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VOUS - Antoine Rigaudeau, le roi est à Valence

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 7 mars 2012, mis à jour le 3 mars 2024

Après une carrière exceptionnelle, Antoine Rigaudeau, l´un des meilleurs joueurs européens de basket, a arrêté sa carrière de grand champion en Espagne. Mais si il a quitté les parquets ici, il n´a pour autant pas quitté Valence

(Photo Lepetitjournal.com)

Antoine Rigaudeau est pour beaucoup le plus grand joueur de l´histoire du basket français. Il a été un des plus jeunes joueurs sélectionnés en équipe de France à un peu plus de 16 ans? En oral d´anglais, au bac, il apparaissait en poster avec l´équipe de basket, derrière le professeur ! Alors que c´est à Bologne en Italie qu´il est devenu "el rey" (le roi), après une saison passée à Dallas en NBA, Antoine a souhaité revenir jouer en Europe. C´est en 2003 que Valence intègre ce joueur si charismatique, celui qui préférait "jouer un rôle de leader en Europe", et pour qui "être un pion dans une équipe de NBA" était beaucoup moins intéressant.

Italie, USA, Espagne...
A chaque fois, sa famille le suit. Ses deux fils sont nés en Italie, ont vécu 6 mois aux Etats Unis, et à leur arrivée à Valence, le club s´est occupé de tout. "C´est une vie particulière, mais ça se fait naturellement", estime-t-il. Avec Bologne, Antoine avait joué contre Valence. Lui en est resté la sensation d´un club ambitieux avec des moyens, même s'il ne connaissait rien de la ville. "Le dynamisme de la Communauté valencienne et de l´ Espagne il y a 7-8 ans, était très intéressant et très motivant. Je voulais participer à ce dynamisme pour le club mais aussi pour la ville", explique-t-il. Certes, à l'époque, les ambitions du club de Valence sont réelles, mais pour Antoine, il manque un petit plus pour avoir une vraie identité, difficile à acquérir pour un club qui change de cap tous les deux ans.
Pas complètement remis d´une blessure grave, Antoine Rigaudeau revient un peu trop tôt sur les parquets. Il passe l´été en rééducation avec l´objectif de revenir en équipe de France. Après une médaille d´argent aux JO de 2000, il a envie de revivre ça avec la nouvelle génération de Tony Parker. La médaille de bronze aux championnats d´Europe de 2005 lui laisse un goût amer, et il s'avoue fatigué sur le plan physique et mental : "J´avais de moins en moins d´envie, je me sentais de moins en moins décisif. Dès mon plus jeune âge, je me disais que c´est moi qui déciderais quand j´arrêterais". Aujourd´hui, s'il regrette d´avoir été si direct et que sa décision ait été mal prise par certains, il répète pourtant : "Je suis fier de mon parcours dans ce sport, que je voulais sincèrement faire évoluer en dehors du terrain".

Sportif de haut niveau à 150%, éternel compétiteur, observateur et philosophe

Après avoir brillé sur les parquets, Antoine Rigaudeau aura voulu faire briller le basket en France et en Europe. "J'ai été marqué par mon séjour à Bologne : c'est le club qui m´a le plus marqué, et je voulais faire profiter de mes différentes expériences à l´étranger, en la rapatriant en France. En Italie, ils sont encore plus passionnés qu´ici. Ils ont le sens de la gagne comme nulle part ailleurs et sur le terrain, je me suis rendu compte que je pouvais donner du bonheur aux gens, mais aussi gâcher quelque chose. Paris est une ville exceptionnelle qui à mon avis a tout pour que le basket explose, alors après avoir pris ma retraite en tant que joueur, je me suis lancé dans l´aventure en devenant actionnaire. Je pensais qu´il fallait mettre un directeur général à plein temps, avoir une infrastructure privée", rappelle-t-il. Aujourd´hui, il est toujours actionnaire, mais absent. "Cette expérience de l´après basket n'a pas toujours été désagréable, parfois douloureuse, voire blessante. J´ai connu la politique, et ce n´est pas pour moi".
Mais Antoine sait qu´il peut être utile et veut l´être surtout pour les jeunes sur le plan tactique, technique et moral. Il passe alors son diplôme d´entraineur : "Je voulais par exemple rentrer manager de l´équipe de France". Appartenir à un projet est primordial pour lui, et il arrive avec de nouvelles propositions pour l´équipe de France de jeunes. "J´ai le sentiment d´avoir présenté quelque chose, mais ça n´a pas abouti, je n´ai même pas eu de réponse. Au bout d´un moment, je me suis dit le basket, ça suffit? Pourtant, je n´ai aucune ranc?ur et ne ferme aucune porte".

Un Français à Valence
Antoine Rigaudeau se plait à Valence et profite de la vie. "Il y a une qualité de vie ici, avec une vie à l´européenne, un climat plus qu´agréable grâce auquel je peux pratiquer les sports qui me plaisent comme le tennis, le golf, le running. Valence est une grande ville mais pas trop, avec un aéroport qui permet de bouger et une situation toujours très dynamique, identique à celle qui m´avait séduite à mon arrivée. Ici, j´ai des habitudes et un confort de vie avec la famille, avec mes enfants au lycée français... De telle sorte que si rien ne m´amène vers l´étranger, je n´ai aucune raison de partir", explique-t-il. Il n´est pas un fan des fallas qui est pour lui une caractéristique de Valence : "un état d´euphorie totale puis la dépression dès que ça va moins bien". Ce qui fait le charme de Valence à ses yeux, c´est le Rio, le centre historique, l´IVAM, la Cité des Arts et des Sciences, tous les événements sportifs comme la F1, l´open de tennis?
"J´ai plus de sensations de la vie aujourd´hui et je pense être assez lucide sur tout mon vécu. Je suis serein et ne suis pas dans l´attente de quoi que ce soit. Je profite, je suis heureux. Je découvre plein d´autres choses, j´aimerais écrire un livre, un roman, mais je fais toujours du sport. Je fais des matchs par plaisir, tout en gardant toujours mon côté compétitif. Je veux gagner ! Le golf est le plus frustrant car je n´ai pas d´adversaire !"
Une vie d'expatrié qu'il souhaiterait voir durer "le plus longtemps possible". Ajoutant : "Je m´intéresse au débat politique en France et j´irai voter aux prochaines élections, par respect du droit de vote".

Philosophe, Antoine conclut avec un proverbe chinois : "on voit la personne qui a réussi quand elle peut regarder un fleuve et le regarder juste couler".

Cécile PANISSAL (www.lepetitjournal.com- Espagne) mercredi 7 mars 2012

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Publié le 7 mars 2012, mis à jour le 3 mars 2024

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