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INTERVIEW – Luc Besson et les Minimoys : "Arthur a représenté 10 ans de ma vie"

Écrit par Lepetitjournal Valence
Publié le 24 février 2010, mis à jour le 13 novembre 2012
Sur les écrans espagnols depuis peu, la dernière production de Luc Besson a généré plus de 6 millions d'entrées en France, lors de sa sortie fin 2006. Encensé par les uns, incendié par les autres, ce film d'animation, à l'image des productions de Besson, n'a laissé personne indifférent. Rencontre

(Photo DeAPlaneta)

Lepetitjournal.com : Après le cinéma et une incursion dans le monde la littérature enfant, qu'est-ce qui vous a amené vers l'animation ?
Luc Besson : A la base, Patrick Garcia (avec qui j'ai travaillé sur le 5e Elément) m'a montré un dessin d'un petit personnage? Il voulait en faire une série TV avec un format de 4 minutes. Je lui ai tout de suite dit que le problème c'est que moi, la télé, je ne sais pas faire. De là est partie l'écriture d'un script pour un film (qui a pris 4 ans), puis celle des 4 romans? En gros Arthur a représenté de 10 ans ma vie à partir du petit dessin de Patrick Garcia !
C'est donc l'histoire qui est venue en premier, et seulement après que l'on s'est demandé comment on allait la raconter. Aujourd'hui, on dispose de moyens techniques qui permettent d'oublier les décors en plastiques que l'on aurait utilisés il y 20 ans. A l'inverse, si un réalisateur veut monter un Roméo et Juliette, il a juste besoin de bons acteurs. La 3D ne va rien apporter à Shakespeare !

Vous avez fait appel à BUF, une société d'animation française. Vous avez tourné en Normandie? Mais l'histoire d'Arthur se déroule dans le Connecticut. Faut-il y voir un paradoxe, une prise de position ?
Pas du tout. C'est juste qu'il y a d'abord le rêve, puis la mécanique de fabrication. Un peu comme quand on tombe amoureux d'une jeune fille et qu'on se demande comment on va la séduire !
Des questions s'imposent : de combien a-t-on besoin ? Quels sponsors choisir ? Quand j'ai réalisé le 5e Elément, la technologie n'était pas suffisante en France. Aujourd'hui, en Europe, on a vraiment de très bonnes boîtes. BUF a par exemple réalisé des effets spéciaux pour Avatar, Matrix? Donc il n'y avait pas besoin de chercher plus loin.
En ce qui concerne le décor, je voulais un peu recréer l'univers de mon enfance? Le problème, c'est que la France des années 50-60, ce n'est pas très "fun" à filmer. Le pays étant en reconstruction, cela aurait été impossible de ne pas parler de la guerre. Les Etats-Unis, au contraire, n'ont jamais été détruits. Cela permettait de créer un univers coloré, avec des Cadillacs des murs fraîchement repeints?

Vous avez été nourri aux Disney étant enfant? D'où vous est venu l'inspiration pour  l'univers d'Arthur ?
De moi ! Bien sûr qu'on se nourrit de films, de littérature, d'expériences? Mais il faut éviter de prendre les films des autres, ce sont déjà des "digestions", donc ce ne doit pas être la source essentielle d'inspiration

Les parents sont présentés de manière assez caricaturale, pourquoi ?
Il y a beaucoup de moi enfant chez Arthur, et donc beaucoup de ma famille dans la sienne. Moi aussi, j'ai passé beaucoup de temps seul, à m'inventer des univers dans la maison de campagne de mes grands-parents. A l'époque, il n'y avait pas de mobiles pour passer le temps! Comme Arthur, je me sentais en décalage avec mes parents. Je leur ai aussi voulu de ne pas s'occuper plus de moi. Mon chien Socrate, c'est le Alfred du film !

En plus de leur donner du plaisir, est-ce que vous voulez transmettre un message aux enfants ?
C'est évident, non ? Il faut faire très attention à ce qu'on leur dit, ce sont comme des éponges. Alors que l'adulte est censé avoir plus de liberté, de discernement?
Ce que je voulais transmettre, c'est  qu'on arrive toujours à vivre ensemble, que l'on soit noir ou blanc, homme ou fourmi. Il est impossible qu'un enfant naisse raciste, c'est pour cela qu'on doit le nourrir de la diversité, de l'acceptation des autres. Mais aussi lui montrer que s'il ne peut pas conduire une voiture, il peut piloter une coccinelle, voire une araignée ! Il faut lui apprendre à  jouer avec ses peurs.

Atlantis, Le Grand Bleu, maintenant Arthur?On vous sent extrêmement sensible aux thèmes écologiques. Récemment, vous avez déclaré sur une radio française que vous pensiez arrêter le cinéma?  Il y a une reconversion en vue ?
J'ai été élevé au bord de la mer, d'où ma permanente connexion avec la nature. Mais une reconversion?Quand j'ai dit cela, j'étais dans un moment de perte d'envie. J'aime beaucoup produire : ça c'est un vrai boulot de feignant (rires). Mais la mise en scène ne peut se faire à moitié. Après 22 ans, j'ai eu un coup de mou. Mais il n'a jamais été question de partir à la retraite ! D'ailleurs, on dirait que l'envie revient?

Comment s'est passé le tournage avec Freddie Highmore? Lui qui a déjà tourné avec Tim Burton et Johnny Depp, comment vit-il sa célébrité?
Arthur et les Minimoys n'a pas un ton prétentieux, c'est du divertissement. Du coup on a pu s'amuser et l'ambiance du tournage était parfois très "colonie de vacances". J'ai eu de la chance, car lorsque j'ai tourné avec des jeunes acteurs, cela à chaque fois été très facile. Nathalie Portman (avec qui j'ai tourné Léon) et lui sont doués et brillants. Tous deux très à l'écoute, très en demande. Ce sont des personnes très riches humainement, bien plus que la majeure partie de grands acteurs reconnus (dont je tairais le nom) qui s'enferment dans leur célébrité. Alors que pour ces gosses, jouer la comédie c'est presque trop facile. Je ne serai pas étonné que Freddie fasse bientôt autre chose que du cinéma, comme politicien ou ingénieur?

Propos recueillis par Sarah BOSQUET (www.lepetitjournal.com ? Espagne) jeudi 25 février 2010
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Publié le 24 février 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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