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5 peintres valenciens à (re)découvrir

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Tableau d'Ignacio Pinazo Camarlench / jdiezarnal.com
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 22 octobre 2021, mis à jour le 29 mars 2023

Valence a de tout temps été un vivier d’artistes et un lieu intense de création comme en témoigne l’actuel Russafart. Depuis Monnet, on reconnait tous en Joaquín Sorolla le “maître absolu de la lumière” valencienne, au risque peut-être d'éclipser d’autres peintres de premier plan. Voici une liste - à compléter, bien sûr - de quelques peintres qu’il ne faudrait pas laisser dans l’ombre. Ils méritent aussi que l’on s’attarde sur leurs biographies et leurs oeuvres.

 

Juan de Juanes (Vicente Juan Masip) (1507?/1523?-1579)

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La Última Cena (1555-1562), Juan de Juanes

 

Il est considéré comme l’un des peintres les plus importants de la Renaissance espagnole et est le fondateur de l’École de Valence. À ce titre, on l’a surnommé le “second Raphael”.

Juan de Juanes est le fils d’un peintre valencien de grande renommée, Vicente Masip, avec qui il a d’ailleurs collaboré dans son atelier à la création de nombreuses oeuvres. Cela explique qu’il est difficile de départager le fils du père dans l’authentification des premiers tableaux.

Toutefois il est indubitable qu’à partir de 1530, Juan de Juanes s'impose comme la personnalité dominante de l'atelier et devient l’artiste le plus en vue et respecté de Valence. En plus d’être un peintre hors-pair, Juan de Juanes est un érudit en lien avec les cénacles humanistes de son époque.

Si la thématique religieuse est prédominante dans son oeuvre, le peintre explore aussi la mythologie et l’art du portrait. Sa peinture conserve une empreinte flamande sur laquelle souffle le vent de la Renaissance florentine. Raphaël et Sabastiano del Piombo sont deux influences majeures pour l’artiste et sa génération.

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Illustration : Serge Helholc

 

Ses oeuvres maîtresses, aujourd’hui exposées au Prado, sont les toiles du Retable de San Esteban. Il y fait montre d’une grande dextérité graphique, alliant maîtrise du trait et technique des couleurs, et agrémente ses scènes de citations latines et de gestes rhétoriques évocateurs qui témoignent de sa parfaite connaissance des humanités.

Juan de Juanes a engendré de nombreux disciples dont Ribalta, fondateur du Collège des peintres à Valence. Ses enfants ont repris le flambeau familial : son fils, Vicente Joanes, et ses filles, Dorotea et Margarita Joanes, sont considérés comme des peintres notables de leur époque.

 

Jerónimo Jacinto Espinosa (1600-1667)

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Fragment du tableau (partie basse) "Inmaculada Concepción", photo Serge Helholc

 

Issu d’une famille de peintres, il est initié à la peinture par son père Jerónimo Rodríguez de Espinosa (1562-1630) à Cocentaina dans la province d’Alicante. Il approfondit ensuite sa formation à Valence dans le Collège des Peintres créé en 1607 par Francisco Ribalta.

Sa première oeuvre signée date de 1612 ce qui montre une étonnante précocité.

La mort de Ribalta en 1628 fait de lui son principal disciple et le chef de file de la scène artistique valencienne de son temps.

L'horror vacui qu’il partage avec son maître va l’obliger à inventer de nouvelles compositions pour remplir ses tableaux. Pétrie de thèmes religieux, sa peinture s’inscrit dans le courant baroque du XVIIème siècle. Elle se compose principalement de commandes pour des couvents et des ordres religieux de la région valencienne. Elle suit le Canon naturaliste de l’époque dans la représentation des personnages et s’attache ainsi à l’exactitude de leur figuration. Si sa technique s’affine, sa peinture évolue peu et apparaît comme figée hors du temps, enfermée dans des compositions solennelles et symétriques. Espinosa a recours au ténébrisme le plus strict, utilisant une forte lumière qui illumine la scène de ses tableaux avec des contrastes puissants qui laissent transparaître, en des moments d'extase, le transcendant dans le quotidien.

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Illustration : Serge Helholc

 

Outre Ribalta, on dénote l'influence de deux de ses contemporains espagnols, Orrente et Zurbarán, à tel point que l’on a surnommé Espinosa le “Zurbarán valencien”.

L’un de ses fils, Jacinto, sera aussi peintre et finira les oeuvres de son père.

Neuf toiles d’Espinosa sont exposées au Prado et une salle lui est consacrée au musée de Bellas Artes de Valence.

 

Ignacio Pinazo Camarlench (1849-1916)

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Domingo de Ramos en la Plaza de la Virgen, Ignacio Pinazo Camarlench


Né à Valence en 1849 dans un milieu modeste, Ignacio Pinazo Camarlench est un peintre impressionniste contemporain de Joaquín Sorolla.

En 1864, il intègre l’Ecole de las Bellas Artes de San Carlos à Valence tout en travaillant à côté comme chapelier. Il commence à connaître une certaine popularité à Barcelone et, en 1871, son travail est exposé pour la première fois à l’exposition nationale de las Bellas Artes.

En 1876, il obtient une bourse pour aller étudier à Rome et se prend de passion pour la peinture des Macchiaioli (mouvement initiateur de la peinture moderne en Italie).

Il peint le grand tableau historique Últimos momentos del rey Jaime el conquistador en el acto de entregar su espada a su hijo don Pedro considéré comme une oeuvre majeure et qui lui vaut le deuxième prix de l’exposition nationale de las Bellas artes de 1881.

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Illustration : Serge Helholc

 

La même année, il rentre définitivement à Valence où sa notoriété croît considérablement. Il remporte de nombreux prix dont le premier prix de l’Exposition nationale de las Bellas Artes de 1899 pour son tableau La lección de memoria qui représente son fils en train de lire.

Son approche artistique évolue et délaisse de plus en plus les thèmes historiques au profit d’une peinture plus intimiste mettant en avant des scènes de la vie quotidienne, des portraits de famille, ou encore des nues.

La vélocité et la puissance du trait, ses coups rapides de pinceaux, sa palette de couleurs éclatantes le placent à bon droit parmi les figures de proue de l'impressionnisme espagnol. Tant dans le style que dans le choix des sujets il est le devancier de Joaquín Sorolla ou Francisco Domingo Marqués avec lesquels il forme la “grande trilogie” des peintres valenciens fin XIXème-début XXème siècle.

 

José Benlliure y Gil (1855-1937)

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El jardí de l'autor, Josep Benlliure Gil


Il naît à Valence en 1855 dans une famille d’artistes (son frère est le sculpteur Mariano Benlliure) et commence ses études à quatorze ans dans l'École de las Bellas Artes de San Carlos de Valence. Sa formation se poursuit dans l’atelier du grand peintre valencien Francisco Domingo où il se fait vite remarquer pour son talent pictural.

La notoriété grandissante de Benlliure lui permet de rencontrer le roi d’Espagne Amédée Ier. Celui-ci, qui apprécie son oeuvre, lui ouvre les portes des salons de la noblesse espagnole à Madrid et Benlliure réalise ainsi une série de portraits des jeunes princes, ducs et comtes de la famille royale.

En 1879, Il part pour Rome où il se consacre à la peinture de genre, très prisée alors, mettant ainsi en scène des moments de la vie quotidienne ou familiale. Sa peinture se vend bien et lui assure un train de vie confortable. En 1888, il remporte la médaille d’argent à l’exposition de Vienne et la médaille d’or à Munich.

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Illustration : Serge Helholc

 

La décennie 1890-1900 consacre son succès commercial et sa reconnaissance artistique. Benlliure occupe le poste de Directeur de l’Académie espagnole à Rome de 1903 à 1912.

Après près de trente années passées en Italie, il rentre à Valence et devient le directeur du musée de Las Bellas Artes. Il cultive le costumbrismo qui s’attache à faire de l’art un reflet des coutumes, folklores et usages sociaux d’un lieu. Dès lors, il devient le diariste de son temps dans la région valencienne, et sa peinture, même si elle laisse une part à la libre interprétation du peintre, constitue un précieux témoignage de la Valence début de siècle.

 

José Amérigo Salazar (1915-1988)

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El retrato de la huerta (1964), José Amérigo Salazar, photo : Serge Helholc


Après une formation à l’Ecole de las Bellas Artes de San Carlos à Valence (il y enseignera à partir de 1972 les paysages et la couleur), Amérigo travaille en tant que peintre, muraliste, affichiste et graphiste.

En 1950, il prend part à la formation du groupe éphémère “Los introspectistas” qui inaugure le salon de Arte et peint les paysages de l’intérieur valencien, ses villages blancs et ses côtes, où ressort son goût prononcé pour la lumière méditerranéenne.

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Illustration : Serge Helholc

 

Influencée par Cézanne, on peut inclure sa peinture dans le courant post-impressionniste. Avec son approche géométrique de l’image et ses harmonies chromatiques, la peinture d'Amérigo capte les ambiances méditerranéennes et tend à une épure formelle dans le traitement de l’espace.

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Palette du groupe d'Amérigo, photo : Serge Helholc

 

Tous nos remerciements à l'artiste Serge Helholc pour ses superbes illustrations.

 

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