement à l’étranger. Après un an et demi de réflexion, mon choix est devenu définitif : ce sera Valence, en Espagne. Entre la centaine de partenariats dans une quarantaine de pays et même la possibilité, dans l’absolu, de choisir n’importe quel pays du monde, l’Espagne semblait l’un des moins dépaysants. Pourtant, il ne faut pas se tromper, il existe nombre de différences avec la France et avec tout ce que j’avais vécu auparavant. Sans parler de chocs culturels, beaucoup de choses m’ont frappé à mon arrivée. 

Coup de chaud

Ce qui m’a immédiatement surpris ce fut la chaleur : même si le thermomètre affichait 30°C à Valence, le ressenti est largement supérieur étant donné l’humidité. La lourdeur de l’été empêche de faire des efforts trop importants, si bien que certains de mes amis ont surnommé la ville "2 de tension city". En effet, si les plus courageux ont assez d’énergie pour se lever allumer la clim, la plupart préfère fondre sur leur lit en attendant un courant d’air salvateur – miracle qui ne se produit que les 36 du mois d’août. 

Ce n’est pas le plus agréable, loin de là, mais la contrepartie c’est qu’en octobre, il fait toujours 23°C et les nuits restent douces. Fin novembre, le contraste entre les températures (autour de 16°C en début de soirée) et les décorations de Noël est saisissant. Je deviens bipolaire. Dans une même semaine, je peux me baigner à la mer, m’habiller comme en septembre en France mais aussi réfléchir à acheter un sapin et des cadeaux. En réalité, c’est vraiment parfait : on est excusé si l’on veut passer son weekend sous la couette à manger du chocolat puisque, quand même « il fait froid, c’est l’hiver »*. Mais on peut aussi aller se promener admirer les illuminations et faire des emplettes sans avoir à pratiquer la technique du multicouches pour ne pas choper un rhume. 

Beaucoup trop tranquille

Dans un tout autre registre, j’ai été étonnée par la basse fréquence de passage des métros. Avec une moyenne d’un toutes les dix minutes aux heures de pointe, il faut surveiller les horaires à l’avance – ou ne pas être pressé. Mais ici, les gens ne le sont pas et c’est drôlement agréable. Personne ne te bousculera à 8h du matin dans les escaliers du métro pour arriver vingt secondes plus tôt au bureau. Les gens prennent leur temps, sont en retard et ne sont pas agacés par les retards des autres. Cependant, en bonne française, cela me fait enrager de voir que quand il y a un problème sur ma ligne et que je dois attendre 30 min le métro, je suis la seule à être énervée. Il n’y a personne pour enguirlander inutilement les chefs de station qui n’y peuvent rien, drôle de pays !

La diète méditerranéenne

Ce qui m’a le plus étonné dans les supermarchés et les supérettes, c’est l’absence de compotes. A part quelques pots pour bébés et parfois des gourdes de type "pom’potes", il est impossible de trouver cette précieuse denrée alimentaire. Etant donné que cela constitue d’ordinaire la base de mon alimentation, ce fut un choc difficile à encaisser. Néanmoins, j’ai pu me consoler par l’achat de fruits espagnols peu chers et très bons – et surtout par l’envoi de colis remplis de ce délice culinaire par mes parents. 

Une ville fantastique 

Une excellente surprise lors de mon emménagement fut de découvrir qu’il y avait un terrain de rugby à cinq minutes à pied de chez moi dans le Turia. Ce parc est un bijou de verdure où l’offre sportive est variée et ce dans un cadre fantastique. Il y a même des pistes exclusivement réservées aux coureurs ! Je ne vous parle même pas de la Cité des Arts et des Sciences, dont le design de l’opéra futuriste a été copié ensuite par Sydney – les australiens n’ont pas deux sous d’originalité. Cet ensemble de bâtiments blancs modernistes semble flotter sur une eau bleue turquoise, un petit paradis. 

Le Street art de Valencia

 

En me baladant dans ma nouvelle ville, j’ai découvert petit à petit un street art coloré et éclectique. Je ne m’attendais pas à voir autant de fresques, de graffitis et de collages dans le centre. C’est un régal pour les yeux d’autant plus que, selon moi, cela donne beaucoup de dynamisme et de gaieté aux rues. Bon parfois il est vrai qu’il y a du moche, voire du très moche. C’est d’autant plus rageant quand un « artiste » décide de recouvrir une jolie pièce par une de ses immondes créations, souvent composée d’un mot stylisé sommairement. Enfin, il n’y a plus qu’à attendre qu’un autre talentueux graffeur vienne la recouvrir. 

Au fil de mes pérégrinations, j’ai noté nombre d’immeubles en ruines ou de terrains vagues à la place d’un bâtiment détruit, et ce au cœur même de la vieille ville. Cela surprend mais cela rappelle que la crise immobilière qui a frappé l’Espagne n’est pas si loin. Ça encore, ça ne se voit pas en France !

J’ai été également surprise de voir le nombre de panneaux en valencien. Parfois, même, il n’y a aucune indication en castillan. Pour un francophone, cela n’est pas un réel problème car beaucoup de mots valenciens ressemblent au français. Étant peu informée sur le régionalisme en Espagne à part en Catalogne et au Pays Basque, je ne connaissais pas l’attachement des locaux à leur langue et leur culture. Même s’il subsiste quelques régions françaises très revendicatives de leur patrimoine propre, ce régionalisme est une particularité que l’on ne rencontre que rarement dans l’hexagone.

Décidément, Valence ne ressemble pas à la France, et c’est comme cela qu’on l’aime. 

 

*  Phrase prononcée sérieusement par un valencien alors que le thermomètre affichait 19°C un 20 novembre. 
Eva Moysan
Publié le 27 février 2019, mis à jour le 28 juin 2019

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