A la manière de la métropole, le réseau diplomatique français établi en Espagne a rendu hommage à l’Armistice du 11 novembre 1918 dans plusieurs villes de la péninsule où des cérémonies commémoratives étaient organisées.
18,6 millions de morts
Il y a 100 ans, les fusils se taisaient. Il y a 100 ans, on comptait les morts : plus de 18,6 millions dont 8 millions de civils. Il y a 100 ans, une paix, temporaire malheureusement, était instaurée.
C’est à ces morts de la Grande Guerre, mais aussi aux mutilés, aux invalides, à toutes ces familles de l’Europe de cette époque, que durant plusieurs jours, les autorités françaises d’Espagne accompagnées de leurs compatriotes, ont souhaité rendre hommage.
De Bilbao à Séville, de Barcelone à Grenade, de très nombreux événements ont été proposés par les instances françaises : cérémonies, projections de films, conférences, débats, lectures. Les élèves des différents Lycées français d’Espagne ont bien évidemment été largement associés à toutes ces manifestations afin d’honorer leurs aïeuls et respecter le devoir de mémoire.
Le dormeur du val et O Fortuna pour communier
A Valencia, la cérémonie commémorative a eu lieu le mardi 13 novembre en présence des principaux représentants des instances françaises civiles et militaires au Lycée français. Sous la stèle rappelant les noms des Français morts au combat, plusieurs élèves se sont succédés au micro pour témoigner des atrocités de 14-18 et lu le célèbre poème d’Arthur Rimbaud, « Le dormeur du val » :
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Alexandre Noguera, Consul de France à Valence mais également historien, a rappelé dans son discours que « tout ce qui a été construit après la guerre, l’a été sur la réconciliation avec l’Allemagne ». Et d’ajouter : « Nous sommes les héritiers de 1918. Nous devons être dignes de ceux qui sont morts dans cette guerre ». Par ailleurs, à un moment où le nationalisme est ravivé par certains partis, il a enjoint les élèves à bien distinguer nationalisme et patriotisme en citant Romain Gary : « Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine de l’autre. » Accompagné par Annik Valldecabres, Conseillère consulaire, il a par la suite déposé une gerbe de fleurs au pied de la stèle.
La matinée s’est terminée dans la salle polyvalente où l’orchestre du Lycée a tout d’abord accompagné les élèves du primaire qui ont chanté "Caresse sur l’Océan" et "Vois sur ton chemin", chansons du film Les Choristes de Christophe Barratier. Puis, comme pour sonner le glas, c’est un époustouflant "O Fortuna" du compositeur allemand Carl Orff interprété par plus de 300 élèves de 4e à la flûte et au chant qui a fait vibrer la salle entière et laissé les spectateurs ébaubis.